Christophe Casanova, serial entrepreneur

« La valeur n’attend point le nombre des années. » Cet adage de Corneille peut aisément s’appliquer à Christophe Casanova. Ce fringant chef d’entreprise crée sa première structure, dès l’âge de 20 ans. Aujourd’hui à la tête de cinq sociétés, l’ambition n’est pas le seul moteur du jeune Cortenais. Il partage la volonté de créer de l’emploi en Corse, à celle de développer l’activité économique sur son territoire. À la fois perfectionniste, boulimique de travail et créatif, il témoigne en toute sincérité.

Par Anne-catherine Mendez

Comment avez-vous débuté ?

Mon père a fondé un garage automobile à Corte, il a pris sa retraite, j’avais 14 ans. C’est peut-être de là qu’est né mon goût de l’entreprise. Après mon bac, j’ai fait une année à l’université et très vite, en 2006, j’ai eu envie de monter ma propre entreprise. En relation avec le monde de l’automobile, dans lequel j’ai baigné toute mon enfance, j’ai créé le premier centre-auto multiservices de Corte. Mon père m’a aidé financièrement car au départ je n’avais aucune ressource. J’ai sillonné pendant six mois la France du nord au sud pour m’imprégner de ce qui se faisait de mieux dans ce domaine d’activité. Dès que j’arrivais sur le parking d’un nouveau centre comme un client lambda, je scrutais tous les détails, l’accueil, la propreté, la disponibilité du personnel.

J’ai travaillé d’arrache-pied pendant six ans, j’ai démarré avec deux salariés, aujourd’hui ils sont vingt. Ce fut une période usante aussi bien moralement que physiquement. Vous avez 30 clients par jour, ce sont 30 problèmes à régler. L’entreprise a atteint très vite sa capacité de développement. J’avais besoin d’un nouveau challenge.

En 2012, je crée, toujours à Corte, la société EUROMAT, suite à la faillite d’une société de location de matériel et de véhicules utilitaires pour les travaux publics et le bâtiment. Je démarre avec zéro client, zéro marché. Il a fallu près d’un an pour pouvoir lancer l’activité, puis tout est allé très vite avec des clients qui viennent de toute la Corse.

J’ai su très vite que je devais pour pouvoir me développer m’installer dans d’autres microrégions. En 2015, je reprends les locaux d’une société sur Ghisonaccia, en 2017 ce sera Bastia et enfin cette année, je m’installe à Calvi.

 

Pensez-vous avoir eu de la chance ou est-ce le fruit d’une croissance raisonnée ?

C’est la combinaison des deux. La seule chose qu’on n’enlèvera pas à un jeune dirigeant, c’est d’avoir entrepris. On peut vous reprocher d’avoir pris une mauvaise décision, mais jamais d’avoir agi. Un jeune entrepreneur se caractérise par sa propension à oser, un mode de pensée qui empêche d’être enfermé dans les carcans qu’on observe souvent dans la vie professionnelle. Pour ma part, je suis très sensible aux rencontres, aux personnes qui comme moi veulent entreprendre mais n’en ont pas toujours les moyens. Je peux prendre à mon compte les risques de la création et les emporter avec moi dans l’aventure, c’est ce qui s’est passé par exemple, dans la création des agences de Bastia et de Calvi.

 

Où puisez-vous votre motivation ?

Comme tout chef d’entreprise qui se respecte, je cherche bien entendu à faire prospérer financièrement mes entreprises, mais au-delà de cet aspect, je suis motivé par la notion de partage, d’entreprendre, de créer des emplois et de trouver des solutions aux problématiques que rencontrent mes clients. Il y a des matins, j’ai envie de tout vendre, et puis j’arrive au bureau, je retrouve mon équipe et je reprends le rythme. Créer, développer, puis vendre, pour moi c’est cela la réussite.

 

Est-ce que la localisation en Corse est un handicap ?

Oui et non. Oui car nous sommes sur un marché restreint au regard du nombre de clients potentiels, non parce que dans mon domaine d’activité, c’est un marché en pleine expansion. Les entreprises, face aux incertitudes de la commande publique, investissent de moins en moins dans l’achat d’engins de chantier par exemple. La location, même auprès des grands groupes, se développe de façon exponentielle. D’autre part, nous sommes sur une île et les délais de fabrication ou de livraison de certaines machines sont très longs, j’ai donc développé, il y a peu, face à la demande, une activité liée à la gestion des déchets auprès des communautés de communes. Quand on est jeune, on peut se permettre de lancer des projets au bout de quinze ans de carrière. Même si on approche seulement la trentaine. (rire)

 

Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui souhaiteraient se lancer dans l’entreprenariat ?

Il faut beaucoup de courage, il ne faut pas avoir peur, il faut avoir des convictions, se donner les moyens. Il faut aussi y croire et faire ce qu’on aime.

 

Vous êtes-vous trompé quelques fois ?

J’ai eu quelques déceptions surtout vis-à-vis de personnes en qui j’avais confiance. J’ai refusé également de participer au consortium de Corsica Linea, je n’y croyais pas, c’était une erreur.

 

Êtes-vous fier d’avoir perpétué la tradition familiale ?

Oui bien sûr, je suis fier quand mon fils de quatre ans reconnaît le nom de l’entreprise sur des véhicules (sourire). Mon grand-père avait créé une des premières stations-service à Corte. Il y a quatre ans, après une gérance de plusieurs années, pour ne pas la voir fermer, je l’ai reprise. J’ai voulu lui rendre hommage. Mon père m’aide encore beaucoup, il voit toujours ce qui ne va pas, il m’aide à progresser. Finalement, l’entreprise c’est aussi un lien familial, sentimental.

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