Pierre Alessandrini : Per u cumunu

Il fait partie des hommes de l’ombre, au service d’un élu, d’une collectivité publique. Une courroie de transmission entre le désir et le possible. Aujourd’hui, il fait cavalier seul, mais toujours au service de ces femmes ou de ces hommes qu’il connaît bien. Il connaît leur investissement, la passion qui les anime au service du bien commun. Il sait aussi combien il leur est de plus en plus difficile de remplir leur mission dans un environnement budgétaire toujours plus contraint, des complexités et lenteurs administratives croissantes, une instabilité législative et règlementaire, une exigence de communication et de concertation accrues. Il crée Alessandrini Conseil, afin de proposer à ces élus de proximité, maillons forts de notre démocratie, ainsi qu’à leurs collaborateurs, son expertise. Une mission au service du développement de nos territoires et de l’efficacité de la dépense publique dont il nous fait partager l’engagement. 

Par Anne-Catherine Mendez

Quel est votre parcours ?

J’ai toujours été passionné d’histoire. Je me suis donc dirigé dans le cadre de mes études supérieures, vers l’histoire moderne des mondes, jusqu’au doctorat que je n’ai pas soutenu d’ailleurs. Pendant cette période, j’ai été président de l’association des doctorants à l’Université de Corse avec comme préoccupation personnelle, l’insertion professionnelle des étudiants. L’histoire et la complexité de nos sociétés m’ont porté tout naturellement vers l’économie. En 2013, j’intègre l’Agence de Développement Économique de la Corse comme chargé d’affaires puis comme conseiller du président. En mars 2016, je deviens directeur de cabinet du maire de Porto-Vecchio, Georges Mela. Cette expérience a duré 5 ans. 

C’est un job qui permet de se mobiliser sur tous les fronts, qui touche à tous les sujets de la gestion d’une commune et particulièrement le quotidien de ses habitants. C’est une fonction très formatrice, qui m’a beaucoup appris. Elle permet de représenter les élus au sein de l’administration, de donner la pleine mesure de leur ambition mais le rôle d’un directeur de cabinet est également de donner aux services administratifs les moyens de gestion nécessaires. Aujourd’hui, administrer une collectivité telle qu’une mairie, demande une technicité et une ingénierie complexes.

Comment est né le projet que vous menez aujourd’hui ? 

En 2020, quand Georges Mela quitte la mairie de Porto-Vecchio, nécessairement je ne suis pas renouvelé dans mes fonctions. C’est le jeu électoral. Après quelques semaines de repos, j’ai décidé de mettre en œuvre un projet qui me trottait dans la tête depuis quelques mois. Je voulais m’investir dans une mission au service de la communauté, des élus mais de façon un peu différente. Mon entreprise et la lettre d’information Per U Cumunu sont nées du constat qu’un élu local en 2021 doit faire face à des problématiques toujours plus complexes, dans un climat chaque jour moins serein, le tout en composant avec des règles et des lois toujours plus contraignantes. Nous avons donc créé avec des partenaires et experts qui m’entourent un document mensuel, qui rassemble les informations dont les élus ont besoin, les opportunités qui se présentent à eux et que nous proposons de mettre en œuvre à leurs côtés. 

Est-ce complexe aujourd’hui d’administrer une commune ?

Pour assumer ce que beaucoup désignent comme un sacerdoce, nos élus peuvent compter sur un nombre toujours croissant d’initiatives. Elles émanent de l’Europe, de l’État, de la Collectivité de Corse ou de leurs satellites. Elles se déclinent en plans, règlement, programmes, appels à projets ou à manifestation, et élargissent le champ des possibles de nos élus… à condition qu’ils les connaissent, qu’ils les maîtrisent et puissent les mobiliser quand cela est nécessaire. Aujourd’hui, ces informations sont disponibles mais très dispersées, elles constituent une forêt de contenus dans laquelle les élus ont tôt fait de se perdre. Ce n’est pas l’absence d’informations qui menace, mais au contraire le trop-plein. 

C’est sur la base de ce constat que nous avons développé Per u Cumunu, notre lettre d’information spécialisée à destination des collectivités de notre île. 

Que retrouve-t-on dans cette lettre d’information ?

Tous les mois, nous pouvons y retrouver des dossiers de fonds, une veille législative et réglementaire et des informations dans des domaines aussi variés que l’urbanisme, l’eau et l’assainissement, les finances, la communication, le logement, l’économie et le tourisme, les affaires scolaires, la culture, les équipements sportifs etc. Nous éditons également des appels à projets qui viennent enrichir les opportunités qui se présentent. Je ne veux pas concurrencer les institutions déjà en place, mais je veux favoriser la transmission de l’information et de conseil. Associer des compétences pour répondre à certaines problématiques. 

Quel est votre regard sur la Corse aujourd’hui ?

La Corse à mon sens n’a jamais eu autant de moyens et nous ne manquons pas de volonté. La polémique se concentre toujours sur des sujets sur lesquels les attentes sont très fortes, mais ne parle pas de ceux qui avancent. Nous avons un territoire béni des dieux. Aujourd’hui, de réelles mutations se font jour, nous devons les affronter, les surmonter. Nous devons aborder ce nouveau monde en paix avec nous-même, réconcilié avec notre originalité. Pour y arriver, il faut relever les manches ! Je ne me résigne pas comme certains au fatalisme, il ne faut pas se résigner ! Et ne pas esquiver la réalité. 

Avec-vous des regrets ?

Si je dois exprimer un regret, il est professionnel : ne pas être devenu avocat, j’ai fait d’autres choix. Aujourd’hui, nous sommes dans une société envahie de procureurs y compris sur les réseaux sociaux, mais à mon goût pas assez d’avocats. Ils sont les garants d’une valeur qui m’est chère, la liberté. 

Votre fierté ?

Ma fierté, elle est plus personnelle, c’est ma petite fille qui à 5 ans et qui me surprend tous les jours. 

Votre devise ?

Ma devise est plutôt une maxime philosophique d’un auteur controversé, académicien, Charles Maurras, mais dont le rapport à la liberté m’intéresse : « On est plus libre à proportion qu’on est meilleur. »

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