L’e-scooter : un marché électrisant

Économique et écologique, le scooter électrique représente aujourd’hui une véritable alternative aux deux-roues thermiques pour assurer les déplacements urbains. Une tendance lourde confirmée par Franck Velardi du magasin Le Vélo Moteur à Ajaccio, précurseur de l’e-scooter sur le marché insulaire.

Par Caroline Ettori

Lorsqu’il y a déjà 10 ans, Franck Velardi décide de se lancer dans les véhicules électriques, les voyants ne sont pas tous au vert. Bien au contraire. La Corse n’est pas encore prête à abandonner le thermique, et son père, professionnel du secteur depuis alors 40 ans ne semble pas convaincu par ces scooters nouvelle génération. Pourtant, le jeune homme persiste. « Mon expérience professionnelle en Belgique m’a donné un aperçu des possibilités et du potentiel des véhicules électriques, vélos et scooters », note Franck Velardi.

Une stratégie gagnante. L’année dernière, 40 scooters électriques ont trouvé preneurs dans la cité impériale et depuis janvier, les ventes d’« électriques » sont passées devant les « thermiques ». « NIU, la marque chinoise que nous distribuons a multiplié ses ventes par 100 par rapport à l’année dernière. Du jamais-vu sur le marché de la moto. Et nous sommes l’une des régions les plus dynamiques ! Seul Paris a fait mieux que nous. Il faut dire que la mairie offre une grosse prime pour l’achat d’un véhicule électrique. Avec l’aide de l’État, la réduction peut atteindre jusqu’à 50% du prix de vente. En Corse, l’aide peut aller jusqu’à 20% du prix. Ces scooters, 50 et 125 cm3, sont désormais accessibles au même tarif que les scooters à essence, entre 2 000 et 4 000 euros en moyenne hors prime », précise Franck. Voilà pour l’argument économique. Décisif selon ce passionné de deux-roues passé à l’électrique il y a maintenant quatre ans. « Avec l’électrique, vous économisez de l’argent en à peine quelques mois sur l’entretien et le carburant. Le « plein » pour les scooters électriques revient à recharger deux téléphones portables, une fois par semaine, pour une autonomie de 100 à 160 km. Pour la Corse où les déplacements urbains moyens se situent à 30 km par jour, c’est idéal. » Une véritable révolution pour le vendeur. « Le constructeur développe son produit depuis 10 ans. Les ingénieurs ont réalisé une véritable avancée l’année dernière en mettant au point une batterie de tout juste 7 kilos, amovible, qu’on peut charger sur n’importe quelle prise électrique 220 volts en seulement 2 heures. » Avis aux étourdis, comme pour les téléphones portables, l’idée n’est pas d’attendre que la batterie se décharge totalement avant de la brancher au secteur.

Arrêt minute au stand

Autre avantage : l’entretien. Pas d’huile, ni d’essence bien sûr mais une machine bien plus simple à appréhender. « Un scooter à essence compte 180 pièces en moyenne. L’électrique, lui, rassemble 28 pièces et offre ainsi une plus grande fiabilité. De fait, il y a moins de problèmes et de pannes possibles. De plus, le scooter électrique peut partir 10 minutes après réception alors que l’essence demandera plus de temps. Il faudra monter les pneus et d’autres pièces. Enfin, plus petit et plus léger de 100 kilos, le client paiera moins de frais de port pour un véhicule électrique. » Le discours peut surprendre quand on sait que Le Vélo Moteur abrite également un atelier de mécanique. « Il n’est pas question de scier la branche sur laquelle nous sommes assis. L’électrique nous permet de gagner du temps que nous pouvons consacrer à d’autres choses. Mon père peut vous le confirmer. Nous passons énormément de temps sur le thermique, pour sa préparation, détecter une panne éventuelle. En se tournant vers l’e-scooter, nous avons réorganisé les tâches. Une personne est d’ailleurs passée de l’atelier au magasin pour renforcer l’équipe commerciale. »

Par ailleurs, les accros à la performance peuvent également trouver leur compte avec les scooters électriques. « Contrairement aux idées reçues, de A à Z, qu’il s’agisse du démarrage, en montée, en reprise ou en rallonge, les pilotes sont bluffés. À titre d’exemple, un 125 cm3 équivaut à un 300 cm3 thermique, soit le double de puissance tout en respectant bien sûr les limites fixées par la loi. » Pour rappel : 50 km/h pour les 50 cm3 qui sont accessibles sans permis au plus de 18 ans et 130 km/h pour les 125 cm3, et dans ce cas, c’est permis obligatoire.

E-scooter comme Écolo ?

Quid de la conscience écologique des motards, l’électrique s’inscrivant dans un mode de consommation vertueux. Pour Franck Velardi, l’argument écoresponsable est certes important mais il n’est pas le principal déclencheur de l’acte d’achat. « Bien sûr, il n’y a plus aucune pollution sonore. Je peux vous dire que les gens et plus particulièrement les piétons et promeneurs apprécient particulièrement cet aspect. En tant que pilote, ce silence nous permet d’être très concentrés sur notre conduite. Nous faisons beaucoup plus attention, à l’affût des éléments extérieurs susceptibles de nous troubler. Et c’est un pilote qui adorait les motos qui font du bruit qui l’affirme ! Je ne pourrais plus repasser au thermique et je ne suis pas le seul dans ce cas. Toutefois, nous ne sommes pas à 100% écolo dans la mesure où il faut produire de l’électricité pour alimenter les véhicules. Or, cette production n’est pas vraiment verte. Je reste persuadé que le porte-monnaie et la sécurité pèsent plus lourds dans le choix des clients. J’ai parlé de l’entretien mais il y a également l’assurance, deux fois voire trois fois moins chère que pour les véhicules thermiques. Et l’équipement des scooters de balise GPS qui indique la position de la moto en temps réel grâce à une application disponible sur son téléphone. C’est vraiment rassurant. »

Ainsi les personnes âgées de 40-60 ans, principaux clients de Franck Velardi, semblent avoir adopté la tendance. « Nous avons aussi de plus en plus de demandes de la part de professionnels qui sont séduits par ces véhicules pratiques, légers et traçables. Là, où il y a encore 1 an ou 2, je devais convaincre d’essayer une machine, les personnes sont désormais mieux informées et savent ce qu’elles veulent. » Pour une fois, l’élan ne vient pas des plus jeunes qui ont encore du mal à enfourcher l’électrique. « Je suis persuadé que la nouvelle génération roulera exclusivement en électrique. Elle aura grandi avec. C’est certain, c’est simplement une question d’habitude et de temps. »

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