Parti pris – Janvier 2015

Parti  Pris

Année politique, année catastrophique

 

Par Vincent de Bernardi

 

2014 a été une année assez exceptionnelle, marquée par trois scrutins de crise. Ils  confirment le modèle théorisé par Jean-Luc Parodi montrant que les élections intermédiaires se soldent par une défaite  de la majorité soutenant le pouvoir en place.  

 

Ces sanctions ont été accentuées par un phénomène particulièrement net de nationalisations des enjeux et par un effondrement inédit de la confiance accordée par les Français au Gouvernement et plus largement aux partis dits de gouvernement

A mi-mandat, le président de la République n’est plus soutenu que par un Français sur 8. Jamais une telle désaffection à l’égard d’un président en exercice n’avait été enregistrée.

 

2014 a été une année catastrophique pour la classe politique. A tel point que les Français ont pu en avoir la nausée.  Démissions en chaîne au sein de l’exécutif, affaires de financements occultes,  les Français ont été copieusement servis.

En ont-ils gardé un dégoût ? Quelles répercussions ces évènements ont-ils eu sur leur comportement à l’égard de la politique ? Comment se positionnent-ils désormais sur l’échelle politique ? Où vont leurs préférences ? Qu’attendent-ils des hommes ou des femmes politiques ? Quels sont leurs  préoccupations et leurs attentes ?

 

Pour faire le point, le Centre d’études de la vie politique française et TNS Sofres publient leurs baromètres des dynamiques électorales et des priorités politiques. Ces enquêtes réalisées en deux vagues (juin et octobre) font apparaître plusieurs tendances marquantes.

 

Mutation de l’électorat

D’abord,  le positionnement des Français sur l’échelle politique se contracte. Trois formations politiques font désormais jeu quasi égal.  La proportion d’enquêtés se déclarant proche de l’UMP (17%) est comparable à celle du FN (16%) et légèrement supérieure à celle du PS (14%) tandis que 29% des enquêtés se déclarent proches d’aucun parti.

Signe de l’ancrage croissant du Front national dans le paysage, un quart de l’électorat indique une « forte probabilité » de voter pour les candidats du Front national et 29% estiment que Marine Le Pen a des idées proches des leurs. Ainsi, le Front National comme sa présidente renforcent leur proximité avec les Français. Parmi les traits d’image testés, Marine Le Pen apparaît pour 40% des enquêtés comme celle qui comprend « les problèmes des gens comme nous », devant Nicolas Sarkozy (24%), Manuel Valls (20%) et François Hollande (13%).  Elle est par ailleurs créditée d’une volonté de « faire vraiment changer les choses », loin devant ses concurrents puisque 57% des sondés lui reconnaissent cette capacité contre seulement 41% pour M. Valls, 39% pour N. Sarkozy, 33% pour A. Juppé, et 21% pour F. Hollande.

 

On assiste ici à une évolution assez nette des opinions à l’égard du parti d’extrême droite qui profite d’un effondrement de la gauche dont l’incompétence suscite une inquiétude grandissante.  Aujourd’hui, c’est François Hollande qui inquiète le plus (76%) devant Marine Le Pen  (54%) et Nicolas Sarkozy (50%). La présidente du FN entre petit à petit dans une phase de normalisation de son image même si sa crédibilité présidentielle reste faible (27%).

 

Hollande dévisse, Sarko à la peine

A l’inverse, François Hollande dévisse et voit son image se dégrader dans toutes les dimensions. Seulement 12% des enquêtés lui reconnaissent l’étoffe d’un président.Après deux ans et demi d’exercice du pouvoir, il  ne recueille plus aucune attitude positive à son égard y compris dans son propre camp. C’est une structure « anormale » sinon inédite de l’opinion qui se dessine désormais, rendant tout rebond improbable.

Autre enseignement intéressant, à droite, le match entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy promet d’être tendu. Fraichement élu président de l’UMP, Nicolas Sarkozy conserve dans l’opinion les qualités d’un homme d’Etat, capable de défendre la France à l’étranger. Pour autant, il a apparaît moins sympathique et plus inquiétant qu’Alain Juppé dont le profil séduit la droite et le centre.  Nicolas Sarkozy est pris en étau entre Marine Le Pen qui rassemble une partie de la droite de la droite et Alain Juppé qui capte une fraction importante du centre droit.

 

Légitimes préoccupations

Au-delà des acteurs, les enquêtes renseignent également sur les priorités politiques des Français. Dans un contexte de crise persistante où le chômage continue d’augmenter et les déficits de se creuser, les préoccupations sont sans surprise d’ordre économiques et sociales.  Toutefois, les Français citent spontanément la gouvernance et le système politique comme sujets de préoccupations majeurs, résultat des dérives et des disfonctionnements observés récemment.

Dans un pessimisme dominant, ils souhaitent majoritairement un changement de politique  en matière de fiscalité et d’emploi. Par ailleurs, la perception d’un accroissement de l’immigration au cours des derniers mois,  s’accompagne du souhait largement exprimé (70%) d’une politique migratoire plus restrictive, dépassant les clivages politiques habituels.

L’année 2015 qui commence sera autant politique que celle qui vient de se terminer avec deux élections importantes. Les enseignements tirés de ces enquêtes nous donnent incontestablement des éléments d’anticipation et laissent percevoir quelques tendances.

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