Les prisons du djihad

EDITO

Par Jean Poletti

La multiplication de faits divers similaires s’inscrit au fronton du   fait de société. Les fous d’Allah qui sévissent dans les prisons sont le signe patent et le révélateur  d’une société désarmée devant une idéologie mortifère. Les deux surveillants poignardés à Condé-sur-Sarthe ne fait que nourrir la liste sans fin de ceux qui rêvent de remplacer la République par le califat. Voilà  la réalité. Elle est aveuglante. Mais dans les sphères étatiques, relayés par une frange de  l’intelligentsia, en refusent l’évidence. Dans un surprenant déni de réalité. La réaction de la garde des sceaux fut à cet égard une nouvelle fois   éloquente. Avec des mots policés, dans une tonalité  digne du Quai d’Orsay, elle annonça l’ouverture d’une enquête administrative. Sans évoquer les motivations qui guidèrent la main coupable. Elle s’engonça  dans la phraséologie déjà  utilisée au lendemain de l’exaction par un fondamentaliste à la maison d’arrêt de Borgo. Pis encore, d’emblée le terme de déséquilibré fut employé, sans doute dans un coupable souci de banalisation. Nous la connûmes plus  vaillante lorsqu’elle suggérait que Benalla ne devait pas répondre aux questions de la commission parlementaire.

Dans une sorte de consensus mou, un accord tacite semble bannir des réactions et commentaires les termes de religiosité sanglante et autre fondamentalisme. Terroriste ? Là aussi le qualificatif joue étrangement l’Arlésienne s’agissant de ces poignards de l’intégrisme. Pourtant, n’est-ce pas ainsi que sont souvent nommés, dans une globalisation outrancière  les gilets jaunes, dont seulement certains se montrent violents.  Pourquoi ici une sémantique édulcorée, et là exagérée sinon caricaturale ?  

Par quel curieux hasard, les visiteurs de détenus radicaux ne subissent aucune fouille sans leur consentement ?  Une permissivité  qui serait cocasse si elle n’était pas source de dangerosité accrue.  Nous ne sommes pas des émules du répressif. Ce n’est pas le style de la maison. Mais force est d’admettre que des supporters de football doivent se plier à des contrôles bien plus stricts en pénétrant dans les stades. En incidence,  nul n’a encore chassé de sa mémoire  la fouille au corps que subirent Gilles Siméoni et Jean-Guy Talamoni, lors d’un déplacement présidentiel. Ubu roi !  

Réfuter l’amalgame,  séparer le bon grain de l’ivraie prend rang en ces temps troublés d’objectif cardinal. L’absence de réponse claire et sans ambages face à l’islamisme, diffus ou conquérant, est sans doute l’une des cause qui fait le lit du populisme. Que l’Etat dénonce par ailleurs !  Nul besoin d’ouvrir des pistes nouvelles ou de faire assaut d’imagination philosophique. Il suffit tout simplement d’appliquer ce qui fonde notre Etat de droit : la laïcité.  Elle est d’une simplicité que l’on pourrait qualifier de biblique. La liberté de culte dans la sphère privé, la neutralité dans l’espace public. Cette distinction, fondée dans l’équité et le vivre ensemble, offrit  le siècle des lumières.  De la théorie  à la pratique, osons dire que cela eut par exemple permit d’éviter la vaine polémique dans l’affaire de la plage de Sisco. Ou  en incidence, l’épisode des Jardins de l’Empereur.

Nul besoin d’insister plus que de raison. La messe est dite pourrions-nous dire.  Dans une sorte de fatalisme confinant à la complicité tacite,  les adeptes de la fatwa  et autre charia avancent à  bas bruit, ponctuant leur prosélytisme d’attentats ou d’homicides.  Et pendant ce temps les gouvernants palabrent, tandis que le peuple devient adepte de marches commémoratives ponctuées de slogans tels « Je Suis Charlie » ou « Plus jamais ça »  Des réactions louables mais se brisant sur une idéologie extrême. Celle  qui place la religion et son bras armé le Djihad au-dessus de la loi des hommes.  Elle promet des vierges et du miel au paradis des martyrs.  Notre démocratie préfèrera  Aragon disant « Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas, tous deux  adoraient la belle prisonnière de soldats. »

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