Les jeunes pousses et les erreurs à éviter

La gestion de la startup ou de la création d’entreprise nécessite de la rigueur et de l’attention sur différents domaines de gestion. Généralement, le fondateur est aux antipodes du financier : il est focalisé sur la réussite entrepreneuriale du projet et sur la levée de fonds, ce qui peut entraîner quelques erreurs à éviter. Tour d’horizon !

Sébastien Ristori est analyste financier, professeur de finance à l’Université de Corse. Il est directeur du groupe Barnes Corse et auteur aux Éditions Ellipses.

Les startups sont des entreprises en phase de démarrage qui cherchent à développer des produits ou des services innovants. Elles ont généralement besoin de financements importants pour financer leur croissance rapide, ainsi que pour couvrir les coûts de développement, de marketing et de distribution. Cependant, en raison de leur statut de jeune entreprise, les startups sont souvent fragiles et vulnérables aux fluctuations du marché et aux imprévus. Pour réussir, le dirigeant doit être prudent dans ces décisions pour éviter les erreurs. Voici 4 exemples :

Négliger l’importance du business plan pour les investisseurs

Le business plan est le document clé de voûte sur lequel les investisseurs ont octroyé leur confiance à un entrepreneur. Ce business plan explique le modèle économique de création de valeur aux clients, la diffusion de cette valeur aux parties prenantes et la captation de cette valeur pour l’entreprise et les actionnaires. Les investisseurs mesurent au fil du temps le degré de réalisation des résultats prévus dans le business plan pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la valorisation de la jeune pousse sur la base des projections mises à jour permet aux investisseurs de déterminer s’ils obtiendront d’ici la fin de leurs horizons investissements le taux de rendement qu’ils exigent. Cette analyse est nécessaire pour donner une valeur globale à l’ensemble des participations que le fonds détient dans le tissu économique : cela contribue d’abord à sa rémunération (obtenir les taux de rendement exigés dans les participations) et ensuite à sa notoriété, car pour obtenir des souscripteurs, mieux vaut tout de même être réputé pour la qualité de ses investissements dans les entreprises !

Ne pas créer un affectio societatis 

L’affectio societatis est le lien de confiance entre l’entrepreneur et les investisseurs. Ce lien est indispensable au bon fonctionnement du business : les investisseurs en capitaux propres détiennent des actions, ils sont donc propriétaires et attendent que l’entreprise soit gérée dans l’intérêt de tous les actionnaires, y compris les minoritaires. La confiance nécessite que les décisions soient rationnelles, que les priorités définies par le management soient discutées et acceptées par l’ensemble des actionnaires et que la gouvernance de la société soit transparente notamment avec un reporting fiable et régulier. Cet affectio societatis permet de garantir la santé financière et la croissance de l’entreprise. 

Des capitaux propres, des capitaux propres et encore des capitaux propres

Il est malheureusement courant de voir des fonds d’investisseurs privés expérimentés proposer un financement par dette obligataire aux startups. De même, certains banquiers peuvent être enjoués à l’idée de prêter à un entrepreneur talentueux. Bien que cela puisse conforter l’enthousiasme du porteur de projet, il faut refuser un financement par endettement ! Et pour cause, il est antinomique d’abonder une société naissante en trésorerie pour financer des investissements, attendre de celles-ci une croissance vertueuse et lui faire peser quasi immédiatement des remboursements périodiques et des paiements d’intérêts. Ces débours de flux de trésorerie mettent en péril la situation financière de l’entreprise qui a plutôt besoin de sa trésorerie pour couvrir son BFR et son développement que pour l’allouer au remboursement de la dette. Avec cette technique, les investisseurs sont tentés par limiter leur risque sur une partie du financement grâce à de la dette à taux fixe, parfois plus cessible que des actions à d’autres investisseurs en cas de semi-échec du projet. L’entrepreneur peut toujours accepter de la dette « sécurisée » de la banque publique d’investissement avec un report de remboursement ou des dettes de petits montants qui financent des actifs cessibles sur un marché secondaire… les risques des uns et des autres sont alors préservés.

Utiliser la trésorerie disponible sur des placements étrangers ou spéculatifs

Parfois, quelques jeunes startupers témoignent avec fierté des placements de trésorerie réussie sur les bons du Trésor américain ou tout autre placement spéculatif, parce que ces derniers génèrent des intérêts. Je ne rappellerai jamais assez que les fonds reçus n’ont qu’une vocation avant tout : financer des projets qui dégagent une rentabilité économique supérieure au taux de rendement exigé par la collectivité d’investisseurs sur le même actif. C’est l’unique façon de créer de la valeur. Investir en devise étrangère peut être soumis tôt ou tard au risque de change – ce qui est la plupart des cas probables entre l’euro et le dollar américain – tout comme au risque d’intérêt en cas d’accroissement de l’inflation par rapport au taux de rendement. Si la jeune startup a besoin de fonds, elle devra revendre avec une perte, et il faut souhaiter bonne chance aux jeunes dirigeants pour expliquer à leurs investisseurs que de la trésorerie s’est volatilisée dans de simples placements hasardeux. La création d’entreprise comporte suffisamment de risques, point la peine de s’en rajouter !

Pour que la startup puisse réussir, il est important de se concentrer sur son produit et son service, de comprendre les besoins du marché, d’être agile et de s’adapter rapidement aux changements, et de s’entourer de talents clés. En outre, il est important de ne pas avoir peur de prendre des risques et d’apprendre de ses échecs.

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