LE GRAND BAIN

LUCAS VALLICCIONI COMPÉTITEUR NÉ

Un sportif touche-à-tout à la réussite insolente. Lucas Valliccioni, 15 ans, un solide sens de l’humour et pas mal d’autodérision pourrait presque nous faire croire que le sport de haut niveau est une activité comme une autre pour adolescents en quête de sensations fortes. 

Par Caroline Ettori

Pourtant ce qu’on apprend très vite au sujet de cet élève de seconde au lycée Jeanne-d’Arc de Bastia est qu’il aime tout sauf la facilité. Ce qui lui plaît avant tout c’est la compétition, se dépasser, se mesurer aux autres, être là où on ne l’attend pas. Et pourquoi pas dans un bassin ? Plus précisément celui de la piscine municipale de la Carbonite. Lucas est âgé de 10 ans lorsqu’il accompagne sa cousine Savannah Guidini à un de ses entraînements de natation artistique. Le déclic est immédiat. Mais encore faut-il que Lucas apprenne à nager. Chose faite en un temps record. « La natation artistique m’a plu tout de suite. C’est un sport complet qui fait appel à d’autres disciplines comme la musculation, la gymnastique, l’acrobatie. L’ensemble du corps est sollicité. J’avais vraiment envie d’essayer. » Si le jeune garçon a été la première recrue masculine de l’Acqua Synchro Bastia, d’autres lui emboîtent le pas. 

Enflammer les bassins 

Nous sommes alors en 2017, année qui voit s’ouvrir les Championnats de France aux hommes. Rien de mieux pour motiver Lucas. « Cette même année, j’ai participé à ma première compétition, la “Finale des Jeunes”. J’ai pu nager avec ma cousine et une équipe de filles. Nous n’étions que deux garçons pour douze nageuses. Inoubliable ! » Puis, viendra le premier solo. Évidemment gagnant. En juillet 2018 à Bourg-en-Bresse, le nageur remporte le titre de Champion de France Avenirs avec « Allumer le feu » chorégraphié par sa coache Alexandra Mondoloni. Il aura fallu moins de 3 minutes à Lucas Valliccioni pour marquer l’histoire de ce sport. « J’ai ressenti une grande joie mais aussi une grande satisfaction. C’est le travail de plusieurs mois qui aboutit et qui, en même temps annonce le début d’une belle aventure. Cette victoire m’a donné envie d’avoir plus. »

Son vœu est exaucé. Après quelques semaines de vacances, les entraînements et les compétitions s’enchaînent comme les victoires, toujours en duo avec sa cousine Savannah. 

Dès 2021, les portes de l’équipe de France s’ouvrent pour l’athlète insulaire et avec elles, l’accès aux rencontres internationales. Pour l’occasion, Lucas change de partenaire. C’est Eva Lafontan originaire de Colomiers près de Toulouse qui l’accompagnera. L’alchimie opère et le duo se hisse sur le toit de l’Europe en décrochant la première place aux Championnats Jeunes en Croatie face aux Italiens et aux Anglais. « Nous avons nagé sur le thème des loups mais je dois admettre que ce n’était pas notre meilleure prestation. Heureusement, nous avions de l’avance grâce à l’épreuve technique », analyse Lucas. 

L’édition suivante organisée à Montceau-les-Mines consacrera définitivement l’insulaire comme étoile européenne. En solo cette fois, ainsi qu’en duo avec une nouvelle nageuse à ses côtés, Lou Thuillier. 

À peine remis de ses émotions, Lucas Valliccioni prend la direction de Paris et de l’Insep avec l’équipe de France pour préparer les Championnats du Monde qui se dérouleront quelques semaines plus tard à Charlotte en Caroline du Nord (États-Unis). 

Pour cette ultime compétition, Lucas est inscrit dans la catégorie solo, il ne pourra compter que sur lui-même. Dans le bassin, il nagera sur le thème d’Arsène Lupin, une inspiration de sa coache bastiaise. « Comme souvent, l’épreuve technique m’a permis de prendre de l’avance. Après avoir vu les autres compétiteurs, mon entraîneur Annabelle Piednoir était plutôt confiante mais je ne voulais pas m’emballer. » La fin du suspense arrivera quand même très vite. Enfin, juste après une erreur d’affichage. « Ça a été un véritable soulagement, une satisfaction aussi. Ce sont cinq années de travail qui ont été récompensées. J’étais très heureux et même encore aujourd’hui, je ne sais pas comment définir ce moment. J’ai tout de suite appelé mes parents et mon grand-père qui m’ont soutenu durant toute cette aventure. J’avais hâte de les retrouver parce qu’entre les entraînements, les championnats d’Europe et les États-Unis qui se sont succédé, cela faisait un mois que j’étais parti. »

La compétition ne s’arrête jamais

Depuis, Lucas a pu fêter son titre avec ses proches et n’a pas attendu très longtemps pour se fixer de nouveaux objectifs. Loin des bassins. Passé par le taekwondo, le ski, la plongée, il est également passionné de sport mécanique. Une histoire de famille en quelque sorte puisque depuis son plus jeune âge Lucas accompagne son père sur les routes, le pilote de rallye Marc Valliccioni. « On va essayer, j’adore la mécanique et plus particulièrement le championnat WRC disputé par les 20 meilleurs pilotes du monde. » La compétition encore et toujours. 

Désormais jeune retraité de natation artistique, Lucas n’en oublie pas pour autant les grandes leçons tirées de cette parenthèse unique. « Cela m’a appris énormément de choses. J’ai pris en maturité, je suis toujours pénible mais plus mûr ! J’ai vécu des expériences incroyables et ce n’était pas du tout le monde des bisounours. La concurrence était acharnée, il a fallu aussi apprendre à gérer la pression, l’éventualité de l’échec et malgré tout continuer. Ce n’était pas toujours facile. »

Plus tard, le jeune homme voudrait devenir pilote de ligne. Nul doute qu’il en aura toutes les qualités, le mental d’acier est déjà là.

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