LA CENSURE – AH ! LA CENSURE….

Humeur

Par Nathalie Coulon

« Écrire c’est lever toutes les censures », écrivait Jean Genet.

Et voilà qui est bien complexe.

Je n’irai jamais plus jamais à un concert de Cantat. Pourtant « Le vent nous portera » est, je pense, une de mes chansons préférées.

Mais, Cantat et sa photo de la une des Inrocks m’avait fait l’effet d’une flaque de vomi, c’était d’une indécence sans nom, cette volonté de vouloir dire le mec bien qu’il était. Ses propres potes ont toujours dit le pauvre type réellement qu’il campait. François Cluzet dans une interview n’avait d’ailleurs pas mâché ses mots, il avait eu cette force de lui cracher ses paroles : comment allait-il faire pour que son fils qu’il a eu avec Marie Trintignant n’ait plus peur de l’amour ?
La polémique enfle ces jours-ci avec l’accusation de viol d’une victime de Roman Polanski. J’aime les films de Polanski mais pas le mec. Je pense à l’affaire Sharon Tate et puis j’ai une sorte de compassion pour Polanski. Et pour ses victimes aussi, en même temps.

Donc, je m’en tiendrai aux œuvres. C’est comme pour Woody Allen. Ses films me passionnent, le personnage me débecte. Mais je vais voir des Woody Allen et Polanski tout en me disant que ces porcs-là me dégoûtent en tant qu’hommes ! Mais j’adore leur cinéma.

Ce qui me dérange le plus dans tout cela, dans ma part de féminité, c’est aussi le fait de nous imposer de penser comme les autres. On peut aussi penser par soi-même, penser sans juger. Aujourd’hui, le grand problème de la société dans laquelle nous pataugeons, c’est le jugement impitoyable sur tout et tout instantanément sans parfois aucune réflexion.
La culture n’est-elle pas recouverte d’une pellicule misogyne ? 

C’est important de pouvoir être confronté à des œuvres avec lesquelles nous ne sommes pas toujours d’accord pour s’en faire plus tard sa propre opinion. Pour préciser sa position, agrandir sa propre pensée, c’est un exercice de littérature aussi.

Quand on est lecteurs, spectateurs, on peut être aussi confrontés à des situations qui mettent mal à l’aise. 

Il est dangereux de mettre hors de son centre de vision tout ce avec quoi on ne serait pas d’accord. D’un point de vue féministe, le cinéma est une industrie purement virile, tout de même !
D’un point de vue du genre, on peut y réfléchir un bon moment.

JFK n’était-il pas un grand malade sexuel et pourtant un grand homme d’État ?
Quant aux écrits de Céline, cette prose divine pondue par un antisémite ignoble.

Un jour, un collègue m’a confié cette histoire à laquelle je repense souvent.

Il racontait que le docteur Josef Mengele, à l’initiative des expériences nazies faites sur les jumeaux, était un monstre et pourtant le soir cet homme quand il rentrait chez lui ôtait ses bottes de cuir de l’armée allemande. 

Savez-vous pourquoi ? Pour ne pas réveiller son petit canari qui dormait paisiblement dans sa cage…

Gauguin n’était pas lui-même un pédophile si l’on se réfère à des écrits et ses jeunes muses. À l’époque, les filles de quatorze ans étaient considérées comme des femmes ! 

Dans un passé pas si lointain, mon arrière-grand-mère a été mariée à seize ans à un homme de trente-sept ans. C’était à Conca-de-Porto-Vecchio pas dans le désert de Nubie. Elle eu le grand courage de le quitter d’ailleurs !
Vous me direz quel lien entre tout ça et Mémé.

Mémé Marie n’avait certes aucun talent artistique mais un art majeur celui de nous avoir transmis amour et sagesse et chaque jour qui passe sans elle, j’essaie à ma manière d’honorer sa personne en me souvenant de ses actes de grande humilité pour affronter une vie bien rude.

Vous aurez de quoi débattre lors de vos réveillons de fête, entre deux coupes de champagne, entre les prochaines municipales, Macron et tous les salopards maudits.

N’oubliez pas de gâter vos petits chéris.
Bon Natale a tutti
Pace è Salute
È serenità !

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