Gérald Chabanier

PASSIONE

I pappagalli in core

Basé sur la commune de San Nicolao di Moriani, Gérald Chabanier nourrit depuis sa plus tendre enfance une passion débordante pour la zoologie et en particulier pour l’ornithologie. Aujourd’hui, propriétaire d’un cheptel de 60 perroquets et perruches, ce père de famille de 55 ans nous ouvre les portes de son élevage. Rencontre…

Par Petru Altiani

Voilà un quart de siècle que Gérald Chabanier, originaire du Vaucluse, a décidé de se lancer dans l’élevage de perroquets.

« Je vis avec eux et les étudie. Certaines espèces que nous élevons sont ultra-protégées et font l’objet d’une surveillance particulière des services de l’État », explique celui qui est également un grand amateur de musique. « Les perroquets sont des êtres fascinants et dotés d’une intelligence extraordinaire avec un plumage aux couleurs incroyables », lance-t-il.

« Depuis la nuit des temps, les hommes sont attirés et intrigués par leur mode de vie, leur comportement social, leur faculté à la parole. Certains même, comme le Cacatoès noir appelé aussi Probosciger aterrimus, utilisent des ustensiles comme par exemple un morceau de bois qu’il tape sur un tronc d’arbre pour communiquer avec sa femelle ou son groupe social. Voilà pourquoi j’ai choisi de m’intéresser aux psittacidés. »

L’élevage de Gérald Chabanier représente aujourd’hui un cheptel d’environ 60 oiseaux logés dans plusieurs volières différentes. « Nous ne mélangeons pas les espèces entre elles dans une même volière, les rencontres inter-espèces se font toujours dans un espace neutre et sous surveillance. »

« Nous comptons 12 espèces différentes au sein de notre élevage, vous avez le secteur perroquets et le secteur perruches. »

Parmi les espèces de perroquets figurent des Gris du Gabon, Cacatoès rosalbin, Youyous du Sénégal, Amazones à front bleu, Aras nobles ou encore des Pyrrhuras molinae.

Gérald Chabanier élève donc également des perruches de Bourke, à collier, à croupion rouge, Callopsittes, Inséparables Fisher, Roseicollis et Personata.

Le Youyou acrobate

Lorsqu’on demande à ce passionné d’ornithologie quel a été son premier oiseau, il répond un perroquet, forcément ; un Youyou du Sénégal, aussi appelé Poicephalus senegalus.

« Il s’agit de mon espèce préférée avec celle du Gris du Gabon », souligne-t-il, dans un large sourire, intarissable sur le sujet. Dans son milieu naturel, le Youyou du Sénégal évolue soit en couple, soit au sein de groupes constitués de 10 à 20 oiseaux. En captivité, ce perroquet est extrêmement attachant. Il est amusant à observer, notamment lorsqu’il se met à effectuer des acrobaties. Très joueur, il ne demande qu’à être convenablement sociabilisé. »

Quant au Gris du Gabon, ce dernier est surtout connu pour ses talents de parleur. Il est non seulement capable de restituer fidèlement des paroles et des sons, mais il le fait en plus dans le bon contexte. »

Cacatoès parents indignes

Élever des perroquets est tout à fait captivant mais ce n’est toutefois pas une sinécure. « Je ne voudrais effrayer personne car ce n’est que du bonheur que de vivre avec des perroquets mais cela revêt quelques contraintes au quotidien et impose des petits changements dans notre mode de vie », confie Gérald Chabanier. Avec 60 perroquets, vous imaginez bien qu’il faut avoir un peu de temps libre pour s’en occuper, environ 1 heure par jour pour le nourrissage, 1 jour par semaine pour le nettoyage des volières et en ce qui concerne les réparations des volières c’est dès que nécessaire. ».

« S’il y a des bébés et que les parents ne s’en occupent pas ; c’est parfois le cas avec les Cacatoès, il faut prendre le relais, c’est-à-dire les nourrir, au début il faudra leur donner à manger toutes les deux heures puis progressivement toutes les trois-quatre heures, ainsi de suite, jusqu’au sevrage total du poussin, sevrage qui varie de 2 à 5 mois selon l’espèce. »

« D’un point de vue financier, les charges pour couvrir les besoins alimentaires ne sont pas trop lourdes. Elles sont accessibles, bien sûr si l’on a très peu d’oiseaux. Le coût d’achat varie en fonction de l’espèce choisie et de l’éleveur. »

Et d’ajouter : « Tous les élevages fonctionnent à peu près sur les mêmes bases, c’est juste le temps consacré quotidiennement à l’entretien et aux nourrissages qui change en fonction du nombre d’oiseaux détenus. Le matin, nous rendons visite à tous nos perroquets pour leur dire bonjour mais aussi pour voir si tout va bien, on en profite pour inspecter les volières et vérifier s’il n’y a rien de cassé afin de garantir une sécurité optimale à nos amis à plumes. »

Nous renouvelons l’eau et enlevons le reste des fruits et légumes non consommés. En fin d’après-midi, nous changeons ou complétons les rations alimentaires en fonction des besoins des espèces. Pourquoi en fin d’après- midi ? Car les oiseaux mangent très tôt le matin dès le lever du jour et un peu avant la tombée de la nuit. »

Les ailes de la passion

Gérald Chabanier a aussi à cœur de redonner une seconde chance aux perroquets abandonnés, handicapés ou maltraités.

« Nous en avons récupéré quelques-uns qui malgré leurs handicaps se sont bien adaptés et vivent dans de bonnes conditions. Par exemple, une Conure à joues vertes qui a eu le bec sectionné sans doute par un autre perroquet, nous devons lui broyer tous les aliments. Elle se porte très bien et ne semble pas être gênée par son handicap. Il est impossible de lui faire réaliser une prothèse car pas assez de matière pour la fixer… »

Pour les prises en charge, ce sont souvent les gens eux-mêmes qui face à ces problèmes ne savent pas comment faire et nous les amènent. Mais attention juste un petit rappel, nous ne sommes pas un refuge pour perroquets, mais bien un élevage. »

Un élevage qui ne poursuit cependant pas un objectif commercial, même si Gérald Chabanier est bien accrédité pour « vendre en toute légalité les jeunes issus de notre élevage ».

« Il est vrai que tous les jours nous avons des demandes, la plupart sont des Corses mais nous avons de plus en plus de demandes venant hors de l’île. C’est avant tout une passion et la vente des jeunes reste financièrement anecdotique. »

Selon Gérald Chabanier, « les perroquets s’acclimatent facilement à la Corse, où il ne fait pas grand froid, même si le perroquet préfère le soleil et la chaleur, on trouve des perroquets un peu partout dans le monde : au Canada, en Belgique, Allemagne et bien sûr dans le nord de la France ».

Pour adopter un perroquet, il est nécessaire de procéder à une demande auprès de la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP). « Cette demande devra se faire obligatoirement avant l’adoption et une fois seulement que vous aurez reçu l’accord de l’État. Cela concerne les espèces qui figurent à l’annexe 1 de la Convention de Washington et de l’Union européenne, ainsi que les espèces de Guyane, les autres espèces n’y figurant pas ne sont pas concernées », poursuit Gérald Chabanier.

Des projets becs et ongles

Pour exercer son activité d’élevage, l’intéressé est affilié au Club des éleveurs d’oiseaux exotiques (CDE).

« Nous sommes dans l’obligation de baguer nos oiseaux pour prouver la traçabilité à l’État en cas de contrôle ou de perte ou vol de l’oiseau. Pour les cessions d’oiseaux, le numéro de bague doit figurer sur le Cerfa de cession, et il n’y a que quelques clubs dont le CDE fait partie qui sont accrédités par l’État pour vendre les bagues. Le CDE nous apporte, d’autre part, des informations précises sur les différents textes de loi en vigueur, donne des conseils d’élevage, et fédère pas mal de membres qui peuvent échanger des conseils ou s’échanger ou vendre du matériel et des oiseaux. »

« Troisième avantage d’une affiliation au CDE, il y a pas mal d’experts qui peuvent intervenir en cas de besoin, experts en législation et en droit par exemple… »

Gérald Chabanier ne ménage pas son temps ni ses efforts pour faire vivre son élevage.

Avant d’adorer les « pappagalli », ce père de famille de 55 ans est un papa poule. Il a d’ores et déjà transmis sa passion à sa fille Sabrina qui élève, elle aussi, des perruches avec son compagnon. Ses deux fils aiment les animaux mais ne sont, en revanche, pas autant passionnés par l’ornithologie.

Partage et transmission ne sont pas de vains mots pour Gérald Chabanier. À cet égard, il a des projets plein la tête.

« Je suis tout d’abord en train de créer un site Internet présentant mon hobby et mon élevage », indique-t-il. J’aurai, de plus, prochainement la chance de présenter une émission hebdomadaire sur les ondes de Radio Voce Nustrale ; je remercie au passage Jacques Paoli et son équipe pour cette opportunité. Ce rendez-vous s’intitulera “Passione Animalis”.

Nous parlerons de perroquets mais aussi des Nac (Nouveaux animaux de compagnie, ndlr), beaucoup de personnes adoptent lapin, serpent, rat… et souhaitent avoir des renseignements et conseils, nous aurons des invités, médecins vétérinaires, comportementalistes et autres spécialistes sur la réglementation en vigueur. Les gens nous poseront des questions et nous y répondrons de manière simple et compréhensible. »

Série télé

« Nous travaillons par ailleurs sur une série de 8 émissions pour la télévision. Nous parlerons exclusivement de perroquets et de préservation des espèces. Nous devrions commencer les tournages d’ici la fin de l’année si tout va bien, la pandémie nous a énormément retardés. »

« Habitat Plumes », c’est ainsi que Gérald Chabanier a baptisé son activité qui l’a amené à se spécialiser, en outre, dans la fabrication de volières en alu.

Pas de doute, ses oiseaux lui donnent des ailes… Et il le leur rend bien !

Savoir +

Habitat Plumes – Gérald Chabanier – 06 87 83 93 93

www.facebook.com/HABITATPLUMES

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