Geoffroy Roux de Bézieux : La Corse a besoin d’un cap économique

Le président national du Medef était récemment en visite en corse. L’occasion d’échanger avec les patrons insulaires, de rencontrer « de jeunes créateurs de talent » mais aussi de prendre en compte les difficultés de recrutement auxquelles sont confrontées les entreprises locales

Propos recueillis par Véronique Emmanuelli

(FILES) In this file photo taken on April 3, 2018 French employers’ association Medef Vice president Geoffroy Roux de Bezieux poses during a photo session in Paris. Roux de Bezieux has been elected French employers’ association Medef new president with 55,8 % of the votes on July 3, 2018 in Paris. / AFP PHOTO / JOEL SAGET

Pour quelles raisons avez-vous choisi de participer à l’assemblée générale du Medef de Corse qui s’est tenue à Bastia le 13 juin dernier?
La rencontre avec les entrepreneurs corses est toujours un moment très enrichissant. J’étais déjà venu sur Ajaccio à l’invitation du MEDEF Corse, c’était donc logique de venir à Bastia cette fois ci. C’était aussi l’occasion de présenter l’actualité de notre mouvement, de sa réforme, la plus importante depuis 20 ans, pour plus de proximité, de démocratie et d’ouverture, mais aussi d’expliquer nos positions notamment celle sur la décentralisation qui, en Corse, prend tout son sens. Les études montrent que la croissance économique est plus forte là où la décentralisation est la plus avancée.
 

  • Vous avez également été au salon Creazione? Quel bilan tirez-vous de cette visite? Quel est l’intérêt d’une telle manifestation?
    C’est Charles Zuccarelli, président du Medef Corse qui avec l’office du Tourisme de Bastia m’a convié à la soirée inaugurale de ce festival. J’y ai vu un échantillon du dynamisme entrepreneurial insulaire. J’y ai rencontré des jeunes créateurs talentueux qui s’affranchissent des contraintes de l’insularité grâce au numérique. Cette génération d’entrepreneurs va faire bouger la Corse. Il y a un signe qui ne trompe pas. La création d’entreprises en Corse est plus forte que partout ailleurs.
     
  • Quel regard portez-vous sur l’entreprise corse?
    On a longtemps pensé que le développement économique dans une « île montagne » était un handicap. Insularité, marché réduit, faiblesse de l’emploi privé, accès limité aux financements, ces difficultés particulièrement marquées en Corse ne doivent pas occulter le potentiel qui existe dans cette île. L’attractivité du territoire, l’environnement sont des atouts indéniables. La Corse est aussi un laboratoire, propice aux expérimentations. Il n’en demeure pas moins que, comme ailleurs, les entreprises sont confrontées aux difficultés de recrutements. Trouver les bonnes compétences est l’enjeu majeur pour les entreprises. La Corse attire. C’est une bonne nouvelle. Elle doit aussi savoir retenir ses talents.
  • Selon une récente étude les surcoûts liés à l’insularité  représentent en moyenne 10,2% du chiffre d’affaires annuel de chaque structure. Quelles sont les mesures qui permettraient de compenser ce manque à gagner, selon vous ?
    La Corse a besoin d’un cap économique. Avant cela, il faut poser les bons diagnostics. L’étude y participe. Les surcoûts liés à l’insularité sont variés et trouvent leur origine dans le recrutement, les transports, le surstockage…. Incontestablement ils affectent la compétitivité des entreprises. Les réponses seront diverses mais elles doivent être partagées. Les chefs d’entreprises doivent être au centre de ces échanges. Une fiscalité adaptée est un levier mais elle doit être intégrée dans une réponse plus globale. Comme partout ailleurs, les entreprises Corses ont besoin d’un environnement stabilisé, ou les règles ne changent pas tous les quatre matins.

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