Entre ombre et lumière

Reconnu internationalement pour son approche innovante de l’art contemporain, Pierre-Paul Marchini est un artiste au parcours hors norme. Usant avec talent de la couleur, de la lumière et des contrastes pour exprimer émotions, ce maître de l’abstraction est aussi un artiste engagé, qui au travers du mouvement « NO ARTE » qu’il a créé en faveur de la démocratisation de l’art, souhaite le rendre accessible au plus grand nombre. Son histoire est celle d’une transformation exceptionnelle.

Par Karine Casalta

Pierre-Paul Marchini se définit comme un interprète qui trouve son inspiration dans le monde qui l’entoure. Sa peinture, intuitive, est une expression directe de ses émotions et de sa vision artistique. Avec un profond attachement à la Corse qui transparaît dans son travail. Devenu peintre sur le tard, la vie a pris des chemins inattendus pour révéler son talent et faire de lui aujourd’hui un artiste qui compte.

En effet, fils d’ouvrier, natif d’Ajaccio où il a passé toute son enfance dans le quartier du parc Berthault, il a grandi bien loin du monde de l’art. Ces centres d’intérêt sont alors plutôt la musique, qu’il pratique avec les copains, et le football, porté par le rêve de devenir professionnel. Il jouera ainsi pendant sa jeunesse à l’ACA (Athletic Club Ajaccien), puis au GFCA (Gazélec Ajaccio), avant d’intégrer par la suite l’USHA, renommé club corporatif de l’hôpital d’Ajaccio qu’il rejoint quand il y démarre sa carrière professionnelle au service comptabilité. 

Le coup de foudre artistique qui le révèle

Marié et avec des enfants, il mène somme toute une vie assez ordinaire jusqu’à l’âge de ses 40 ans où elle va alors prendre un tournant inattendu: il découvre alors, en feuilletant un magazine, le travail de William Turner. 

« La lumière, les contrastes, j’ai trouvé que c’était très très très différent de ce qui était proposé habituellement, j’ai trouvé ça très novateur et surtout ça me racontait une histoire ; il interprétait une situation plutôt que la retranscrire, ça m’a touché ! Car une peinture pour moi n’est pas quelque chose de figé, ce n’est pas une photo ! »

Touché par la peinture du célèbre artiste britannique, cette rencontre fortuite va éveiller son intérêt et sa passion pour cet art. Il commence ainsi à étudier intensément l’œuvre de Turner tout en décidant d’explorer sa propre créativité artistique en expérimentant la peinture à l’huile de manière autodidacte. « Je me suis dit alors : je vais essayer. J’ai acheté quelques magazines pour comprendre les bases, les lignes d’horizons, la perspective… puis je me suis lancé ! » Une première exposition, quelques mois plus tard à la galerie Arkane à Ajaccio, surprend son entourage et rencontre un succès qui l’encourage à continuer. Trouvant vite sa voie dans le travail à l’huile, il passera vite des pinceaux à la peinture au couteau qui avec des gestes plus amples lui offre, dit-il, une plus grande liberté pour s’exprimer et lui a permis de trouver son style. En lui permettant d’évoluer vers de plus grands formats, cette technique autorise plus de spontanéité et lui permet d’innover en expérimentant différents matériaux. Déjà, il joue avec le mouvement, les couleurs, les contrastes, pour créer des effets incomparables en laissant libre cours à son imagination. 

Reconnu maître de l’art abstrait

Il commence alors à montrer ses œuvres sur les réseaux sociaux. C’est là qu’en 2015, un historien d’art italien le repère et lui propose de participer à un concours international d’art contemporain, qui lui vaudra d’êtreretenu comme étant l’un des 50 nouveaux maîtres de l’art abstrait contemporain par une revue internationale dirigée par des professionnels en Italie. Tout va alors s’accélérer : amené à participer à de nombreux salons, il expose ses œuvres dans le monde entier, dans des galeries de renom à Paris, New York, Vienne, Miami, Venise, Florence, Palerme, et même au Louvre et sa carrière prend un nouvel élan. Le peintre se consacre désormais pleinement à son art. Sans jamais s’enfermer dans un atelier, pour rester, dit-il, imprégné du monde qui l’entoure, et se nourrir de la vie. « C’est ce qui fait que j’ai des histoires à raconter. » Il peint ainsi depuis chez lui, travaillant librement selon son inspiration, suivant un élan intérieur qui le pousse à s’exprimer sur la toile. Explorant les multiples facettes de l’abstraction, son œuvre picturale cherche à interpeller le spectateur en l’invitant à se connecter à ses propres émotions et états intérieurs. Ses toiles offrent une expérience contemplative et personnelle à chaque observateur et sont une invitation à plonger dans les profondeurs de l’âme. « Je peins librement autour de trois règles que je me suis appropriées : la couleur, la lumière et le contraste. Ma peinture est intuitive, elle est le reflet de mon interprétation, après chacun y voit des choses différentes, c’est d’ailleurs parfois incroyable ! »

Artiste rebelle

Au fil des années, ses talents artistiques ont été reconnus par des critiques d’art internationaux, et son travail maintes fois récompensé. Cependant l’artiste s’est lassé du « système » et des pratiques mercantiles de l’art contemporain. 

En 2020, dénonçant l’exploitation des artistes par le « monde de l’art », il a choisi d’en claquer la porte et fonde alors le concept « NO ARTE » visant à supprimer les intermédiaires pour proposer ses œuvres « cotés » à des prix d’atelier plus abordables. Et revenir par là même à plus de proximité avec son public et partager sa créativité avec le plus grand nombre. « Mon plus grand plaisir est de voir mes toiles accrochées chez les gens. »

Les réseaux sociaux sur lesquels le peintre expose désormais en direct lui offrent pour cela une visibilité considérable pour faire découvrir ses toiles. Ainsi son art continue d’inspirer et de captiver les spectateurs du monde entier.

Résolument singulier, il se nourrit toujours de ce parcours hors norme. Avec une devise dans ce domaine : « Garder une fenêtre ouverte sur l’imaginaire. »

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