ÉDUCATION: CHÈRES ÉTUDES

L’enseignement supérieur serait-il devenu UN LUXE ? Selon la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), étudier n’aura jamais coûté aussi cher qu’en
cette rentrée 2023. Dans un contexte ÉCONOMIQUE ET SOCIAL particulièrement TENDU, les étudiants insulaires ne sont certes pas épargnés par la crise mais peuvent bénéficier d’AIDES ADAPTÉES à leurs besoins.

Par Caroline Ettori

3 024 euros. Ce sera le coût moyen de cette rentrée pour un étudiant non boursier selon le baromètre annuel établi par la Fage publié en août dernier. Soit une hausse de 4,48% par rapport à 2022 (2 889 euros) essentiellement imputable à l’inflation selon Sylvie Retailleau. Sur l’antenne de France Inter, la ministre de l’Enseignement supérieur a d’ailleurs annoncé une réforme des bourses par anticipation. Un demi-milliard d’euros sera débloqué afin de financer une augmentation de ces aides allant de 37 à 127 euros. Une mesure qui précède la grande réforme structurelle du système des bourses très attendue par le monde étudiant et qui devrait intervenir au mois de septembre. 

Un effort donc de la part du gouvernement qui vient compléter le dispositif territorial mis en place en Corse par les acteurs de l’enseignement supérieur parmi lesquels la Collectivité de Corse. Conseillère exécutive en charge du large volet éducatif au sein de l’institution, Antonia Luciani revient sur le contexte économique à haut risque. « Il y aura forcément des répercussions sur les jeunes qui s’ajouteront à la précarité qu’ils peuvent vivre au quotidien. Quand on sait que les prix en Corse sont en moyenne plus élevés qu’ailleurs, l’accompagnement de ce public prend tout son sens. En outre depuis la crise du Covid nous sommes extrêmement sollicités et mobilisés pour soutenir au mieux les étudiants. » Tous les étudiants.

Des aides pour tous et pour chacun

Adopté par l’assemblée de Corse, le « Schéma d’aide à la réussite et à la vie étudiante, à la formation professionnelle et à l’apprentissage 2019-2023 » a pour objectif de garantir la poursuite des études quel que soit le niveau social du foyer. Depuis 2021, de nouvelles mesures sont venues étoffées le dispositif qui relève principalement de deux axes : la lutte contre la précarité étudiante. Antonia Luciani précise : « Ces aides sont destinées à financer la restauration, le logement ou encore le transport des étudiants pour que ces dépenses élémentaires ne soient pas des motifs de renoncement. »

Par ailleurs, le soutien à la mobilité est une autre priorité du Schéma que l’étudiant choisisse le continent ou l’international dans le cadre d’un stage ou de la poursuite de ses études académiques. « Même si nous y travaillons avec, entre autres l’université et le rectorat, toutes les formations ne sont pas encore dispensées en Corse. Certains étudiants continuent donc leur formation par nécessité ou par choix en dehors de l’île. Là encore, il n’est pas envisageable que des raisons financières restreignent les options pour ces jeunes gens ou freinent leur évolution. »

En seulement 4 ans, les demandes d’aide sont passées de 300 en 2019 à plus de 3 500 dossiers traités lors de la rentrée dernière. Il s’agit des demandes effectuées auprès de la CdC, soit 1 500 dossiers cumulés aux 2 000 étudiants boursiers suivis directement par le Crous. 

Parmi les différents dispositifs, les plus populaires sont l’aide à la rentrée scolaire destiné aux boursiers gérée par le Crous, l’accès au wifi, la gratuité des repas, deux programmes mis en place en 2022 et reconduits cette année, les dépenses de rentrée hors académie de Corse, l’aide aux grandes écoles et classes préparatoires, l’aide aux transports, les aides numériques pour l’achat de matériel informatique, l’aide aux élèves ou apprenants en situation de précarité. En tout, plus d’une trentaine de mesures sont disponibles pour les étudiants boursiers ou non-boursiers. « Nous portons une attention particulière aux étudiants issus de foyers dont les revenus sont à peine supérieurs aux critères d’attribution d’une bourse. Les salaires des parents ne sont pas mirobolants et la situation peut rapidement devenir compliquée. » La conseillère exécutive poursuit : « Si le nombre de dossiers augmente chaque année, trop d’étudiants ignorent encore qu’ils ont droit à ces aides. Des aides que nous adaptons en fonction de leurs besoins comme cela a été le cas après le Covid. Les remontées terrain sont ainsi essentielles. Les assistantes sociales de la CdC travaillent étroitement avec les différents pôles étudiants sur l’ensemble du territoire. Il y a bien sûr les retours de nos partenaires, Crous, rectorat, université…, des échanges réguliers avec les associations et syndicats étudiants, les missions locales. De plus, le dialogue engagé avec la jeunesse par ma collègue, la conseillère exécutive Lauda Guidicelli, participe à enrichir notre réflexion sur les actions à mener. »

Emprunt et job étudiants : attention danger

Des mesures qui peuvent faire la différence quand, selon l’Observatoire de la vie étudiante (OVE), quatre étudiants sur dix travaillent en plus de leurs études durant l’année universitaire. Pour la moitié d’entre eux, cette activité rémunérée leur est nécessaire pour vivre et financer leurs études. En revanche, pour deux tiers des étudiants, une activité rémunérée relève d’abord d’un choix : elle permet de gagner en indépendance par rapport aux parents. Le revers de la médaille étant que selon sa nature, son intensité et ses horaires, le job peut concurrencer fortement les études. Et mettre l’élève en situation d’échec. 

Autre ressource financière et autre source d’inégalité : l’emprunt bancaire « étudiant » ou « à la consommation » quand ce sont les parents qui assument le prêt. Selon l’Unef, un jeune sur dix est contraint de faire appel aux banques avec des taux qui ont explosé passant de 0,7% l’année dernière à plus de 2% suivant les établissements. Un levier qui là encore creuse les inégalités : de l’accès à l’emprunt aux capacités de remboursements. 

Bien consciente de ces différentes réalités, la conseillère Antonia Luciani dressera d’ici la fin de l’année le bilan du « Schéma » pour la période 2019-2023. « Nous avons créé un dispositif assez souple qui permet d’améliorer, d’adapter les mesures pour qu’elles collent au plus près des préoccupations étudiantes. » Un nouveau Schéma sera donc présenté en juillet prochain. 

Le message lui restera inchangé : « Tous les étudiants sont concernés quels que soient leur statut, boursier ou non, leurs ressources ou les ressources de leur famille, qu’ils souhaitent poursuivre leur formation en Corse ou ailleurs. »

Concrètement quelques pistes sont déjà à l’étude : « L’ensemble des acteurs s’accorde sur le fait que la Corse a besoin d’un observatoire territorial étudiant afin de collecter, partager et diffuser données et informations. C’est une base de travail indispensable afin d’améliorer notre offre de mesures. Justement, l’un des objectifs sera de rendre cette offre plus lisible sur les campus en renforçant, entre autres, la présence des services de la CdC sur le terrain. »

L’idée est de penser une action globale avec les différents partenaires économiques, sociaux et académiques, de créer des passerelles entre monde éducatif et monde du travail afin de faciliter l’insertion des jeunes diplômés. « Là encore, il faut sortir des canaux classiques pour les accompagner, du job étudiant au premier emploi en passant par le stage en entreprise. Divers salons sont prévus d’ici la fin de l’année pour permettre aux lycéens notamment de rencontrer des professionnels, d’affiner leur réflexion sur leur orientation. Nous pourrons compter sur nos partenaires comme l’Adec, Pôle Emploi, les CFA, les CCI, le rectorat pour optimiser cette étape décisive. »

Retrouvez toutes les aides disponibles sur le site internet de la Collectivité de Corse : www.isula.corsica/Schema-d-aide-a-la-reussite-a-la-vie-etudiante-a-la-formation-professionnelle-et-a-l-apprentissage-2019-2023_r88.html#

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