Des mots et des maux

Joseph Agostini

Portrait

Psychologue clinicien et auteur de nombreux ouvrages, Joseph Agostini explore depuis près de 25 ans sous l’angle thérapeutique, journalistique, ou artistique, l’inconscient sous toute les facettes. Avec « la traversée des mensonges », Il signe aujourd’hui un premier roman qui, sous couvert de chacun de ses membres de la famille corse qu’il met en scène, est prétexte à s’intéresser à  la complexité psychologique de l’île et de ses habitants.

Par Karine Casalta

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Attiré par le monde des médias, c’est en tant que journaliste et critique de théâtre que Joseph Agostini  débute sa carrière. Rêvant depuis l’enfance de travailler pour la radio et la télévision, il quitte la Corse en 1996 après son baccalauréat pour suivre à Paris des études de journalisme et communication à l’Institut Français de Presse. Alors en pleine période d’expansion d’internet, il est amené à collaborer dans un premier temps à la théatrothèque.com, un des premiers site web dédié au théâtre lancé par un ami au début des année 2000, qui rencontre très vite un franc succès et pour lequel il va signer plus de trois-cent chroniques théâtrales. Cette collaboration lui ouvre les portes de tous les théâtres, lui permettant de faire d’innombrables rencontres, et de participer à la création de la revue Théâtral magazine.

La vie des autres

il rejoint par la suite Toute la télé.com, site web français sur l’actualité des médias, pour lequel Il interviewe de nombreuses personnalités des médias telles que Laure Adler, Claude Sarraute, Philippe Labro Patrick Poivre d’Arvors, , ou encore Laurent Delahousse, ou Nikos Aliagas pour ne citer qu’eux… Des rencontres pour lesquelles déjà, il prend le temps de se pencher sur la vie des autres et sont prémices à une écoute psychanalytique en maturation ! Désireux de jouer lui même avec les mots, il commence aussi à écrire pour le théâtre, et signe ses premières pièces, telle que «Les thrènes des roses qu’on assassine », ou « On peut se pendre avec sa langue », jouée notamment au festival d’Avignon, dans laquelle il aborde la puissance des mots et explore une écriture fortement connectée à l’inconscient, individuel ou collectif. « De part mon métier de journaliste, j’étais finalement déjà en contact avec l’inconscient : que ce soit celui des artistes, des acteurs, des metteurs en scène que j’étais emmené à interviewer, ou d’anonymes, rencontrés au grès d’ évènements couverts  pour la presse . Ma passion des mots, de l’écriture, conjuguée à la passion des rencontres humaines, que ce soit avec des personnalités publiques ou anonymes, mais aussi ma propre analyse, m’ont donné envie d’aller plus loin ! »

D’un univers de glamour au monde hospitalier

C’est ainsi qu’à un peu plus de 25 ans, il décide en 2005, de reprendre des études de psychologie clinique.  « Des études qui au vu de mon parcours allaient finalement de soi ! J’ai eu envie de faire de ces rencontres humaines mon métier». Un nouveau départ qui intervient en plein essor d’une carrière journalistique bien lancée.  Se formant au psychodrame analytique individuel à La Pitié Salpétrière et à la psychotraumatologie au service de réanimation pédiatrique de l’Hôpital Necker, il se retrouve bientôt ainsi à intervenir durant 5 ans dans un foyer d’adultes handicapés, ou encore en hôpital de jour à Orléans, emmené à travailler avec des enfants psychotiques et lourdement handicapés. «Un véritable virage existentiel qui n’a pas été facile ! Je me suis quand même parfois demandé ce que j’étais en train de faire !à et pourquoi !  Avec quelquefois aussi un regret des paillettes… mais je n’ai jamais lâché l’affaire, car dans le fond vraiment ça m’intéressait !». C’est ainsi que diplômé de psychologie clinique à l’Université Paris 7 Denis Diderot et d’un DU de psycho traumatologie, il installe par la suite son propre cabinet et voit très vite avec satisfaction les consultations affluer.  Sans pour autant jamais cesser d’écrire, bien au contraire !  

« Je pense que l’écriture est vraiment le trait d’union entre la psychanalyse et les médias »

La nécessité d’une expression personnelle

Une écriture qui le pousse aussi à aller toujours plus loin dans l’investigation de l’inconscient. « Finalement je n’aurais pas pus écrire mes pièces « Ajoutez comme ennemi », « Barbarie Land », ou encore « Le dernier secret »…si je n’avais pas eu cette soif de connaissances ! » Intervenant régulièrement sur les ondes et dans la presse, auteur aussi de plusieurs essais tels que Dalida sur le divan, Manuel d’un psy décomplexé, Manuel pour en finir avec la mort, Gainsbourg sur le divan …ses passions ne vont dès lors plus cesser de se conjuguer et se nourrir l’une l’autre, la psychanalyse venant alimenter ses sujets d’écriture et l’écriture venant soulager  la solitude du thérapeute et palier à l’effacement de soi indispensable à l’écoute de ses patients. Son dernier ouvrage, « La traversée de Mensonges »  ne déroge pas à la règle, mais sa forme romanesque vient peut être plus que les autres faire écho à son histoire personnelle. Ce premier roman qu’il s’est autorisé à écrire au lendemain de la mort de son père, interroge sur les liens du sang, et pose un regard sans concession sur les paradoxes d’une île et de ses habitants, pudiques et excessifs, volcaniques et introvertis à la fois. « Je suis méditerranéen dans l’âme, je porte la Corse en moi ! » La justesse avec laquelle chaque protagoniste du roman est mis en scène le confirme indéniablement!

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