VAGHJIME

Humeur

Par Nathalie Coulon

Qu’il est beau et doux ce mot vaghjime en corse qui veut dire automne. 

Il ne ressemble en rien phonétiquement à sa traduction française ou encore italienne. 

Lorsque l’on prononce « vaghjime », on a l’impression de valser comme les feuilles qui s’envolent au souffle du vent. 

Le vent qui depuis déjà quelques jours nous annonce la fin de l’été. Il est reconnaissable ce vent, il s’engouffre doucement le soir venu lorsque les soirées sont moins longues et que la nuit tombe. 

Les pluies de ce mois de septembre sont, elles, de plus en plus intenses, violentes et rapprochées. On connaissait les orages d’après le 15 août, ces orages de chaleur et ce tonnerre qui claque. 

Dorénavant, le mauvais temps et les tempêtes se succèdent laissant toujours les habitants de l’île dans le désarroi le plus complet comme à Ajaccio dans les quartiers des Cannes et des Salines qui d’ailleurs portent bien leur nom, des quartiers devenus ultra urbanisés au niveau de la mer et qui malgré les millions d’euros de travaux pour limiter les dégâts face à la montée des eaux se retrouvent le plus souvent sous l’eau !

La rentrée le bec dans l’eau de toute façon est plus que de saison.

Le ciel vire au rose annonciateur du vent, le niveau Covid est lui rouge pâle et le plan blanc des hôpitaux se prépare. 

À bout de souffle, cette saison. Tant que l’on mangera des fraises en hiver et des marrons l’été, on récoltera ce que l’on a semé, tout sauf des graines ! La planète est en surchauffe et les océans plastifiés, qu’elle est triste cette planète malmenée par les hommes détestables qui y vivent !

Si on s’intéresse de plus près à l’histoire du coronavirus, outre les thèses complotistes, on sait aujourd’hui que le pangolin fait partie des animaux, avec l’éléphant, à être le plus braconné au monde, en voie de disparition de la surface de la terre! Tout ça pour ses bienfaits curatifs et aphrodisiaques. Une folie !  

Et des mois plus tard, même topo voire pire pour les statistiques du ministère de la Santé publique ! 

La pandémie mondiale continue sa contagion ! 

De l’autre côté de la mer, Marseille et Aix sont classées zone rouge écarlate, fermetures temporaires restos et bars. 

Mais que nous arrive-t-il dans tout ça ? 

On se débrouille comme on peut avec ce panel de couleur. À croire que le Covid a décidé de nous mettre en colère. 

Quelle foutue époque! 

Finalement à bien y réfléchir, les restrictions sanitaires me font penser que la liberté fout le camp aussi avec ce satané virus. 

On parle de bulle sociale se réduisant chaque jour, au point où l’on en est, l’ego déjà surdimensionné des uns finira par se frotter au reflet de son miroir.

Le café en terrasse relève du défi et au-delà de tout : le risque de se choper cette cochonnerie d’ailleurs.

Tout est devenu incertain : les vols Corse/ Bruxelles annulés, les conférences, certains spectacles.

Sans parler de la jupette à l’école qui elle n’est pas covidée mais pas républicaine, interdite !

Qu’en penserait Juliette Greco si libre qui vient de nous quitter pour rejoindre les petits poissons, les petits oiseaux qui s’aimaient d’amour tendre. 

Et la tendresse, bordel ! 

On n’en parle pas assez !

Mise à mal et mise à mort avec les gestes barrières, dans ce monde qui tourne plus rond, on meurt d’attaques virales et terroristes, on plie sous la puissance des cyclones, de manque de soins…

J’ai bien peur que dans cette bulle aseptisée on finisse par mourir de manque d’amour.

Je pense aux personnes âgées dans les Ehpad, aux isolés, aux mal-aimés et aux précaires. 

Ma Chi mundu scemu ! 

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