Tom Dussol, l’avenir à grande vitesse

Tom Dussol est un jeune homme pressé. À 16 ans et après des débuts fulgurants en karting, le pilote originaire de Bastia s’apprête à participer à sa première saison en Formule 4. Il partage son quotidien, son ambition et ses rêves.

Par Caroline Ettori

Au téléphone, la voix est assurée, le discours rôdé et la détermination sans faille. Tom Dussol revient sur son parcours de sportif de haut-niveau déjà bien rempli. Originaire de Bastia, sa famille quitte la Corse pour Aix-en-Provence alors que Tom est encore très jeune. Mais l’île n’est jamais très loin. « Ma famille, mes racines, c’est là que tout se trouve. J’en suis fier. » Une base solide qui lui a peut-être permis de forcer son destin. Et convaincre ses parents. Au départ, ils n’étaient pas particulièrement emballés, le karting coûte cher, c’est contraignant, son frère avait déjà tenté l’aventure. Tom a à peine 6 ans et insiste. À 12 ans, il essaie le kart d’un ami au Castellet. Ce n’est pas une révélation mais bien une confirmation avec en prime l’assentiment de ses parents. « Je n’ai plus jamais arrêté. Je roulais une fois par mois puis une fois par semaine avant de commencer la compétition. Tout s’est enchaîné très vite. » Tom participera au championnat régional, performera en Coupe de France ce qui lui permettra de rouler pour le championnat du monde à Bahreïn. Cette même année sera surtout marquée par sa victoire sur le circuit mythique du Mans. Pas mal pour une première saison. Lui qui a commencé tard, dans un milieu où les « fils de » débutent à 3 ans, il déjoue toutes les statistiques. Repéré par Grégory Monin et l’ancien champion du monde de karting Jérémy Iglesias, il intègre MI Performance qui l’accompagne dans sa préparation et le conseille. Tom progresse à un rythme effréné ce qui lui ouvrira les portes de l’équipe italienne CRG Kart.

Vers la Formule 4

En dehors des circuits, les journées de Tom ne sont pas moins chronométrées. Il ne s’en laisse pas le choix. Elles commencent à 7 heures par une séance de sport. La matinée est consacrée à ses études. Il suite le programme du CNED ce qui lui donne la liberté de rentrer plus souvent en Corse. Le reste de la journée se passe entre son simulateur de courses et la recherche de partenaires.

En pleine transition vers la Formule 4, le premier échelon vers la F1, il disputera en 2026 sa première saison dans ce championnat organisé par la Fédération Française de Sport Automobile. Pas d’écurie, tous les pilotes, ils seront une trentaine, auront la même voiture. Que le meilleur gagne. « Mon objectif ? Remporter le championnat rookie. Et jouer le titre dès la première année. Il faut marquer les esprits. »

Non seulement Tom n’a pas froid aux yeux mais la peur n’a pas sa place. « La pression n’est pas facile à gérer. Avant chaque course, j’essaie de me mettre dans une bulle. Je respire, je m’échauffe. Je fais tout ce qu’il faut pour mettre toutes les chances de mon côté. Je veux être le meilleur et ce que je fais, je le fais à fond. Si ça ne marche pas, je n’aurais aucun regret. »

Une détermination sans faille

Tom vit déjà comme un pilote professionnel. « Dans ce milieu, tu dois devenir mature très vite. Comprendre les enjeux pour toi, tes sponsors, avoir la meilleure approche possible, la plus professionnelle. » Le jeune homme le sait en course ou en dehors des circuits, il n’a pas droit à l’erreur. Car une saison de F4, c’est 400 000 euros : préparation, carburant, ingénieurs, pneus, pièces, équipements. Tout est payant et tout coûte cher. Il lui reste trois mois pour trouver les fonds. Il démarche, contacte, relance. Sur LinkedIn, il envoie des messages vidéos personnalisés regardant la caméra droit dans les yeux. « Je suis un des seuls qui ose aller voir les gens », s’amuse-t-il. Je suis convaincu que ça va marcher. J’y passe tout mon temps. Ce qui serait vraiment incroyable, c’est qu’un sponsor corse me soutienne. »

Son rêve : clair, assumé, presque évident. « La F1. Je veux y aller. » Son modèle : Max Verstappen. « J’adore son tempérament, il est au-dessus. » Et puis il y a cette ambition qui ne ressemble à aucune autre : devenir le premier pilote corse en Formule 1. « Construire un projet autour de mes racines. » Bien mieux qu’un rêve, une véritable feuille de route.

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