Ressources humaines, une association au service des entreprises corses 

L’Association nationale des DRH est la 1re communauté de professionnels des ressources humaines en France. Association loi de 1901, elle réunit aujourd’hui plus de 5 600 membres, DRH, RRH, expertes et experts RH, issus de tous les secteurs, répartis dans 70 antennes partout en France.

Le groupe ANDRH Corse a vu le jour il y a quelques mois sous la présidence d’Agnès Llovera, elle-même directrice des ressources humaines de la Compagnie Corsica Linea. 

Quel est l’objectif de l’association que vous présidez ?

Notre vocation est de rassembler les professionnels des ressources humaines locaux qui souhaitent échanger sur leurs expériences, leurs enjeux et développer leurs compétences. Nous sommes convaincus que participer à une vie associative, telle que l’offre l’ANDRH, est une réponse parfaitement adaptée à la complexité et aux évolutions des métiers des ressources humaines. Le groupe national auquel nous appartenons permet le partage, l’échange des bonnes pratiques, le conseil d’experts, et nous permet de suivre toute l’actualité marquante, pour assurer au quotidien une veille efficace et de rester informés. Ces informations sont également une source d’inspiration dans nos actions au sein de nos entreprises respectives. 

Nous avons également une action de lobbying, dernièrement notre groupe a été consulté à propos d’une étude que nous avons menée sur l’emploi des séniors, dans le cadre du débat national sur les retraites. 

En Corse, aujourd’hui, nous regroupons environ une quarantaine d’adhérents, avec des fonctions et des tailles d’entreprises différentes. Nous nous réunissons environ 3 ou 4 fois par an autour de problématiques communes, pour pouvoir en débattre et pour trouver des solutions ensemble. Nous avons également pour mission de créer des relations de proximité et des synergies avec les acteurs locaux et nous enrichir des pratiques professionnelles RH du territoire. 

Quels sont les enjeux pour la Corse en matière de ressources humaines ?

La Corse, au même titre que les autres régions, doit faire face aux nouveaux enjeux économiques, sociétaux et environnementaux. Au regard de la pénurie de main-d’œuvre sur l’ensemble du territoire, il est primordial que nous puissions jouer un rôle sur l’emploi et notamment sur celui des jeunes et des salariés expérimentés. Le recrutement s’impose comme le fil rouge de nos différentes actions. L’opération que nous avons organisée sur le marché d’Ajaccio en février, la « fiera di l’impiegu », est une réaction épidermique face au mode de gestion du recrutement et de l’emploi en France aujourd’hui. Nous pouvons nous positionner comme agitateurs d’idées et essayer de faire bouger les lignes, proposer des actions dynamiques par rapport à l’emploi, la formation, l’alternance. Nous avons l’expérience du terrain, et nous savons quels sont les besoins de notre région. 

La problématique insulaire nécessite un traitement particulier, même au niveau des textes. Vous avez une absence totale de mobilité, une problématique de logement dans les centres urbains, ce qui ne favorise pas un recrutement serein pour les entreprises. Ces données doivent être prises en compte. 

Comment pouvez-vous définir votre fonction dans l’entreprise aujourd’hui ?

Aujourd’hui, la fonction RH a évolué dans toutes les entreprises. Nous ne sommes plus que des gestionnaires de paie, de congés ou de gestion du temps de travail. Les salariés attendent un accompagnement personnalisé, gradué, individualisé de la part de leur employeur, parfois même un coaching. Les valeurs de l’entreprise sont partagées par le collectif mais très vite, la gestion devient individuelle. Nous devons, nous responsable RH, nous adapter très rapidement, dans un mode de communication différent, adapté au monde d’aujourd’hui. Dans mon cas par exemple, cela fait très longtemps que je ne fais plus de notes de service, elles ne sont pas lues. 

Quelles sont les attentes des salariés d’une entreprise ? Quels sont leurs besoins ?

La génération des 25/38 ans recherche avant même la préoccupation salariale, des conditions de travail acceptables, une reconnaissance sociale au sein de l’entreprise, une visibilité de la charge de travail par rapport à leur vie personnelle et depuis l’épisode Covid, des possibilités de télétravail. Pour les plus diplômés, ils veulent également pouvoir mettre en perspective leur plan de carrière et la mobilité interne. De plus en plus, ils sont soucieux de l’image de l’entreprise en matière d’environnement, de développement durable, d’écoresponsabilité. 

La génération qui suit (40/55 ans) souhaite savoir comment l’entreprise va pouvoir l’accompagner sur sa deuxième partie de carrière. Comment elle va pouvoir concilier vie professionnelle et vie privée. Elle attend de la part de l’entreprise des propositions en matière de bilan de compétences, de validation des acquis professionnels. C’est une génération qui capitalise et qui souhaite valoriser son portefeuille de compétences. C’est à ce moment-là, que les questions liées à la retraite se posent. De nombreux plans d’épargne retraite ont vu le jour dans les entreprises par rapport à ces interrogations. C’est un moyen de fidéliser ses salariés les plus armés. Enfin les plus de 55 ans, à qui il reste environ dix ans d’activité, ont besoin d’une charge de travail allégé. À trois ans de la retraite, souvent l’entreprise doit pouvoir leur proposer un plan de dégressivité sans impact sur leur rémunération. Certains se portent volontaires pour un cumul emploi-retraite. Ils veulent plus de temps mais pas un arrêt complet d’activité. 

Vos projets ? 

Par rapport à tous ces enjeux qui se dessinent au niveau national, les dirigeants corses doivent s’armer, la fonction RH pour les entreprises de taille moyenne doit absolument devenir une préoccupation majeure. Pour les TPE, par exemple, qui n’ont pas les moyens et les effectifs, nous avons le projet de créer une plate-forme RH, et la possibilité de faire appel à un expert en temps partagé. La mutualisation des outils est une réponse à l’insularité et à la taille des structures. L’absentéisme, les accidents du travail, l’égalité homme-femme, sont également des sujets sur lesquels nous travaillons. Les codes ont changé y compris dans le monde du travail, les modes de management ont évolué, nous devons nous adapter et partager nos expériences. Il faut investir en terme de communication sur la marque employeur, rendre son entreprise et son dirigeant attractifs et particulièrement dans les entreprises dont le marché du travail est en tension.

Notre rôle est d’informer, de partager, de proposer des solutions, de développer des compétences, d’être innovants.

Quelles sont pour vous les valeurs essentielles d’un directeur de ressources humaines ?

L’équité, la neutralité, la bienveillance. C’est un métier très technique, c’est un métier de médiation, d’expériences, on n’exerce pas cette fonction par hasard. 

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