Les GEM : petits groupes, grands effets sur la santé mentale

Santé Publique

Dans le cadre de la Grande Cause Nationale 2025 consacrée à la santé mentale, Promotion Santé Corse et l’Agence Régionale de Santé (ARS) s’associent pour mettre en lumière les Groupes d’Entraide Mutuelle (GEM). Encore méconnus du grand public, ces lieux d’accueil et de partage offrent un soutien concret et quotidien aux personnes vivant avec des troubles psychiques ou neurodéveloppementaux. Découverte d’un dispositif à taille humaine qui change des vies.

Par Anne-Catherine Mendez

Un espace pour se reconstruire

Derrière l’acronyme GEM se cache une idée simple mais puissante : permettre aux personnes vivant avec des troubles psychiques, comme la bipolarité ou la dépression, de sortir de l’isolement grâce à un lieu de partage, d’activités et de parole libre. Comme l’explique Annick Secq, présidente du GEM U Passagiu, « l’objectif est de sociabiliser, redonner la parole, favoriser l’autonomie et, surtout, l’entraide entre pairs ».

L’autogestion, clé de l’émancipation

Au GEM, Casa di l’Isula à Porto-Vecchio, Muriel Truphème, animatrice et coordonnatrice, témoigne d’un fonctionnement autonome mis en place depuis 2019. « Tout se décide ensemble : les projets, les animations, les choix budgétaires. On fait avec eux, pas pour eux. » Cette gouvernance participative donne à chaque adhérent une place et une voix, et leur permet de reprendre confiance en eux.

Des activités qui font du bien

Culture, sport, yoga, cuisine, sorties nature… les activités proposées sont variées et toujours choisies collectivement. « Chaque mois, on adapte le planning aux envies des membres », explique Thibault Sciacca, animateur du GEM Zee Office à Biguglia, spécialisé dans les troubles du neurodéveloppement (autisme, TDAH, troubles «dys»).

Le sport tient une place de choix. Christophe Colombani, animateur du GEM U Scontru à Ajaccio, souligne que « la marche, par exemple, est idéale : elle permet de bouger sans se mettre en difficulté ». Sandrine Sellier, adhérente, quant à elle, anime des cours de yoga qu’elle a conçus spécialement pour apaiser douleurs physiques et traumatismes psychiques : « Le yoga, c’est un levier de mieux-être et de confiance en soi. »

Témoignages : la vie avant, la vie avec le GEM

Parmi les adhérents, tous racontent un parcours de reconstruction. Laurent, après un AVC, témoigne : « J’ai retrouvé de la mobilité, mais aussi une vie sociale. » Pour Titouan, autiste, le GEM a été « une porte vers des nouvelles amitiés, des activités inédites, et une vraie envie de participer ».

Paul-Reda, lui, résume l’essence même du dispositif : « Ce n’est pas juste à l’intérieur du GEM que ça change les choses. Ça se prolonge à l’extérieur : un café avec un adhérent, une séance de ciné à deux… C’est une nouvelle vie sociale. »

Des graines de citoyenneté

Au-delà du bien-être personnel, les GEM participent à l’inclusion sociale. « Certains adhérents reprennent des études, d’autres montent des projets professionnels, conduisent le bus du GEM, deviennent animateurs ou bénévoles », explique Muriel. Laurent, adhérent, témoigne même « avoir relancé son activité d’informaticien grâce à la confiance retrouvée dans le cadre du groupe ».

Une réponse humaine à une urgence nationale

Alors que les besoins en santé mentale explosent, les GEM offrent une réponse de proximité, souple, humaine, et efficace. Ce sont des lieux où la personne est reconnue dans son potentiel, pas dans son trouble. Et cela change tout.

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