Les Architectes jugent le PADDUC*

Alors que l’enquête publique relative au Plan d’Aménagement et de Développement Durable de la Corse s’achèvera le 3 juillet prochain, le Conseil Régional de l’Ordre des Architectes s’est penché sur le document à travers une enquête d’opinion auprès de 108 architectes : connaissance du Plan, impacts sur le territoire, sur l’économie insulaire, sur l’architecture et son exercice. Sur l’ensemble de ces points, le constat s’avère plus que mitigé.

Malgré l’influence reconnue du PADDUC, il peine encore à convaincre. Les architectes émettent des doutes quant à sa capacité à définir une fois pour toute l’aménagement du territoire, de même qu’à installer une cohérence entre les différentes normes préexistantes. 20% d’entre eux expriment leur confiance sur ces prérogatives, quand 39% se montrent pessimistes, et 41% préfèrent ne pas se prononcer.

Un métier d’architecte appelé à évoluer, entre aspirations et craintes.

De manière générale, les architectes corses considèrent que le PADDUC n’a pas assez pris en compte les problématiques liées à l’architecture. 19% déclarent que la place faite à l’architecture est suffisante, contre 70% qui la déclarent insuffisante, dont 35% très insuffisante. Ces chiffres, s’ils sont élevés, sont cependant symptomatiques des réactions corporatistes qui amènent à considérer que la part accordée à ses problématiques propres est toujours trop faible. Ceux qui connaissent le mieux le PADDUC font une nouvelle fois exception en indiquant à 24% que la part consacrée à l’architecture y est suffisante.

Tout comme ils ont pris conscience de l’impact qu’aurait le PADDUC sur le territoire, les architectes ont pris conscience de l’impact qu’il aurait sur leur métier (62%). Pour 29% d’entre eux, il s’agira même d’un impact très fort.

A l’inverse de l’impact sur le territoire, perçu plutôt positivement, l’impact du PADDUC sur leur métier est source de crainte pour 60% des architectes.

Leurs angoisses se focalisent notamment sur la raréfaction des zones constructibles (27%), qui risquent d’induire des changements dans leurs activités (21%) : diminution du nombre de projets, baisse du CA, etc. Certains pessimistes évoquent un nouvel alourdissement des normes de construction (18%) qui nuira à la créativité de leur travail (5%) et de manière générale, nuira au développement des infrastructures en Corse (13%). L’inquiétude est ainsi majoritairement d’ordre économique.

Les architectes qui considèrent le PADDUC comme un progrès pour leur profession (33%) s’appuient sur trois considérations majeures. Ils perçoivent en premier lieu que l’orientation de l’architecture vers le développement durable sera bénéfique tant à leur activité propre qu’au développement global des infrastructures de l’île, notamment grâce à la baisse des constructions à caractère individuel au profit de la multiplication de projets collectifs d’envergure (16%). Ils considèrent également les nouvelles règles d’aménagement définies par le PADDUC comme bénéfiques à une uniformisation des méthodes et procédés, à une plus grande cohérence des projets menés (15%).

Plutôt que comme une contrainte, la régulation est perçue chez eux comme une base pour mieux travailler de concert. Finalement l’idée de travailler dans un esprit de préservation du territoire rejaillit sur leur vision de leur profession, et la valorise (6%).

*’D’après une étude d’Opinion of Corsica, partenaire d’Opinion Way

Les commentaires sont fermés, mais trackbacks Et les pingbacks sont ouverts.