François Ollandini: De-ci, de-là, Chemins et traverses (Scudo éditions, 2022) 

Lire, Écouter, Voir… 

par Karine Casalta

Figure emblématique de la cité impériale, François Ollandini est un homme de passions : passionné d’art et de philo, il l’est tout autant de l’âme humaine et des amis. Du haut de ses 83 ans, il se retourne aujourd’hui sur sa vie, et De-ci, De-là nous dévoile son parcours, riche d’expériences et de rencontres, qui l’a conduit à devenir le généreux mécène à l’origine de la réhabilitation du Lazaret Ollandini et du musée Marc-Petit. C’est ainsi que nous découvrons au fil des pages, le jeune homme, issu d’une famille d’entrepreneurs chevronnés à l’origine du groupe de transport et tourisme Ollandini, que ses études mèneront du lycée Fesch à Ajaccio, à Henri IV et Carnot à Paris. Et qui, après un bref passage en dentaire s’engagera avec passion sur la voie de la philosophie et de la sociologie, sans manquer de nourrir une fibre économique qui lui permettra de rentrer en 1971 à Ajaccio pour reprendre les rênes de l’entreprise familiale. Se dessinent alors les trente années passées aux commandes d’un groupe qu’il a su faire évoluer et fructifier faisant de lui un pionnier du développement touristique en Corse. Désireux de donner du sens à son action, ce succès entrepreneurial couplé à un goût certain pour les arts et la culture qui n’a jamais tari, le conduiront à entamer une collection d’affiches touristiques et de tableaux de peintres insulaires, puis à faire par la suite l’acquisition du Lazaret d’Ajaccio (ancien centre d’accueil des marins en quarantaine), qu’il transformera peu à peu en centre culturel. Il y organise dès 2001 des résidences d’artistes, et des manifestations ouvertes au public, expositions, concerts… avant d’inaugurer quelques années plus tard le musée Marc-Petit, regroupant près de trente bronzes du célèbre sculpteur.  À l’origine également d’un nombre impressionnant de dons, dont plus de cent œuvres de peintres insulaires au musée Fesch, qui lui dédie deux salles, François Ollandini est ainsi un mécène reconnu, gratifié en 2010, pour son action pour la culture, de l’insigne de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres. 

À l’âge du bilan, c’est au travers des mots qui s’imposent à lui, que François Ollandini propose aujourd’hui dans cet ouvrage, de nous faire partager le regard qu’il porte sur sa vie… 

Un livre, un auteur :

Si vous deviez décrire votre dernier ouvrage en deux phrases ?  

Une question m’est posée par une amie, directrice du patrimoine d’Ajaccio : « Qui es-tu ? Fais-moi une « bafouille » de 2 à 3 pages ! »

Ce livre est ma « bafouille » : ça commence avec l’enfance et ça se termine avec le Lazaret et les divers dons que j’ai pu faire.

Une rencontre qui vous a marqué ?

Marc Petit. J’aime l’homme et l’œuvre, autant l’homme que l’œuvre, ce qui est rare !

J’aime qu’il soit si ordinaire dans la vie courante, bon mari, bon père, bon ami, et si extraordinaire dans son atelier, là où personne ne rentre quand il « travaille », je veux dire quand il crée.

La mort de sa grand-mère, si fort aimée et si aimante, y est pour beaucoup, dans son œuvre !

Un artiste que vous auriez aimé rencontrer ?

Je l’ai rencontré. Je n’en désire pas d’autres !

Si vous insistez : Alberto Giacometti, pour mieux voir la ligne qui va de Giacometti à Petit en passant par Germaine Richier, ainsi que le dit si bien Colin Lemoine, historien et critique d’art.

L’œuvre  que vous auriez aimé signer ?

Celle de Clément Rosset, un philosophe comme je les aime, qui essaye de nous dire, d’une manière simple et compréhensible, pourquoi (et comment) la « joie de vivre » pèse plus lourd que tous les drames de la vie. Et Dieu sait s’ils sont nombreux les drames de la vie !

Le casting d’un dîner idéal chez vous ?

N’en ai-je pas eu de multiples au Lazaret, avec plus de 100 événements, plus de 200 personnalités invitées et plus de 150 000 spectateurs au Lazaret pendant 20 ans !

Je ne saurais choisir : je prends tout ! À chaque fois, dîner au bord de la piscine. En face, Ajaccio, toujours beau, malgré certains de ses immeubles à plus de 10 étages !

Votre plus grande émotion artistique ?

Une petite sculpture, haute de 20 centimètres : « La petite fougue » ! Devinez le sculpteur ! Marc Petit évidemment ! 

Décidément, je suis obsessionnel ! 3 amours et 3 amours seulement : le Lazaret, Marc Petit et la peinture corse. J’en ai fait un tout et j’ai donné le tout ! Ainsi va ma vie !

J’ai gardé mon épouse, pour moi seul et sa petite famille !

Ce qui vous permet de vous évader ou qui vous met en joie ?

La lecture, encore la lecture, toujours la lecture ! Même quand elle est sombre, elle vous met en joie. Sinon, on se suiciderait !

Faut-il donc  « inverser » Albert Camus ? Le « suicide » ne serait pas la question philosophique majeure ; c’est le « non-suicide » qui le serait !

Avant que d’être « absurde », et plus profondément, la vie n’est-elle pas « joyeuse » !

De quoi êtes-vous le plus fier ?

Que le Lazaret Ollandini, musée Marc-Petit, une fois que mon épouse Marie-Jeanne et moi n’y habiterons plus, devienne aussi et enfin « le musée de la peinture corse ».

La peinture corse, au sens large : peintres corses ayant peint la Corse ou non et peintres non corses ayant peint la Corse !

Ce sera au Palais Fesch-Musée des beaux-arts d’en faire l’exposition permanente et la démonstration savante ! Au Lazaret même ! Avec et y compris les plus grands ! Et des grands, il y en a ! Cherchons-les !

Chiche qu’au travers de ma pierre tombale au Lazaret, je viendrai non pas contrôler, mais admirer !

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