BERNARD ORSINI – le soin sur mesure

RENCONTRE

VOUS NE LIREZ SUR SA CARTE DE VISITE NI DIRECTEUR, NI PDG, NI CHEF DE QUOI QUE CE SOIT. ET VOUS NE LE VERREZ JAMAIS EN COSTUME CRAVATE. BERNARD ORSINI, LA JEUNE TRENTAINE EST CEPENDANT À LA TÊTE DEPUIS UNE DOUZAINE D’ANNÉES D’UNE ENTREPRISE DONT L’ACTIVITÉ EST SOUVENT MÉCONNUE DU GRAND PUBLIC.
IL EST ORTHOPÉDISTE-ORTHÉSISTE ET DIRIGE DEPUIS AJACCIO, TROIS AUTRES CENTRES RÉPARTIS SUR BONIFACIO, MONACO ET PARIS. HYPERACTIF, TOUJOURS ENTRE DEUX AVIONS, IL EST PASSIONNÉ PAR SON ACTIVITÉ QU’IL A DÉCOUVERTE UN PEU PAR HASARD. COMME SUR UN RING DE BOXE SUR LEQUEL IL A L’HABITUDE D’ÉVOLUER POUR LE PLAISIR, IL NE LÂCHE RIEN, L’ESPRIT TOUJOURS AUSSI COMBATIF QU’À SES DÉBUTS.

Par Anne-Catherine Mendez

Bernard Orsini, qui êtes-vous?

Je suis orthopédiste-orthésiste, diplômé depuis 2009. Après un baccalauréat technologique, j’ai débuté un BTS électronique. Cette filière ne me convenait pas du tout. Une de mes tantes qui était kinésithérapeute m’a alors parlé du métier d’orthopédiste. Je me suis renseigné de façon un peu plus formelle, j’ai rencontré le directeur d’une école à Paris, qui m’a convaincu de l’intérêt de cette orientation professionnelle. L’année d’après, je partais pour Lyon, suivre les cours de l’École Supérieure d’Orthopédiste-Orthésiste pour une durée de trois ans. Je peux dire que dès le départ, je me suis passionné pour cette activité. Dès la fin de mes études, j’ai cherché des solutions plus performantes, plus confortables qui pouvaient rendre les personnes plus autonomes. Les journées, encore aujourd’hui, sont donc très longues: consultations, gestion de l’entreprise et des heures, pour trouver de meilleurs résultats, pour tester de nouveaux matériaux.

Comme vous, au moment de votre orientation professionnelle, nous ne connaissons pas ce métier, pouvez-vous nous en parler?

Ma société est spécialisée dans les prothèses, les orthèses et l’appareillage sur mesure. Je conçois aussi bien des prothèses des membres inférieurs et supérieurs pour la vie quotidienne ou la pratique de sports, pour soulager, soigner, corriger les pathologies articulaires, osseuses, musculaires. Mon champ d’action est large, puisque je peux proposer des semelles orthopédiques, des corsets ou ceintures, des genouillères, des orthèses de main, des minerves, des prothèses mammaires ou encore toutes sortes de bandages et vêtements compressifs. Le fondement majeur de notre métier repose sur la conjonction des savoirs, où la rencontre avec le patient reste un moment capital. Schématiquement, pour l’appareillage, celui- ci s’organise autour de trois temps. Notre capacité à analyser sa situation, évaluer ses possibilités fonctionnelles, les amplitudes articulaires, l’état musculaire, être en mesure de tirer les informations clés de la palpation. Ensuite, c’est la phase conceptuelle c’est- à-dire, notre capacité à confronter les premières informations aux solutions ortho- prothétiques envisageables et adaptées à la situation, savoir quelles mesures prendre, à quel niveau et comment les prendre, utiliser nos connaissances pour le moulage (qu’il soit plâtré ou numérique), comprendre les techniques de fabrications et être en mesure de choisir les composants et mécanismes à notre disposition, savoir dans quelle situation les utiliser et valider leur possibilité d’assemblage entre eux. Enfin la période de validation nous permet de conduire les temps d’essayage, d’assurer les adaptations nécessaires, vérifier les alignements, le confort, l’esthétique, réaliser une observation clinique de la marche par exemple, être en mesure d’identifier les défauts de marche et d’y apporter les correctifs. Aujourd’hui, les matériaux ont beaucoup évolué, on se sert du carbone et du plastique par exemple. Moi je garde toujours en tête, que les innovations ne sont là que pour le patient, pour qu’il gagne en autonomie, en confort. Les seuls endroits du corps sur lequel je n’interviens pas sont, la mâchoire réservée à l’orthodontiste et les oreilles réservées aux audioprothésistes.

 » J’AI LE SENTIMENT DE RÉUSSIR À CRÉER UN LIEN PARTICULIER AVEC MES PATIENTS, NOUS TRAVAILLONS EN BINÔME. « 

Vous ne vous êtes pas contenté d’exercer sur Ajaccio, vous avez développé ailleurs votre activité, pourquoi?
C’est un peu le fruit du hasard, et certainement lié aussi à mon esprit d’entreprise. Je me suis dit que la Corse ne devait pas rester mon seul terrain de jeu, et les rencontres, mon professionnalisme, le retour des patients ont fait le reste. Depuis mes débuts, je me suis spécialisé dans la prothèse de main, ce qui est un peu ma marque de fabrique. Dans le centre de Monaco, par exemple, je ne gère que ce type d’appareillage. Il faut comprendre que l’orthopédie, c’est du sur-mesure, une prise en charge et un suivi d’un patient qui a une prescription. C’est un savoir-faire artisanal, moi par exemple, je fabrique toutes mes prothèses. Mes journées, mes semaines sont très bien remplies, mais j’ai toujours cette passion chevillée au corps.

Justement, qu’est-ce qui vous motive?

J’aime que chaque jour soit différent. Travailler en contact avec l’humain est également très enrichissant, que ce soit professionnellement ou personnellement. J’ai le sentiment de réussir à créer un lien particulier avec mes patients, nous travaillons en binôme. J’essaye de leur apporter de l’autonomie et de trouver des solutions à chacune de leurs demandes, aussi spécifiques soient-elles. Et grâce à eux, je me remets sans cesse en question sur la conception des appareils, ce qui m’oblige parfois à me creuser les méninges… Mais c’est ce qui est passionnant!

De quoi êtes-vous fier?

Je suis fier de mes enfants, ils me font tout oublier. Je suis fier de ma compagne Francesca, qui m’encourrage dans tout ce que j’entreprend. Le fait de se soutenir mutuellement décuple notre énergie.

Avez-vous une devise?

Je ne vais pas être très original: «Vis chaque jour comme si c’était le dernier ». 

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