« Battì » Raffalli

GARDIEN DU PATRIMOINE BASTIAIS

Fort de ses 250 adhérents, le Comité des Fêtes et de l’Animation du Patrimoine de Bastia affiche un dynamisme sans frontière. Créée en 1994 et présidée par Jean-Baptiste Raffalli, l’association s’est vu récemment décerner, par la Fédération française des Fêtes et Spectacles Historiques, un prestigieux label pour son événement phare « A Notte di a memoria ». Elle vient également d’hériter de l’hippomobile d’un médecin bastiais, André Morucci, surnommé « U duttore di i poveri », disparu en 1928. Coup de projecteur…

Par Petru Altiani

À Bastia, Jean-Baptiste Raffalli est connu comme le loup blanc. Retraité, cet enfant de Terra Nova, ex-infirmier libéral, n’en demeure pas moins très actif. Il a toujours eu la cité au cœur.

Après avoir exercé, durant de nombreuses années, les mandats de conseiller général et de maire-adjoint, une chose est sûre : l’action publique n’a plus aucun secret pour lui. Mais ce qui le passionne par-dessous tout, c’est la sauvegarde du patrimoine de sa ville, sans oublier la valorisation de celle-ci, à large échelle.

À cet égard, « Battì », comme on l’appelle plus communément, a fondé, en 1994, le Comité des Fêtes et de l’Animation du Patrimoine de Bastia.

« Notre comité inscrit son action dans le cadre de la politique culturelle de Bastia », explique-t-il. « Mais aussi dans l’action régionale en faveur de la sauvegarde du patrimoine dans son identification (connaissance et révélation), sa protection, sa restauration et sa valorisation. »

Un rayonnement régional

« Aussi, il s’agit de faire en sorte que le patrimoine culturel soit à la fois un facteur d’épanouissement et de plaisir, de développement économique, de qualité de vie et de bien-être, d’appropriation collective par tous les acteurs du territoire, pour tous ses habitants ainsi que ses visiteurs. »

Et d’ajouter : « Au cœur de la dynamique éducative et culturelle sur le territoire de Bastia, du Grand Bastia, la publication de l’Almanaccu di Bastia è u so circondu, prix du livre Corse en 2006, a conféré au comité un rayonnement régional. »

Récemment, l’association s’est vu décerner, par la Fédération française des Fêtes et Spectacles Historiques (FFFSH), un prestigieux label pour son événement phare « A Notte di a memoria ».

« Cette fédération propose une démarche qualité innovante à l’ensemble de ses adhérents », souligne Jean-Baptiste Raffalli. Afin de répondre aux exigences bien légitimes de notre public, nous, organisateurs, avons besoin de connaître différents éléments nous permettant de maîtriser, entre autres, nos actions de communication, les engagements budgétaires, les décisions relatives au plateau artistique, aux choix de sons, de lumières, de gradins… Autant d’éléments indispensables à une gestion saine et à la pérennisation de nos structures et de nos manifestations. »

A Notte di a memoria

« Pour pouvoir prétendre à l’obtention du label qualité, les adhérents de la FFFSH qui s’engagent dans cette démarche doivent respecter un certain nombre d’engagements indissociables et relatifs principalement à l’environnement de la fête ou du spectacle (accueil, sécurité, confort…). Le label attribué est remis en question tous les deux ans, ce qui incite les associations à une grande rigueur dans leur organisation. »

Au fil des années, « A Notte di a memoria » est devenue un événement incontournable de la Ville de Bastia. « La manifestation a été créée en 1988 pour mettre en valeur le Palais des Gouverneurs en pleine mutation et qui devait devenir le Musée que nous connaissons aujourd’hui, poursuit Jean-Baptiste Raffalli. Nous préparons la 32e édition avec la participation de 180 figurants. »

« C’est par ce spectacle vivant qui s’appuie sur le texte d’Angelo Francesco Luri qui narre le cortège traversant Bastia, capitale du Royaume de Corse en 1671, lors de la Relève du Gouverneur, que le Comité a pu réunir ces générations de Bastiais amoureux de leur ville, qui deviennent acteurs de ce Patrimoine chaque année, au mois de juillet, en racontant ce qui est tout simplement leur histoire commune. »

Une manifestation d’envergure qui a permis de tisser des passerelles, notamment avec la commune Bassano-Romano, fief des Giustiniani, famille très liée à l’histoire de Bastia et de la Corse.

Au plus près de la réalité historique 

« En contact depuis des lustres avec l’association de ce village de la province de Viterbe, dans la région Latium, que naturellement notre Comité avec sa « Notte di a memoria » et l’association organisatrice des « Mercatini del Seicento » ont décidé de parapher un pacte de jumelage et d’amitié en présence des maires des deux communes le 20 juillet 2019 à Bastia et le 26 juillet 2019 à Bassano-Romano. »

« Je salue par ailleurs le soutien et l’intérêt de la municipalité de Bastia et, en particulier, de son adjoint au patrimoine, Philippe Peretti. »

Dans le cadre de sa « Notte di a memoria », le Comité des Fêtes et de l’Animation du Patrimoine de Bastia, fort de ses 250 adhérents, est parvenu à faire l’acquisition des costumes du spectacle et un atelier de couture dynamique, piloté par l’association, permet leur conservation, la mise aux mesures « avec aussi », précise Jean-Baptiste Raffalli, « un travail constant de recherches pour être au plus près de la réalité historique ».

Parmi ses dernières actualités, le comité a hérité de l’hippomobile d’un médecin bastiais, André Morucci, surnommé « U duttore di i poveri », disparu en 1928.

« Encore une piste qui nous renvoie dans le Bastia d’entre les deux siècles avant que l’automobile n’envahisse nos rues où se côtoyaient autour de la voiture hippomobile charrons, ferronniers, selliers, tanneurs, « facchini » et « camalli » », souligne encore l’intarissable président.

« La famille du docteur Morucci s’est tournée vers nous pour léguer cet objet, mémoire de son époque, mais aussi qui est un élément de l’histoire de Bastia et de la Corse du Cismonte tant André Morucci avait laissé son empreinte sur le plan professionnel et politique. »

Jean-Baptiste Raffalli et son équipe ont à cœur de mettre en valeur l’hippomobile du docteur Morucci.

«Nous avons demandé une expertise des Haras nationaux et nous savons qu’il s’agit d’un « Milord » fabriqué à Paris par l’entreprise Charles Vermot et vendu à Draguignan par le concessionnaire Maltaverne. Ces éléments ont été retrouvés sur le châssis ainsi que les initiales du docteur sur le cuir de la capote. Le chargé de mission de la Fondation du Patrimoine va aussi nous aider à l’élaboration du dossier de restauration. ».

Par ailleurs, Jean-Baptiste Raffalli s’investit en faveur de la restauration des chapelles non classées, au titre de la Fondation Maillé dont il est correspondant régional.

« Il s’agit de faire en sorte que le patrimoine culturel soit à la fois un facteur d’épanouissement et de plaisir, de développement économique, de qualité de vie et de bien-être, d’appropriation collective par tous les acteurs du territoire, pour tous ses habitants ainsi que ses visiteurs. »

Du grain à moudre

« À la fin des années 90, j’ai travaillé à la mise en place de la Fondation du Patrimoine en Corse avec Olivier de Rohan-Chabot, l’actuel président de la Fondation pour la Sauvegarde de l’Art français. « La Sauvegarde » intervient sur les chapelles rurales non classées. »

« Pour 2020, nous allons présenter à son conseil d’experts quelques dossiers. Nous avons également pris l’engagement avec le comité d’élaborer un questionnaire qui sera soumis aux maires dès le mois de janvier pour établir un inventaire le plus précis possible car la Corse compte plusieurs centaines de chapelles. »

Côté projets, le Comité des Fêtes et de l’Animation du Patrimoine de Bastiane chôme pas.

Jean-Baptiste Raffalli parle d’histoire mais ne manque jamais aussi d’évoquer l’avenir. Car c’est bel et bien pour demain qu’il continue, encore aujourd’hui, à cultiver cette ferveur sans faille et sans frontière !

« Nous avons déjà du grain à moudre mais le Patrimoine est un chantier tellement vaste que nous pouvons avoir demain un don ou un legs, une proposition de chantier-école… », indique-t-il avant de conclure. Nous continuerons avec le guide-conférencier Paul Poli nos sorties en randonnées à travers notre île. Le comité accueille, en outre, les étudiants de l’Université de Corse et du BTS Tourisme du lycée Giocante de Casabianca à Bastia. Nous œuvrons enfin dans le cadre de la défense de la langue corse et portons un projet avec le Conservatoire de musique, danse et art dramatique de Corse Henri Tomasi : une adaptation d’un poème d’Arthur Rimbaud sur une musique de Gaetano Donizetti. »

Savoir + : http://www.patrimoine-bastia.com / patrimoine.bastia@gmail.com / Tel. : 06 67 68 53 31

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