Alexia Kerefova: La musique et la vie

Passionnée d’art et de musique, Alexia Kerefova y dédie son quotidien. Du haut de ses 30 ans, son premier souvenir marquant à cela est lié à un vieux poste radio déniché au fin fond du grenier familial, avec une panoplie d’albums qu’elle a récupérés pour aller faire une soirée sur la plage avec des amis. Elle était une jeune adolescente de 14-15 ans. Ce soir-là, elle met en marche le tout et une première révélation, issue du blues : les voix de Janis Joplin, Hopkins, John Lee Hooker… Alexia a ce quelque chose de l’artiste Izïa, avec une forme de contemplation et de mystère bien à elle. 

Par Laura Benedetti

Ses influences esthétiques 

De 8 à 13 ans, Alexia s’initie à la batterie. Plus tard, elle jouera en se connectant lentement à ses émotions visant à créer une affinité avec une pluralité d’artistes. 

La poésie et la littérature, mais aussi la danse, sont les autres arts qui viennent animer sa recherche et déployer ses influences esthétiques autour de la musique. En premier lieu, Charles Bukowski dont elle aime la noirceur qui fait ressortir une part intime de sa personne. Dans sa période qu’elle nous décrit « bohème », la philosophie de Nietzsche, les recueils de poésie de Patti Smith, et la composition de Ballade de Melody Nelson de Gainsbourg, lui donnent des ailes : « Il avait tout Gainsbourg, musicalement, poétiquement. Il avait cerné très vite le monde de l’industrie musicale. Quant à Patti Smith, j’avais adoré son récit “Just Kids”. Sa vie me fascine, son allure androgyne, rebelle et son âme sage. Sa voix atypique. » Un rapport de ces artistes à l’art dans lequel Alexia se voit profondément voyager, ressentant l’exploration intime de leurs limites qu’ils expérimentaient et repoussaient par le biais de modes de vie alternatifs. De même, leurs différentes façons de voir et de regarder les êtres humains, et l’expression de la beauté dans ce qu’il pouvait y avoir de plus sombre, voire de pire en eux. Leonard Cohen fait aussi partie de ces artistes poètes qui l’influencent, de par ses textes, et notamment ceux à dimension sacrée. 

Du blues, peu à peu, Alexia s’en va explorer les univers du rock et de la folk, avec frénésie ; leurs expressivités et leurs textes engagés, avec un seul élément, à percussion, et une voix. Alexia n’a cessé de repousser l’élargissement de ses horizons esthétiques à travers la musique, elle s’est plongée à une période vers les sonorités celtique, orientale, norvégienne et mystique où vibre une quête spirituelle. Et, une forme de sa sagesse, « de contemplation qui mène à Dieu », nous livre-t-elle. 

Un univers à soi

Alexia a participé à l’une des saisons de l’émission « The Voice ». Elle y a fait un parcours remarquable. On ressent, aujourd’hui, quelques années plus tard, que cela a été une expérience qui a creusé son implication de manière plus professionnelle. Mais elle l’évoque timidement, parce que ce qui l’intéresse, c’est cet aujourd’hui en devenir. Elle travaille notamment sur un EP, qu’elle nous caractérise de style « pop indé », aux influences du groupe Portishead, entre autres. À travers ce projet, le contact avec un compositeur instrumental et parolier lui ouvre les portes d’une immersion professionnelle en synergie avec d’autres artistes. 

Alexia est consciente d’avoir un placement vocal très rock&blues. Elle a fait et continue à faire, tout un travail pour sentir la musique autrement, essayant, notamment, « de sentir le jazz et l’improvisation qu’il inspire », comme elle dit. Pour elle, le jazz est l’univers par excellence où il y a le plus de place pour l’interprétation et le jeu vocal qui favorisent plus de liberté et d’enrichissements d’accords.

Elle nous décrit son rapport à la musique comme un voyage à travers les cultures et, à travers elle-même en repoussant ses propres capacités. Vocalement, elle est guidée par le jeu et le goût des défis, en termes de notes, d’intentions, de placement rythmique… et à ne pas rester sur ses acquis : « Je recherche une façon de voyager à travers l’être humain et de me retrouver en lui. D’être touchée par son humanité. » Par ailleurs, poursuit Alexia, « c’est aussi pour moi, une façon d’exorciser ». Il n’y a qu’à écouter sa playlist faite de morceaux qui effleurent ses états d’esprit. Oasis et, surtout, Radiohead lui rappellent une influence, une agrégation naturelle. Lana Del Rey rend glamour sa tristesse, ses vices, ses faiblesses, ses amours, sa féminité. Il y a encore Muse, Amy Winehouse, Nick Cave, Tom Waits, Nil Young… qu’elle affectionne. 

Enfin, Alexia aime s’immerger dans le son qui réverbère, d’où découle une musique épurée tout droit sortie d’une église ou d’une grotte. 

Elle rêve de collaborations marquantes, absolument folles, avec l’un de ces artistes qu’elle admire. Et, nous fait, en retour rêver, à la folie.

@alexia.kerefova

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