L’École Hôtelière Méditerranéenne ouvre ses portes à Ajaccio

Le Palais des Congrès d’Ajaccio a accueilli le 17 septembre dernier la toute première Journée Portes Ouvertes de l’École Hôtelière Méditerranéenne (EHM). Cet événement marque le lancement officiel d’un projet ambitieux qui entend positionner la Corse comme un pôle d’excellence dans les domaines des arts culinaires, du tourisme et de l’hospitalité en Méditerranée.
Un projet d’excellence pour la Corse et la Méditerranée
Portée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Corse, la Chambre Régionale de Métiers et de l’Artisanat de Corse et le Groupe Amparà Méditerranée, l’EHM propose une offre de formation complète, du CAP au Bac+3, couvrant les arts culinaires, le management hôtelier, le tourisme et l’événementiel. Inspirée par une double ambition territoriale et internationale, l’école mise à la fois sur la valorisation des savoir-faire corses et sur l’ouverture au bassin méditerranéen. « L’École Hôtelière Méditerranéenne ambitionne de devenir un pôle d’excellence en Corse et en Méditerranée. Cette Journée Portes Ouvertes est une première rencontre avec les jeunes, les familles, les professionnels et le grand public », souligne Jean-Charles Martinelli, président du Groupe Amparà Méditerranée.
Un campus moderne en devenir
Le futur campus de l’EHM accueillera dès la fin novembre les premières promotions d’étudiants. La visite du chantier a permis de découvrir des espaces innovants : ateliers culinaires, laboratoires techniques, salles de cours collaboratives et zones événementielles et de restauration. Ces infrastructures visent à offrir un cadre d’apprentissage moderne, adapté aux besoins d’une filière en pleine évolution.
Une initiative soutenue par de nombreux partenaires
Le projet bénéficie du soutien d’acteurs majeurs tels que l’École Hôtelière d’Avignon, l’École de Savignac, ainsi que des collectivités et institutions locales (Collectivité de Corse, État, CAPA). Ensemble, ils contribuent à faire de l’EHM un levier stratégique pour l’avenir économique et touristique de l’île.
Une ouverture tournée vers l’avenir
Cette première Journée Portes Ouvertes a offert un avant-goût concret de ce que sera demain l’École Hôtelière Méditerranéenne : un lieu de formation, de transmission et d’innovation, au service des jeunes, des professionnels et du rayonnement de la Corse en Méditerranée.
Emmanuel Lojou, formateur au Centre Amparà Méditerranée, maître cuisinier de France : « Former comme dans un vrai restaurant »
Derrière son enthousiasme, Emmanuel laisse transparaître la fierté d’avoir participé dès le départ à ce projet. Maître cuisinier de France et professeur au centre de formation Amparà, il a été consulté pour concevoir les espaces et le matériel pédagogique. « On a voulu que les étudiants soient formés dans des conditions réelles, comme s’ils travaillaient déjà dans un grand restaurant. La cuisine est divisée en pôles spécialisés : garde-manger, chaud, pâtisserie, boulangerie, envoi. Chacun apprend à maîtriser son poste avant de collaborer en brigade. » Fidèle à sa vision moderne de la cuisine, il a poussé pour des équipements innovants. « J’ai choisi de supprimer le gaz pour passer entièrement à l’induction. C’est plus sûr, plus propre, plus économe, et c’est l’avenir du métier. » Au-delà de la technique, Emmanuel insiste sur l’esprit que doit insuffler l’école. « Être cuisinier aujourd’hui, ce n’est pas seulement reproduire des recettes. C’est travailler des produits de saison, soigner les assaisonnements, savoir mettre en valeur une assiette. Et pour le service, il faut aller plus loin que le simple port de plats : proposer des expériences, des animations, des présentations créatives. » Pour lui, l’enjeu est clair : transmettre une formation qui corresponde aux attentes des restaurateurs d’aujourd’hui et de demain.
Pascal Agostini, directeur Enseignement Formation CCI de Corse : « Un lieu dédié, vivant et ouvert »
Si Emmanuel incarne la partie culinaire, Pascal Agostini, directeur de la CCI, défend la vision stratégique de l’école. Pour lui, l’originalité de ce projet est d’avoir créé un établissement exclusivement dédié aux métiers de l’hôtellerie et de la restauration, au lieu d’une simple section dans un centre polyvalent. « C’est un lieu de formation, bien sûr, mais aussi un lieu d’animation, d’événements, de rencontres entre producteurs, professionnels et étudiants. C’est un outil que nous voulons faire vivre, pas seulement un bâtiment. » L’établissement se distingue aussi par ses partenariats. Avec l’école de Savignac, institution prestigieuse de Dordogne, l’École hôtelière méditerranéenne pourra proposer un Bachelor en hôtellerie-restauration. La troisième année ouvrira dès cette rentrée à titre expérimental, puis le cycle complet de trois ans sera déployé. Autre axe majeur : la formation continue. « Nous voulons développer une offre complète, avec des masterclass de chefs, des ateliers thématiques, y compris ouverts au grand public. Nous travaillons déjà à la création d’une école du vin en partenariat avec le CIVC. » Enfin, l’école bénéficie d’une implantation originale : le Palais des Congrès d’Ajaccio. « Associer un centre de formation et un lieu d’événements est inédit en France. Cela permettra aux étudiants de se confronter à des conditions réelles, mais aussi d’attirer des séminaires, des rencontres et donc de dynamiser l’écosystème local. »
Jean-Baptiste Pieri, hôtelier, membre du Cercle des Grandes Maisons : « Une réponse à un déficit criant de compétences »
Pour Jean-Baptiste, représentant des Grandes Maisons de Corse, l’ouverture de cette école est une bouffée d’oxygène pour un secteur en tension. « Les chiffres sont clairs : chaque année, la Corse a besoin d’au moins 1 500 jeunes diplômés pour faire tourner ses hôtels, restaurants et établissements touristiques. Aujourd’hui, les organismes existants n’en forment que 100 à 150. Le déficit est énorme, et il dure depuis des décennies. »
Il rappelle que la Corse est la seule grande région touristique d’Europe sans lycée professionnel ni institut de formation digne de ce nom dans le domaine. « C’est une anomalie. Ce projet, nous l’attendions depuis 20 ans. C’est une première réponse, et nous devons tous le soutenir. » Jean-Baptiste veut aussi casser les idées reçues. « On a longtemps véhiculé une image négative de ces métiers : horaires lourds, salaires faibles, conditions difficiles. Mais c’est une vision datée. Aujourd’hui, un cuisinier avec un CAP peut, en cinq à sept ans, toucher entre 2 500 et 3 000 euros par mois, avec la possibilité de choisir son employeur. Peu de métiers offrent de telles perspectives. » Le secteur permet aussi une véritable ascension sociale. « Dans l’hôtellerie-restauration, 60% des patrons ont commencé en bas de l’échelle. Ils n’ont pas hérité d’une entreprise, ils l’ont créée. C’est un secteur où l’on peut gravir les échelons rapidement. » Enfin, il insiste sur l’importance de l’ouverture culturelle. « L’école formera des jeunes Corses qui pourront partir se perfectionner ailleurs avant de revenir créer leur entreprise ici. Et en même temps, elle attirera des étudiants venus d’autres régions ou de l’étranger. C’est ce brassage qui enrichira la profession. »
Un pari sur l’avenir de la jeunesse et du tourisme corse
Au croisement des ambitions pédagogiques, économiques et culturelles, l’École Hôtelière Méditerranéenne d’Ajaccio veut devenir un lieu d’excellence. Pour les professionnels, elle représente à la fois une solution à la pénurie de main-d’œuvre, un moyen de revaloriser des métiers essentiels et une vitrine pour le savoir-faire corse.
Rendez-vous en novembre pour la première rentrée, qui pourrait bien marquer le début d’une nouvelle ère pour la formation en hôtellerie-restauration en Corse.

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