46 nuances de style
Sur le cours Napoléon, à deux pas du tumulte, une vitrine accroche la lumière. Rénovée avec goût, Le 46 dévoile un univers où chaque détail respire le style. Ouverte par Gabrielle Guigueno, cet espace n’est pas simplement un concept-store chic. C’est un lieu vivant, vibrant, habité par une vision très personnelle de l’élégance, de la féminité et de la liberté.
Par Anne-Catherine Mendez
Une Gabrielle qui ne copie personne
Gabrielle. Un prénom qui évoque inévitablement Mademoiselle Chanel. Et si le clin d’œil est assumé, il n’est ni hommage figé, ni mimétisme. Gabrielle Guigueno n’imite pas : elle incarne. Elle incarne cette capacité à faire de la mode un terrain d’expression, un langage intime et audacieux. Elle a passé ses étés d’enfance en Corse, mais c’est à Paris qu’elle s’est formée, entre franchises de prêt-à-porter pointues et immersion dans l’univers de la vente exigeante. Là-bas, elle apprend à composer un vestiaire. Ici, à Ajaccio, elle le réinvente.
Une collection solaire, entre neuf et précieux
Au 46, chaque pièce raconte une histoire. Gabrielle sélectionne avec rigueur – et passion – des vêtements et accessoires issus de marques françaises et européennes, souvent en séries limitées, toujours en matières nobles. Lin, soie, coton bio : pas de polyester criard ici, mais des textures qui vivent, respirent, accompagnent les corps. Et puis, il y a le rayon des pièces de seconde main. Un trésor à lui seul. Gabrielle y expose des trouvailles vintages qu’elle chine avec sa mère. On y croise des vestes Saint-Laurent, des hauts Gucci, des sacs Chanel, parfois un foulard signé Dior. Des icônes à prix doux, sélectionnées pour ce qu’elles sont : intemporelles, élégantes, et faites pour durer. « Le luxe ne doit pas être hors d’atteinte, ni figé derrière une vitrine », souffle-t-elle.
Des bijoux comme des coups de foudre
Ouverte début juin, la boutique de Gabrielle propose également une gamme de bijoux fantaisie. Elle les choisit comme on tombe amoureuse : avec le cœur. Des créateurs italiens en céramique aux lignes poétiques, des pièces audacieuses en laiton doré, des perles revisitées, des bracelets graphiques… Chaque bijou est un accent, une ponctuation. Quelque chose qu’on porte pour soi, pas pour les autres.
« Les bijoux sont la première forme de liberté d’expression », dit-elle avec un sourire. Et dans sa boutique, ils trouvent naturellement leur place, au milieu des sacs culte, des foulards à nouer comme un secret.
Une boutique comme un manifeste doux
Gabrielle n’est pas dans la mode spectacle. Elle est dans le geste juste, dans la proposition sincère. Le 46 ne prétend pas dicter une tendance : elle crée un lieu de confiance, de lien, où l’on peut essayer, se tromper, discuter, revenir. Elle aime les femmes d’Ajaccio — « élégantes, très féminines, maquillées avec soin, coquettes avec style » — et elle compose pour elles une garde-robe vivante, adaptable, intelligente. Son regard est affûté, mais jamais élitiste. Elle sait conseiller, raconter, faire exister une pièce sans jamais l’imposer. « Une femme bien habillée, c’est une femme à l’aise. »
Le cours Napoléon comme un étendard
S’installer sur le cours Napoléon, c’était une évidence. Pour Gabrielle, ce n’est pas seulement une artère passante d’Ajaccio : c’est un lieu de mémoire, un axe vivant, populaire et élégant à la fois, qui méritait d’être réveillé. En s’implantant ici, elle voulait participer à la redynamisation du cœur de ville, ramener du souffle, du style, du lien. « Il y avait tout à créer », dit-elle, entre deux essayages. Ce choix, loin d’être stratégique au sens froid du terme, relève presque d’un acte d’amour pour la ville et d’un pari sur son potentiel. Le 46 s’inscrit ainsi dans une nouvelle vague de commerces de proximité exigeants, indépendants, sensibles à leur quartier autant qu’à leurs clientes.
Le 46
46, cours Napoléon
20000 Ajaccio
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