La Corse : filon d’or et de décors pour le cinéma

Par Diana Saliceti

Avec environ une centaine de tournages par an, la région corse s’avère être une terre d’accueil pour bon nombre de productions et réalisateurs. Sans oublier que le terreau insulaire donne également ses propres fruits en matière de septième art. Techniciens, comédiens, sociétés de production, réalisateurs : l’île est un vrai vivier. Arrêt sur image sur cette industrie avec un tournage réalisé ce printemps en grande partie sur la plage de Ficaghjola située sur la commune de Piana. C’est dans ce cadre, au cœur d’un golfe classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, que Dominique Lienhard a tourné son deuxième long métrage nommé Naufrages et produit par Offshore.
Immersion… ou plutôt abordage.

Débarquer sur le tournage de Naufrages comme on ouvre un livre de contes. Changer d’époque, larguer les amarres de ce monde pour marcher sur les pas d’un peuple de la mer, d’un autre temps et d’un lieu indéterminé. Découvrir, par la même occasion, et si ce n’était pas encore le cas, combien la Corse est une terre de cinéma. Mettre alors le doigt sur son potentiel inépuisable de décors et de ressources humaines et artistiques. Dévaler avec le frein moteur la petite route escarpée de la plage de Ficaghjola. …éviter de ´ tracer droit  dans le ravin malgré la beauté du paysage. Compter quinze minutes de route depuis le ´ centre-village de Piana. Arriver sous un soleil timide sur un grand parking que ce début de saison penserait vide. Que nenni ! Entre deux motos immatriculées en Italie et un camping-car, de nombreuses voitures et des camions. Une petite chaumière aux abords d’un ruisseau, en pousser la porte et y découvrir le repaire de trois maquilleuses professionnelles. Il est 15H et on s’affaire à quelques minutes du début du tournage qui devrait se poursuivre jusque tard dans la nuit. Nous marchons sur les pas des anciens pêcheurs de la commune dont Ficaghjola était la plage. A quelques dizaines de mètres du parking, un restaurant fait office de QG au tournage de Naufrages, une coproduction franco-belge dont le budget tourne autour des 800 000 euros. Un chiffre relativement modeste dans une industrie où les zéros ont tendance à très vite se démultiplier. A peine arrivés sur la terrasse, le personnage principal nous attend de pied ferme : le golfe de Porto. La mer plus que bleue, le ciel de mÍme et les roches rouges de ce cirque où se célèbre à tout heure le mariage de la terre et des cieux. Nous voici dans les loges du deuxième long métrage de Dominique Lienhard, une adaptation libre d’un conte japonais qu’affectionne ce réalisateur.

« Exister différement »

Dans la salle du restaurant, les costumes sont attribués à chaque acteur ou figurant, ces derniers sont ´reconfigurés de pied en cap pour ce voyage dans le temps. Ils sont tous vêtus de lin bleu, quelques dorures et écussons discrets rehaussant la ligne épurée de leurs costumes créés de toute pièce par des couturières de cinéma. Le synopsis du film nous l’indique : nous ne sommes ni en Corse ni aux temps d’aujourd’hui. Cap sur des temps aux confluents du Moyenâge et de la Renaissance. Naufrages nous raconte sous forme de conte philosophique, l’épopée sédentaire d’un peuple de pêcheurs qui, pour assurer leur survie, font de grands feux pour attirer les bateaux jusqu’au naufrage et au pillage. Pour le moment, nous sommes encore sur la terre ferme, il faut emprunter un petit chemin menant à la mer pour arriver sur les lieux de ce tournage d’un mois et demi. Sur notre route, voici Valentin et Thibaut, tout deux éclairagistes sur le film, ils font partie de la quarantaine de techniciens. « Nous venons de terminer l’installation de tous les éclairages pour les séquences de ce soir », explique Valentin. En effet, pour ce onzième jour de tournage, les deux dernières scènes seront réalisées dans la nuit. « Tout le matériel nécessaire a été apporté par la mer », explique le jeune éclairagiste. « Le chemin jusqu’à la plage de Ficaghjola est en effet trop exigu pour y faire passer tout le matériel nécessaire notamment pour la décoration. » ¿ la fin du tournage, tout sera en partie hélitreuillé jusqu’au parking en cas de mauvaise mer. Ce qui frappe en premier lieu, lorsqu’on pose enfin son pied sur le sable tiède de Ficaghjola, c’est la transformation de>> la plage et de ses cabanons de pêcheurs. Hervé Redoules, bien connu en Corse pour ses talents de décorateur, a métamorphosé cette petite anse avec toute son équipe. Devant nos yeux, un village de pêcheurs aux cahutes de bois dominant de charmantes barques. On en viendrait presque à initier une pétition pour que tout cela demeure en l’état après le clap final.

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