SCOLA CORSA

In immersione à u Paese Bascu

L’INSIGNAMENTU IMMERSIVU PRIVATU SI FACE UNA PIAZZA IN CORSICA. DOPU À TRÈ ANNI D’ATTIVITÀ, SERÀ PRUVISTA SCOLA CORSA D’UNA QUARTA SCOLA À A RIENTRATA CHÌ VENE È ACCOGLIERÀ UNA CENTINAIA D’ELEVI, TRÀ U REGHJONE BASTIACCIU, SARRULA È CARCUPINU È CORTI. UN’ANDATURA PROPIU INSPIRATA DI U MUDELLU BASCU MESSU IN ANDA UN MEZU SECULU FÀ È CHÌ CONTA QUIST’ANNU PIÙ DI QUATTRU MILLA ZITELLI SCULARIZATI, DA A SCOLA MATERNA À U LICEU. PAESE BASCU INDUV’ELLA S’HÈ RESA UNA DELEGAZIONE DI PARENTI È MAESTRE DI SCOLA CORSA, À L’INVITU DI L’EURODEPUTATU FRANÇOIS ALFONSI, DA SCAMBIÀ IN GIRU À E PRATICHE È I METODI PEDAGOGICHI CÙ A FEDERAZIONE SEASKA. RITORNU NANT’À STU VIAGHJU DI STUDIU IN CUMPAGNIA D’ANNA CATALINA SANTUCCI, DIRETTRICE È COORDINATRICE DI A RETE SCOLA CORSA.

Intervista realizata da Petru Altiani

Anna-Catalina Santucci, que retenez-vous de votre voyage d’études au Pays basque avec Scola Corsa ? 

Le bilan est très positif ! Nos partenaires basques nous ont, comme d’habitude, réservé un accueil chaleureux et professionnel. Le premier jour, nous avons participé au festival Herri Urrats qui signifie « la marche du peuple » qui vise à recueillir des fonds pour financer leurs établissements scolaires ; les bénéfices de cette édition seront consacrés à la construction du cinquième collège Seaska. Nous y avons rencontré des parents bénévoles qui organisent l’événement et tiennent des stands de restauration et d’animation pour les enfants 100% en langue basque. Sur les différentes scènes se produisent des groupes allant de la pop à l’électro, en passant par le heavy métal… tout cela encore une fois en basque. Une journée festive assez incroyable ! Environ 50 000 personnes s’y rendent chaque année et c’est très impressionnant de voir l’énergie et la force qui se dégagent de ce festival. Petit moment d’émotion également lorsque nous a été présentée la première enseignante du réseau qui a assumé leur première classe immersive en 1969. Le lendemain, la journée a été consacrée à des échanges avec le président, le directeur administratif, le directeur pédagogique et une maman d’élève ; mais également des observations de classe suivies de discussions avec des conseillers pédagogiques et des enseignantes sur le thème de l’apprentissage de la lecture. 

Ce n’était pas le premier déplacement ; confronter les réalités et expériences mutuelles est-ce, selon vous, la clé pour solidifier la démarche de chacun ? 

Effectivement, c’est notre deuxième voyage au Pays basque. Nous nous sommes également rendus en Occitanie dans les écoles Calandreta et, en délégation plus réduite, à Sète et Strasbourg pour les assemblées générales d’Eskolim (Réseau des écoles associatives d’enseignement des langues régionales en immersion) et de l’ISLRF (Institut supérieur des langues de la République française) ainsi que pour assister au congrès de l’ISLRF ; 9es rencontres de l’immersion. De plus, nous organisons régulièrement des formations pour nos enseignantes titulaires et nos élèves stagiaires – qui sont formés en partenariat avec l’AFPA de Corse – en visioconférence avec le centre de formation occitan Aprene. Ces partages d’expériences sont essentiels car les discussions se réalisent avec des spécialistes du système immersif associatif, qui pour la plupart ont ouvert leurs premières écoles il y a plus de 40 ans, ils ont donc tant à nous apporter et le font toujours avec bienveillance. Et nous en tant que dernier-né du réseau Eskolim – qui regroupe 6 fédérations : Seaska (basque), Diwan (breton), Calandreta (occitan), ABCM-Zweisprachigkeit (allemand et alsacien), La Bressola (catalan) et donc Scola Corsa (corse) – nous sommes peut-être parfois l’aiguillon qui permet, en soulevant certains sujets qui semblent pour eux couler de source, d’amener à une réflexion complémentaire au sein de leur organisation.

Chaque rencontre, qui se déroule toujours dans un climat chaleureux et bienveillant, permet de recharger nos batteries, de relancer la motivation en nous sentant unis face aux diverses difficultés que nous pouvons rencontrer et de consolider les liens qui nous unissent.

 

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans le dispositif d’enseignement immersif basque ?

Ce que je trouve le plus marquant est la foi qu’ils ont tous en leur modèle, des parents au président, ainsi que l’engagement et la cohésion qui en découlent. La participation des parents à la gestion des 38 écoles existantes et à l’organisation des événements tels que Herri Urrats est l’essence même de leur modèle, les ikastolak existent grâce au bénévolat des parents. Ils savent d’emblée en inscrivant leur enfant dans cette démarche que leur implication doit être pleine et entière. Ils ne sont pas de simples consommateurs de l’école mais des participants actifs, ils doivent s’impliquer en faisant a minima partie d’une commission (entretien, événements…) ou du bureau de l’association de leur ikastola mais également en participant obligatoirement à la recherche de fonds et au ménage des locaux. Le fait que les parents s’impliquent et soient présents lors des projets liés à l’ikastola induit un rapport particulier des enfants à celle-ci. C’est leur école, ils en portent le « maillot » avec fierté et cela a sans aucun doute un effet positif sur leur implication dans les apprentissages. 

Outre cette portée populaire et fédératrice, Herri Urrats permet à Seaska d’assurer une part significative de son autofinancement. Comment appréhendez-vous cette question ?

Herri Urrats est le plus gros événement dont les bénéfices sont reversés à Seaska mais ce n’est pas le seul. Une partie du financement provient également de dons – particuliers et entreprises – et de subventions ainsi que de la participation des mairies par le versement du forfait communal. Nous utilisons les mêmes leviers et nous remercions tous ceux qui ont d’ores et déjà soutenu Scola Corsa. Nous avons notamment réussi une belle campagne de crowdfunding, qui est toujours en cours et qu’il est possible de retrouver sur le site HelloAsso pour celles et ceux qui souhaitent participer à ce projet éducatif. 

Après deux ans, quel premier bilan pouvez-vous dresser de la mise en place de ce dispositif dans l’île ?

Le bilan est extrêmement positif. Nous constatons d’excellentes acquisitions langagières dès la première année de fréquentation pour nos élèves mais pas uniquement, les acquisitions sont très bonnes dans tous les domaines d’apprentissages. En effet, les vertus du plurilinguisme sur le développement cognitif ne sont plus à démontrer. Le retour des familles est également élogieux. Un mémoire universitaire en cours ayant proposé un questionnaire anonyme aux parents a recueilli quasiment 100% de réponses avec un taux de satisfaction compris entre 80 et 100%. L’engouement sociétal qui s’est traduit par une forte participation à notre campagne de collecte de fonds est incontestable et nous recevons de plus en plus de demandes d’ouvertures d’écoles. 

Quelle est la réponse des pouvoirs publics pour accompagner votre démarche ?

Les mairies qui nous accueillent sont de véritables partenaires et le soutien de la Collectivité de Corse à travers une subvention votée à l’unanimité, nous est extrêmement précieux. 

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