Racisme en Corse : le miroir d’une inquiétude nationale- Sondage exclusif Paroles de Corse – Opinion of Corsica – C2C Corse
Par Caroline Ettori
Entre perception locale et chiffres nationaux, la Corse offre un prisme singulier pour appréhender les dynamiques du racisme en France. Notre récent sondage interroge les Corses sur leur vécu et leur regard sur ces discriminations, dans un contexte marqué par une augmentation constante des infractions à caractère raciste.
Alors que la France a enregistré en 2024 plus de 16 000 infractions à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux, un chiffre en hausse de 11% par rapport à 2023, la Corse, elle, n’échappe pas à cette tendance préoccupante. Le sondage mené récemment dans l’île révèle des perceptions contrastées, entre banalisation et prise de conscience croissante.
Des opinions divisées
Si une majorité des personnes interrogées reconnaît l’existence du racisme dans la société insulaire, elles sont bien moins nombreuses à l’identifier dans leur environnement immédiat. Ce phénomène du « pas chez moi », déjà observé au niveau national, traduit un décalage entre la reconnaissance d’un problème global et la réticence à l’admettre dans son propre cercle social.
Lorsqu’on interroge les Corses sur l’évolution du racisme, la majorité (54%) estime qu’il est resté identique au cours des dix dernières années. Un quart (27%) pense qu’il a diminué, tandis que 16% considèrent au contraire qu’il est plus présent qu’avant. Ces chiffres suggèrent une perception relativement stable, mais ils contrastent avec les statistiques nationales qui font état d’une progression continue des infractions à caractère raciste. En effet selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure, la Corse a été affectée à la classe des régions ayant en moyenne entre 1,1 et 2,1 crimes ou délits « à caractère raciste » pour 10 000 habitants pour la période 2022-2024.

En outre en matière d’exposition directe, 21% des répondants déclarent avoir été témoin, victime ou les deux d’actes racistes en Corse. Le silence majoritaire, 75% disent n’avoir jamais été confrontés à de tels actes, interroge, dans un contexte où la parole se libère difficilement sur ces sujets sensibles.
Répression et éducation
Par ailleurs, les moyens de lutte privilégiés par le panel relèvent essentiellement de la répression avec la mise en place de sanctions plus strictes contre les actes racistes et le renforcement des lois contre la discrimination (63%). L’accompagnement des victimes est également envisagé par 45% des sondés à travers la création de plateformes de signalement accessibles afin de faciliter le dépôt de plaintes et les témoignages. Le dialogue entre communautés, des efforts en matière d’éducation et une meilleure formation des forces de l’ordre font aussi partie des leviers de lutte mentionnés.
Ainsi la Corse, à travers ce sondage, s’inscrit pleinement dans la problématique nationale du racisme : une montée des actes, une faible judiciarisation, une banalisation sociale. L’urgence dans ce cas n’est pas seulement statistique : elle est sociale et politique. Rompre le silence, former les acteurs publics, accompagner les victimes… Autant de chantiers ouverts pour que la Corse ne bascule pas dans un aveuglement coupable.
Sondage Exclusif Paroles de Corse – Opinion of Corsica – C2C Corse Toute reprise totale ou partielle doit impérativement utiliser la mention complète. Étude réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 505 habitants de Corse âgés de 18 ans et plus. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de département de résidence. Pour cette taille d’échantillon, la marge d’incertitude est de 3 à 5 points.
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