Qui veut la mort du Parc ?

Un refuge brûlé. « Le silence ou le cercueil » intimé aux  agents de la réserve de Scandola. Des bombages flétrissant  son conservateur, par ailleurs anonymement menacé de mort. Climat délétère. Un redoutable défi est lancé à une structure qui s’oppose à la captation et aux appétits  d’intérêts privés.  E

Par Jean Poletti

L’image bucolique du Parc est désormais  flétrie. Derrière le cliché carte postale se trame une volonté de briser un équilibre entre protection et développement, au profit de velléités purement mercantiles. La montagne, ses randonnées tant prisées et internationalement encensées, est par certains perçue par le petit bout de la lorgnette du profit. La nouvelle politique d’équité, de rigueur et de transparence fait grincer quelques dents. La cogestion des refuges en est l’une des pierres angulaires Concrètement ? La présence d’agents aux côtés des gardiens.  Chez ces derniers, d’aucuns avaient rué dans les brancards devant cette « surveillance »  dévolue à prévenir ou mettre un terme à d’éventuels excès. Une sorte de tutelle sur le privé par l’institution, ayant un rôle de sentinelle du respect des  règles et de l’intérêt général. A cette initiative se doubla l’annonce de mise en concurrence pour l’attribution des  postes de gestionnaires des refuges. Bref cesser d’en faire une rente sans contrôles ni cahier des charges.  Tout cela suscita on le sait des remous. Ils eurent comme point d’orgue  l’incendie de L’Ortu di u Pibbu. Situé sur les hauteurs de Calenzana, il était l’un des deux seuls refuges  du GR20, dont la délégation de service public n’avait pas encore été attribuée ! Vous avez dit bizarre ? En toute hypothèse la religion du président Jacques Costa ne souffre d’aucun doute : L’acte est d’origine criminelle. Lâche et indigne.

Le temps des rapaces

Personnels, élus et partenaires du Parc font front commun pour flétrir l’exaction et marteler que rien ne les fera dévier de la stratégie initiée.  Petr’Anto Tomasi, au nom de la collectivité de Corse, ou encore François Sargentini  pour l’Office de l’environnement et bien d’autres dirent et soulignèrent que le cap sera maintenu. Il s’inscrit pleinement dans une approche démocratique et vertueuse de notre patrimoine.

Des cimes éthérées au littoral  le théâtre d’ombres semble similaire. Les salariés de Scandola, vigiles de cette  réserve, sont également la cible de ceux pour qui protection des sites et de la biodiversité  relèvent exclusivement de l’interdiction d’abonder sans entraves  le tiroir-caisse.  Missives anonymes, pressions, incitent au mutisme et à la mise en sourdine de ces lanceurs d’alerte.  Femu a Corsica, par la voix de son représentant Jean-Felix Acquaviva, eut les mots justes  pour définir une approche  globale. Elle transcende  à l’évidence une tentative de coercition, certes unanimement condamnée, pour atteindre les rivages de l’essor partagé et harmonieux de notre ile.  Lors d’un  récent rassemblement à Galéria, édiles et citoyens, se dirent prêts à un ralliement derrière une bannière affichant en étroite symbiose développement touristique et préservation de l’environnement. Cela fut le socle et le cœur des échanges qui se déroulèrent  lors de cette manifestation de la raison. Dou le solennel avertissement : « Le défi doit être relevé dans la convergence la plus large des forces vives  et associatives. Ce qui se passe a Scandola  s’étendra  progressivement et rapidement dans tous les sites  confrontés à la même problématique. »

L’impérieux équilibre

Vue de l’esprit ? Nullement.  Sauf à être d’une patente mauvaise foi, chacun sait  que le possible peut rejoindre le souhaitable. A condition de fixer des points d’équilibre, et refuser les initiatives prédatrices. Celles qui intimident pour assouvir leur appétit. Sans se soucier  de la destruction irréversible d’un patrimoine commun.  Qui par essence et définition ne leur appartient pas.  

Finalement, ces deux affaires  brutalement projetées sur l’avant-scène sociétale, lèvent  une partie du voile sur ce qui se trame dans un clair-obscur des prébendes ayant la crainte et l’intimidation pour alliées.

Oui le littoral  devient un enjeu économique majeur, drainant en  vagues  sans cesse plus fortes des tentatives d’accaparement. Mais depuis quelque temps l’intérieur aussi s’ouvre à une fréquentation qui renvoie à une nouvelle forme de loisirs.  Cette ruralité si souvent ignorée, folklorisée, peut devenir source de bénéfiques retombées financières.

Les dagues et le gâteau

Tels l’ont bien compris. Ils tentent de s’imposer à la table des agapes,  m’hésitant pas à sortir  les dagues pour s’approprier la plus grosse part du gâteau.

Da la piaghja  o da li monti, des forces occultes sont mobilisées pour que les diverses opportunités naturelles se fondent dans le creuset qui  les transforment en euros. Comme le disait dans un raccourcit saisissant mais explicite Dominique Bucchini «  Le fric, le fric, le fric ».  Le reste n’est que littérature et sornettes  doppu a cena.    

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