LES LAURIERS DU TENNIS INSULAIRE ET DE SON PRÉSIDENT

Giudicelli

À 57 ans, Bernard Giudicelli, président de la Ligue Corse de Tennis et secrétaire général de la Fédération française vient d’être élu, le 26 septembre dernier, au Board, de la plus haute instance du tennis mondial. Une nouvelle partie à jouer pour ce passionné. Jeu, set et match ? 

 

Pouvez-vous dresser un bref état des lieux du tennis corse?

Nous donner quelques chiffres clés ? La Ligue Corse de tennis compte 3 900 licenciés avec une majorité de jeunes, 34 clubs répartis sur toute l’île qui comptent chacun un nombre de courts variable, et la ligue dispose également depuis maintenant plus d’un an d’un centre de ligue qui se situe à Lucciana, où nous avons 2 courts couverts et 4 courts extérieurs en terre battue. La qualité de ces infrastructures est varia-ble, elle dépend de la nature du foncier, ou plus précisément de la nature juridique des clubs : il y a des clubs associatifs privés, d’autres strictement privés, d’autres encore qui sont des clubs muni- cipaux, (et disposent donc de moyens très différents). Globalement ce sont des clubs où la pratique du tennis a lieu régulièrement, donc plutôt en bon état là où ce sont des clubs affiliés. Sur le centre de ligue, là ce sont des installations neuves, si ce n’est que les cours en terre battue doivent être rénovés car ils ont été dévastés par la crue de novembre 2014. Les travaux de rénovation devraient commencer très prochainement.

Chez les jeunes, on connaît Laurent Lokoli, Clotilde de Bernardi, au niveau international, y a-t-il d’autres jeunes espoirs insulaires qui apparaissent ? Et que fait la ligue pour les accompagner ?

Avoir réussi pour une ligue comme la nôtre à promouvoir des jeunes de ce niveau est assez exceptionnel, aujourd’hui pour une région de notre taille, c’est une vraie réussite. Nous avons aussi un autre jeune qui fait partie d’une structure d’entraînement national, c’est Lisandru Rodriguez, qui est en pôle France à Poitiers, et il y a aussi d’autres jeunes qui sont en train de «pousser» et de suivre le chemin de ceux que vous avez cités. Au niveau encadrement, la Ligue Corse dispose de 3 techniciens : un CTR (Coordinateur Technique Régional), un entraîneur fédéral et une conseillère sportive territoriale basée en Corse- du-sud, à Ajaccio. Nous avons une politique spor- tive, avec une quinzaine d’enfants entraînés, qui font partie de notre élite et qui bénéficient ici à la fois d’heures d’entraînement et de formation, mais aussi d’un programme de compétitions qui se déroulent à la fois en Corse et sur le continent. Chaque enfant a ses propres objectifs de progression qui sont définis par le bureau de la Ligue.

L’organisation de tournois nationaux sur le territoire insulaire joue-t-elle un rôle dans cette dynamique ?

Pas vraiment; il y a aujourd’hui un tournoi qui est organisé sur le niveau international, à Ajaccio, celui du Mezzavia Tennis Club. C’est une vitrine surtout qui est faite pour la Corse auprès du tennis international, maintenant il faut bien distin- guer ce type de manifestation qui concerne des joueurs qui ont un classement ATP avec nos jeunes joueurs qui sont eux sur le chemin du niveau national. On ne peut pas dire qu’il y a un impact direct, en revanche en termes d’image c’est très positif.

Vous êtes président de la Ligue Corse, secrétaire général de la Fédération nationale, membre élu du conseil d’administration de la Fédération internationale, qu’est-ce qui vous motive pour être présent dans ces instances nationales et internationales?

Ce qui me motive? Tout d’abord quand on aime le tennis et que le tennis est sa passion, on a envie d’influer au plus haut niveau sur son développement et sur les grands enjeux que sont la Coupe Davis et la Fed Cup pour les compétitions par équipe et les tournois du grand chelem en ce qui concerne les compétitions individuelles. Ensuite, on acquiert au fil des ans un certain nombre de compétences qui sont reconnues par ses pairs et qui font qu’on se voit confier un certain nombre de responsabilités. Cela fait maintenant 24 ans, depuis 1991, que j’ai gravi un certain nombre d’échelons qui m’ont amené à occuper aujourd’hui cette fonction de secrétaire général de la Fédération, qui par définition seconde le président dans la plupart de ses tâches. Pour le niveau international, c’est peut-être un peu différent, il s’agit de contribuer à l’audience du tennis français dans le monde. La Fédération française fait partie des 4 pays qui organisent un tournoi du grand chelem, en l’occurrence Roland Garros ; ces tournois du grand chelem sont qualifiés de « pilier du jeu », à la fois pilier historique mais aussi pilier économique, et il est donc de notre point de vue important d’être représenté au plus haut sommet du tennis mondial.

Vous avez été désigné à l’unanimité par le comité de direction de la FFT pour être le candidat français au Board de l’ITF (Conseil d’administration de la Fédération internationale), l’avez-vous vécu comme une reconnaissance ?

Oui, bien sûr, je l’ai vécu surtout comme une reconnaissance de mes capacités, c’est cela qui est important. Le fait qu’après avoir été désigné à l’unanimité par le comité de direction au mois d’avril, avoir été élu en 3e position au mois de septembre par l’AG de la Fédération internatio- nale, est venu confirmer cette reconnaissance au niveau mondial. C’est cela sans aucun doute le plus intéressant, quand on est comme moi engagé dans cette voie.

Vous êtes également candidat à la succession de Jean Gachassin qui ne se représentera pas à la tête de la Fédération nationale, quel est votre projet pour le tennis français ? Porterez-vous un projet particulier pour la Corse ?

Je ne suis pas exactement «candidat», je dis que « je me prépare » à occuper ce poste car depuis 2014, nous avons modifié nos statuts et alors que nous avions un comité directeur de 45 membres nous devrons élire aux prochaines élec- tions qui auront lieu en février 2017 un comité exécutif de 18 membres. Donc se préparer à ce poste n’est pas une aventure individuelle, mais bien une aventure collective puisqu’il faut proposer à l’AG une liste composée de 18 personnes pour le comité exécutif et de 32 personnes pour le conseil supérieur du tennis. Les nouveaux statuts veulent que le numéro un de la liste, si elle est élue, devient automatiquement le président de la Fédération. Voilà pourquoi je dis que je me prépare, car il faut à la fois réunir un certain nombre de soutiens et de participants à cette action. Concernant mon projet, je ne pense pas aujourd’hui que le président de la Fédération, élu, doit avoir une attention toute particulière pour sa région d’origine, il doit avoir une attention particulière pour toutes les régions.

Avec une priorité ?

Oui. Le principal projet que je porterai est surtout de terminer le projet de rénovation du stade Roland Garros qui commence aujourd’hui, et dans le même temps de mettre en œuvre un projet sportif ambitieux qui fasse que l’on puisse retrouver à très brève échéance des Français au plus haut niveau et qu’ils remportent des titres qui nous manquent cruellement, notamment chez les garçons depuis plus de 30 ans. Il doit y avoir au niveau de tout le territoire une véritable nouvelle politique sportive qui permette avec les moyens que nous procure le tournoi de Roland Garros de nourrir des ambitions et d’obtenir des résultats aux meilleurs termes.

Karine Casalta

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