Jean-Antoine Brian-Mattei

A FURMAZIONE PER TUTTI

À l’instar de grands noms du Web, ce n’est pas dans le système scolaire que Jean-Antoine Brian-Mattei a pu s’épanouir. Après quelques expériences professionnelles, c’est en 2010 qu’il rejoint le cabinet ICSOS Consultants créé par sa mère, Jacqueline Mattei. Fort de son expérience dans la formation des entreprises, le conseil et l’ingénierie, Jean-Antoine amorce aujourd’hui le virage du numérique en créant une plateforme en ligne, Furmazione.com. Un nouvel outil dans le paysage insulaire de la formation. Pour Paroles de Corse, il nous livre son expérience de créateur d’entreprise, non dénuée d’éclectisme, de créativité et de persévérance.

Par Anne Catherine Mendez

Jean-Antoine, quel a été votre parcours ?

J’ai un parcours atypique, j’ai quitté le système scolaire classique en 3e pour préparer un CAP d’électricien en alternance. À l’âge de 18 ans, je me suis engagé dans la Marine nationale pour devenir guetteur au phare de Pertusato, et oui cela ne s’invente pas. Au bout de deux ans d’activités, j’ai repris mes études, passé mon bac en candidat libre et ai suivi un BTS en management d’unités commerciales. J’ai été recruté immédiatement par une grande surface à Porto-Vecchio en tant que manager de produits frais.

Deux ans plus tard, ces différentes expériences professionnelles ont été un tremplin pour intégrer le cabinet de conseil ICSOS Consultants, créé par ma mère dans les années 90 qui depuis mon arrivée a pris sa retraite. J’assure la direction de cette entreprise qui est spécialisée en formation, en conseil auprès des entreprises dans le domaine du droit du travail, de la santé, des ressources humaines…

Mon parcours, qui peut paraître pour certains chaotique, m’a permis je pense d’avoir rapidement une maturité professionnelle, et je me suis adapté rapidement à l’entreprise.

Quel a été le point de départ de la création de la plateforme Furmazione ?

Au départ, je souhaitais créer un outil de gestion interne pour le cabinet ICSOS, afin d’améliorer l’organisation de nos sessions de formation. Je me suis vite rendu compte que notre outil pouvait intéresser les autres centres de formation en Corse. En mars 2019, nous avons donc lancé avec mes deux collaborateurs une plateforme en ligne : furmazione.com.

Cette plateforme regroupe une vingtaine de partenaires sur l’ensemble de la région. Nous mettons en ligne l’ensemble des formations qui correspondent aux besoins, à la localisation et aux disponibilités des stagiaires.

Le site Furmazione propose une visibilité sur une offre variée et permet de trouver des créneaux en temps réel. Par exemple, le site permet de s’inscrire pour passer son permis bateau, ou suivre une formation en permaculture. En présentiel ou en ligne.

Le secteur de la formation comme tous les autres secteurs de l’économie n’échappe pas à la révolution numérique. Avec un nouveau cadre réglementaire, et l’évolution rapide des apprenants et des entreprises, la transformation digitale va s’accélérer.

Aujourd’hui, nos clients sont à la recherche de formations plus accessibles, flexibles et en phase avec l’évolution de leur métier. Les particuliers ou les entreprises ont des attentes qui correspondent aux usages de la nouvelle économie.

« Je clique et je m’inscris à la formation dont j’ai besoin » a été notre leitmotiv pour créer notre plateforme.

Pour se différencier, les entreprises de formation sont amenées à accroître leur visibilité, le numérique offre cette possibilité.

Les codes changent, les mentalités aussi, il faut savoir s’adapter.

Comment vos concurrents ont-ils réagi ?

Je ne les vois pas comme des concurrents mais plutôt comme des partenaires. Sur l’ensemble de la région, une vingtaine de centres ont saisi l’opportunité de visibilité que soumet le site et collaborent avec nous. Aujourd’hui, 315 sessions de formation sont ouvertes, soit environ 7 500 heures. Un centre sur la Haute-Corse a pu développer son chiffre d’affaires grâce à la plateforme. Quand je mets en ligne une formation en présentiel sur Venaco et que la session se remplit sans passer un coup de fil, je me dis que nous sommes sur la bonne voie.

Évidemment, l’aspect communication est très important et passe essentiellement par les réseaux sociaux. Il faut pouvoir toucher toutes les cibles y compris les plus jeunes.

Quel est votre regard sur la formation professionnelle en Corse ?

La Corse bénéficie d’une offre de formation dont elle n’a pas à rougir. Pour exercer mon métier dans d’autres régions, nous avons un petit temps de décalage mais qui est très vite rattrapé, et dans certains domaines, nous sommes plutôt innovants.

En revanche, au regard des retours de salariés ou de demandeurs d’emplois, il est parfois compliqué d’avoir une cartographie la plus complète possible de l’offre.

Le « e-learning », c’est-à-dire l’apprentissage à distance a du mal à se développer dans les grandes villes comme Ajaccio ou Bastia, en revanche pour le monde rural, un réel besoin se fait sentir. Le « e-learning » demande également un lourd investissement dans le développement numérique pédagogique, ce ne sont pas des cours que l’on met à disposition des stagiaires par mail, l’interaction doit être essentielle. Dans ce domaine également, la révolution est en marche, et cet aspect ne doit absolument pas être négligé par les centres de formation.

Si en Corse, nous ne créons pas nos propres outils, nous serons vite envahis par de nombreux centres venus d’ailleurs, ce serait dommage car nous avons réellement notre rôle à jouer pour le développement de notre territoire. Quand on parle de formation, on parle d’employabilité, et tout l’enjeu est là il me semble !

Avez-vous des regrets ?

Je n’ai aucun regret. Je pars de loin, j’ai dix ans d’expérience professionnelle. Je me remets en question mais je n’ai pas de regret.

Et votre plus grande fierté ?

Ma plus grande fierté est d’avoir réussi à fédérer autour d’un projet commun une vingtaine d’entreprises œuvrant dans le domaine de la formation.  

L’avenir me dira si je suis dans le vrai.

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