Impôts: Une Corse sous pression – Sondage Exclusif Paroles de Corse – Opinion of Corsica – C2C Corse
Les chiffres sont sans appel. Selon notre sondage réalisé auprès d’un échantillon représentatif de la population insulaire, les Corses expriment un ressenti particulièrement vif face à la question des impôts. Hausse perçue, sentiment d’injustice, défiance envers la gestion publique, l’enquête révèle une relation tendue entre les contribuables et le système fiscal.
Par Caroline Ettori
À l’heure où plusieurs hausses effectives viennent impacter les ménages, l’état de l’opinion apparaît aussi cohérent que préoccupant. Première tendance forte : près de huit Corses sur dix (78%) estiment que les impôts ont augmenté ces dernières années, dont 31% «beaucoup». Un chiffre massif qui dépasse largement les seules évolutions objectives des taux. Cette perception traduit à la fois l’impact des réformes récentes et un climat généralisé de tension autour du pouvoir d’achat. Sur une île où les dépenses contraintes sont déjà lourdes, coût de la vie, logement, transports, toute variation fiscale, même modeste, est ressentie comme un alourdissement direct du quotidien. À l’inverse, seuls 20% des sondés estiment que les impôts n’ont pas vraiment augmenté.
Des impôts jugés largement injustes
Plus frappant encore, l’idée d’une fiscalité inadaptée et injuste traverse massivement l’opinion. À la question de savoir si les impôts sont «justes» au regard des services publics reçus, la réponse est nette : 73% répondent non. Près d’un tiers affirme même que cette injustice est «totale». À peine 14% estiment la situation acceptable.
Cette disproportion indique que le malaise ne porte pas uniquement sur le poids des prélèvements, mais aussi, et peut-être surtout, sur le rapport coût/service rendu. Les attentes en matière de santé, de routes, de transports, d’éducation ou encore d’accès aux services administratifs sont particulièrement fortes en Corse où l’insularité amplifie les besoins comme les frustrations. À tort ou à raison, une large majorité de citoyens a l’impression que sa contribution fiscale ne se traduit pas suffisamment dans le concret.
La confiance publique en panne
Le troisième enseignement est tout aussi sévère. Interrogés sur l’usage des impôts par l’État et les collectivités, 71% des répondants déclarent n’avoir pas confiance. Un tiers assume une défiance totale. Seul un quart de la population (26%) exprime un degré de confiance, souvent modéré.
Cette distance entre citoyens et institutions n’est pas nouvelle, mais elle se renforce dans un contexte où les débats sur l’autonomie, la gouvernance locale ou la transparence des finances publiques occupent une place croissante. L’impression diffuse d’un argent mal employé, d’une fiscalité qui ne revient pas au territoire, nourrit un scepticisme durable.
Un paysage fiscal sous haute tension
Ces résultats ne surgissent pas dans le vide. Ces dernières années, plusieurs paramètres fiscaux ont effectivement évolué : hausse du cheval fiscal, revalorisation des bases, relèvement des droits de mutation… Autant de signaux qui renforcent mécaniquement le sentiment d’une pression accrue.
L’équation est d’autant plus délicate que les finances locales, comme nationales, sont sous tension. Pourtant, si les pouvoirs publics souhaitent retisser le lien autour du consentement à l’impôt, il leur faudra entendre ce signal : celui d’une population qui accepte difficilement de payer plus lorsqu’elle a l’impression de recevoir moins.
Sondage Exclusif Paroles de Corse – Opinion of Corsica – C2C Corse Toute reprise totale ou partielle doit impérativement utiliser la mention complète. Étude réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 505 habitants de Corse âgés de 18 ans et plus. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de département de résidence. Pour cette taille d’échantillon, la marge d’incertitude est de 3 à 5 points.

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