Groupe Cuscenza  « Da scunghjurà a sorti » – Un deuxième album qui réveille les consciences

Par Karine Casalta

Cuscenza, c’est quinze musiciens et chanteurs cimentés par une solide amitié et une passion commune qui les animent ! La passion de leur terre natale, leur culture, et leur langue. Créé par des étudiants à Corte en octobre 2015, le groupe s’était fait connaître en 2019 avec un premier album « Da francà u mali » produit par Ricordu. Après plusieurs mois d’absence, il revient aujourd’hui sur le devant de la scène avec un deuxième album, « Da scunghjurà a sorti »,autoproduit et autonome, sorti le 8 décembre dernier. 

Dans la continuité de leur premier opus, le groupe qui a gagné en maturité met à nouveau l’accent avec ce nouvel album sur les problématiques auxquelles la Corse est plus que jamais confrontée. Cuscenza y porte « en conscience » si l’on peut dire, un regard intransigeant sur la société corse. Osant en dénoncer les dérives mais aussi désireux d’en affirmer les valeurs, le groupe nous partage au fil des titres sa réflexion sur des sujets comme la mondialisation, l’argent roi, la voyoucratie, ou la religion. « Sur la pochette du premier album, nous pouvions voir un jeune enfant plein de vie et d’espérance, un peu naïf qui avait l’avenir qui s’ouvrait devant lui. Aujourd’hui, cet enfant a grandi, a mûri, il est devenu un adolescent, et voit les problématiques sociales et sociétales qui touchent son pays, la Corse : la mafia, la drogue, la spéculation immobilière, la violence… Il voit tout cela et se demande de quoi sera fait son avenir. »

Un album éminemment politique, désireux de réveiller les consciences mais qui se veut aussi porteur de valeurs fortes et d’espoir, dont nous a parlé Thomas Wingert, un des membres du groupe. 

Pourquoi ce nom Cuscenza ?

Outre le fait que ce nom est en partie inspiré du titre d’une chanson d’un groupe corse que nous aimions énormément, il définit bien également notre état d’esprit général : nous sommes chacun attachés à notre terre, notre culture, notre langue, et il nous semble important d’avoir conscience de la chance que nous avons de pouvoir vivre et évoluer ici en Corse, tant professionnellement qu’avec notre passion pour la musique. 

Après un premier album en 2019, vous signez ce 2e album, que s’est-il passé entre les deux ?

Après notre premier album, que nous n’avons pu présenter qu’une fois en concert devant le public à Ajaccio, le Covid est arrivé qui nous a empêchés durant un long moment de nous réunir. Mais nous avons profité de ce temps que nous avions pour travailler chacun de notre côté, pour composer, écrire des textes, des musiques. C’est ainsi que par la suite, nous avons décidé d’utiliser tout ce travail pour en faire ce nouvel album. 

Au fil de vos chansons, des thèmes forts sont abordés, une réflexion sur la société insulaire, la religion, les racines, etc. Ce sont des messages qui vous tiennent à cœur de faire passer ? 

Oui, l’album aborde des thèmes sociétaux forts, comme l’enracinement, la mafia, la drogue, la spéculation immobilière, la violence qui pour beaucoup se retrouvaient déjà sur le 1eralbum. Des thèmes importants et puissants que nous avons décidé d’aborder sans nous mettre de barrières, et de façon plus profonde, que ce soit au niveau des textes que de la musicalité. Tout est en effet plus élaboré, plus mature et reflète ce que nous sommes et comment nous avons évolué. Il est important pour nous de prendre conscience de ces sujets et de nous poser des questions sur l’état de notre société. Nous l’avons fait ici de façon plus abrupte que sur le 1er album. Car, comme le jeune garçon un peu naïf qui apparaissait sur la pochette du premier album, nous avons grandi et mûri, certains d’entre nous sont devenus papa, ce qui nous pousse à ouvrir les yeux sur l’état de la société dans laquelle nous vivons, et à nous poser des questions : « de quoi est fait notre avenir ? » Une prise de conscience qui est aussi porteuse d’espoir, car le constat posé, nous pouvons nous saisir de ces questions pour agir, en nous demandant ce que nous pouvons faire, que ce soit personnellement ou collectivement, pour améliorer les choses.

Mais attention, nous ne donnons pas de leçon. Il appartient à tout un chacun de s’emparer de ces sujets pour y apporter des réponses. 

Vous êtes 15 musiciens et chanteurs, c’est beaucoup pour un groupe, comment vous accordez-vous tous pour travailler ? Ce n’est pas trop difficile de concilier la musique avec vos emplois respectifs ? 

Il est vrai que c’est parfois un peu compliqué de réunir le groupe au complet. Côté artistique, chacun contribue et peut proposer des textes ou des musiques. Et nous nous réunissons très régulièrement pour répéter mais aussi pour aborder des détails d’organisation et de fonctionnement. Après la période Covid, nous avons mis en place une certaine discipline. Nous avons restructuré le fonctionnement du groupe et nous travaillons de façon un peu plus collaborative avec chacun un rôle dans l’organisation pratique : comme on a produit de A a Z notre album, il a fallu nous organiser, tant pour la préparation de l’enregistrement, l’enregistrement, la distribution, puis la communication, nous faisons donc des mises au point régulièrement. Et pour l’instant, ça marche plutôt bien de cette façon.

Comment envisagez-vous la suite ?

Nous avons pratiquement tous un métier à côté, la musique est la passion qui nous réunit tous au-delà de notre amitié, car nous sommes tous très amis, et on est heureux de faire ça tous ensemble. Notre but est de pouvoir présenter notre travail à ceux qui nous suivent et nous aiment. C’est ainsi que l’album est sorti sur les plateformes de streaming le 6 février, et ce qui nous tient à cœur, c’est de le partager sur la scène. Nous avons déjà plusieurs concerts prévus pour le présenter dans les mois qui viennent : les 27 et 28 avril à Ajaccio à l’Espace Diamant, puis mai, juillet et août dans toute la Corse. Le contact avec les gens, vivre des moments qu’on n’a pas pu vivre pendant deux ans, ça c’est vraiment important pour nous. Et bien sûr, on espère tous par la suite pouvoir continuer à écrire, à composer, et pourquoi pas proposer d’autres albums pour pérenniser notre travail et continuer à se faire plaisir. 

Si vous deviez décrire votre dernier album en trois mots ?

Sincère, d’actualité, et porteur d’espoir, car comme je l’ai dit, prendre conscience de ces sujets c’est se placer en mesure d’agir pour un avenir meilleur !

Gruppu Cuscenza :
Pierre-Louis Pariggi : ghitarra

Fabien Pardies & Julien Petit : ghitarra bassa

Ghjaseppu Mambrini : ghitarra, mandulina, acconci 

Baptiste Capai : ghitarra, mandulina è Cantu

Thomas Pellegrini : ghitarra

Emilie Cianchetta : viulinu 

Thomas Bouchet : batteria

Canti : Alexandre Luciani, Francescu Andria Luccioni, Jean-Dominique Poli, Simon’Paulu Ferrandi, Martinu Squarcini, Michel Forte, Jean-Louis Ghiddi, Marc-Alexandre Benetti, Thomas Wingert. 

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