ÉLISA ALLARI CHOISIT LA LIBERTÉ DE TRANSMETTRE
ANZIANA UNIVERSITARIA, CRUNISTA LITERARIA È ORAMAI À U CAPU D’UN SCAGNU DI FURMAZIONE, ELISA ALLARI HÀ CAPPIATU U CUNFORTU DI U SALARIATU PER L’AVENTURA DI L’INDIPENDENZA. UN IMPEGNU NOVU ARRICCHITU DA U SO PARCORSU, A SO PASSIONE PER A SCRITTURA È U SO RIGORE INTELLETTUALE.
Par Petru Altiani
Elle parle avec calme, d’une voix assurée, le regard franc et bleu derrière de larges lunettes aux contours transparents. Élisa Allari affiche un dynamisme discret mais constant. Depuis janvier 2025, cette docteure en sciences de gestion a fait le choix de créer son propre cabinet: ALLARI Formation & Conseil. «C’est un métier que j’exerce avec passion, bienveillance et rigueur. Le choix de l’entrepreneuriat est profondément lié à ma personnalité, à mon goût de la liberté, à ma curiosité», explique-t-elle.
Avant de se lancer seule, Élisa Allari a longtemps évolué dans l’enseignement supérieur. Elle débute sa carrière à l’Université d’Aix-Marseille, au sein de l’Institut de Management Public et de Gouvernance Territoriale (IMPGT).
«L’enseignement fut une révélation. J’étais entourée de collègues brillants qui m’ont beaucoup appris», dit-elle. Elle y apprend la rigueur, la pluridisciplinarité et le goût de l’effort intellectuel. Puis, après avoir soutenu sa thèse en management public, elle décide de revenir en Corse, sa terre natale. Elle est alors recrutée par la Chambre de commerce et d’industrie de Corse, où elle exerce comme enseignante- formatrice permanente. «J’ai eu l’opportunité de former des publics très divers, d’animer des conférences, et de m’immerger dans le monde de l’entreprise», précise-t-elle.
UNE TRANSITION LONGUE, PARFOIS DOULOUREUSE, TOUJOURS LUCIDE Mais derrière la sérénité qui se dégage de sa posture, le passage à l’entrepreneuriat ne s’est pas fait sans heurts. «J’ai quitté mon dernier poste, il ne me convenait plus du tout. J’ai traversé, étape par étape, un processus, un vrai, une forme d’accouchement dans la douleur. Un mal nécessaire», confie Elisa. Cette traversée intérieure, elle l’assume, y compris dans sa vulnérabilité: «Je ne parvenais pas à faire le deuil de ce qui m’avait toujours épanouie: enseigner, transmettre, former.» Accompagnée de spécialistes de la transition professionnelle, elle élabore peu à peu son projet, se reconstruit, transforme son regard. «Il ne s’agit plus de penser “carrière”, mais de m’épanouir dans mon activité professionnelle», résume-t-elle.
L’IRA DE BASTIA, UN SYMBOLE FONDATEUR
Le premier jalon de cette nouvelle vie sera l’Institut régional d’administration de Bastia. «La symbolique réside dans le premier pas d’entrepreneur, dans cette première porte poussée », souligne- t-elle. Elle y propose une première formation en mobilisant les acquis de sa thèse doctorale. «Ce fut un véritable plaisir de me replonger dans mes recherches, de les réactualiser. J’ai perçu cela comme un signe. Un bon signe»,poursuit la jeune femme à l’élocution fluide et à l’écoute attentive.Très vite, d’autres institutions comme le CNFPT lui emboîtent le pas. «Être “adoubée” par ce type d’organisation, c’était pour moi la meilleure façon de commencer. Et je souhaite continuer à leurs côtés.»
DEUX PILIERS D’EXPERTISE
La proposition d’Élisa Allari s’articule autour de deux grands domaines. D’abord, l’amélioration de l’expression, écrite comme orale : « Je propose des sessions dédiées à la prise de parole en public, au renforcement de l’orthographe, de la grammaire, de la syntaxe. Le besoin est immense», estime-t-elle. L’écriture créative, qu’elle affectionne tout particulièrement, lui permet de rendre ces sessions vivantes et personnalisées. Le second pilier est son domaine académique de prédilection: le comportement organisationnel. «C’est une discipline carrefour, qui étudie le comportement humain au sein des organisations. Je propose des formations sur le management, le leadership… toujours avec une exigence forte», indique la professionnelle.
INNOVATION PÉDAGOGIQUE ET GOÛT DU PRÉSENTIEL
Dans un secteur en constante mutation, Élisa Allari s’adapte.
«Le COVID a tout accéléré. Les stagiaires sont plus exigeants, les
formats se diversifient. Je m’intéresse beaucoup aux webinaires, aux podcasts.» Elle bénéficie aussi du soutien du CNFPT, qui la forme régulièrement. Mais elle reste attachée à la dimension humaine. «Rien ne remplacera la relation qui se tisse en présentiel. Animer une formation, pour moi, c’est y injecter un supplément d’âme», affirme-t-elle.
COMMUNICATION MAÎTRISÉE AU SERVICE DU SENS
Autre corde à son arc : la communication. Elle la pense comme un prolongement de son activité, pas comme un artifice. «J’adapte ma communication au canal, je rédige chaque post, chaque contenu. Jusqu’ici, j’ai privilégié LinkedIn, mais je vais lancer une page Facebook pour raconter mon quotidien de formatrice.» Elle le dit avec simplicité, mais une grande maîtrise transparaît. Et d’ajouter: «Je dédie du temps chaque semaine à la communication. Cela ne me dérange pas, j’adore écrire… Mais si j’en ai les moyens, je ferai appel à un professionnel.»
UNE FORMATRICE-ENTREPRENEURE LITTÉRAIRE
Ce goût de l’écriture ne s’arrête pas aux supports professionnels. Élisa Allari est aussi chroniqueuse littéraire sur Radio Corsica International (RCI), où elle partage ses coups de cœur et ses réflexions avec une sensibilité affirmée. Sur les ondes comme en formation, elle cultive une parole précise, chaleureuse, profondément tournée vers les autres. «Transmettre, éclairer, aider les apprenants à développer des compétences, avec passion, toujours», insiste-t-elle.
UNE VISION ORGANIQUE DU TRAVAIL ET DE LA LIBERTÉ
Quand on lui demande ce que cette liberté change dans sa vie, sa réponse est lumineuse: «Je savoure la possibilité de travailler à mon rythme, selon mon niveau d’exigence, pour des institutions et des entreprises dont les valeurs me correspondent», dit-elle. Elle évoque aussi la solitude choisie, la phase de conception, le plaisir studieux de se plonger dans les ouvrages. « Cette solitude m’est nécessaire. Elle m’a été reprochée par certains managers, et je peux comprendre. Mais aujourd’hui, je l’assume.» Libre, donc, mais pas isolée. Mère de deux enfants, elle veille aussi à concilier sa vie de formatrice et son quotidien familial. Elle travaille actuellement à un projet collectif avec une autre formatrice. «Nous avons à cœur de proposer un format original. Je ne peux pas en dire plus, mais nous y mettons
tout notre cœur», soutient-elle.
UNE DÉMARCHE ÉTHIQUE
ET INCARNÉE
Il y a chez Élisa Allari une forme de cohérence rare: rigueur et bienveillance ne s’opposent jamais, elles se nourrissent. Dans les salles de formation comme devant un micro, elle cherche le mot juste, le regard sincère. À 46 ans, elle revendique une voie singulière, non pas celle d’une reconversion, mais d’une affirmation. « L’âge et les expériences ont ceci de bon qu’ils nous rapprochent de nous- mêmes», conclut-elle. Et de sourire: «Apprendre dans la joie et l’attention de l’autre, ça fait toute la différence. »
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