A la une : Février 2014

Trente millions d’amis

François s’est fait toper. Avec son casque de Daft Punk sur la tête pour des virées galantes en scooter il a  plongé la France dans une affaire politico sentimentale digne d’un épisode de la soixantième saison des Feux de l’amour.

Le « Closergate » prend des allures d’événement mondial et fait le régal de la presse étrangère. Heureusement pour lui, les français trouvent ça normal, aussi normal que  lui. Interrogés  sur la liaison adultérine prêtée au Président,  une grande majorité des Français estime qu’il a droit à sa vie privée et que cette affaire n’a aucun impact sur l’opinion qu’ils ont de lui. Au contraire même, en France, une bonne gauloiserie ça fait toujours du bien. L’esprit gaulois ne peut donc que s’en trouver conforté dans cette période de doute et de morosité sur les capacités des français à donner un coup de rein pour redresser les comptes de la nation.  Clinton peut se rouler un nouveau cigare et DSK rêver aujourd’hui de rejouer  une  primaire socialiste qui ne seraient plus pipée par de vulgaires histoires de mœurs. Il faut avoir le culot et l’hypocrisie d’un Jean-François Copé pour estimer que ces frasques présidentielles abaissent l’image de la France. Légèreté des mœurs et gastronomie sont les deux mamelles d’un pays où la présence d’un maitre queux à l’Elysée ne peut que rassurer les hôtes étrangers sur la qualité du gite et du couvert.

Les chauds lapins

En réalité, François nous prouve non seulement qu’il n’est pas un mou mais qu’il se bat aussi pour que la Gaule se redresse et retrouve son statut de grande puissance. Il nous l’avait déjà montré en chef de guerre au milieu des paras et des légionnaires. Sous son air débonnaire, il y a du soudard en lui. La démonstration de virilité, fait  partie intégrante de la conquête du pouvoir et de son exercice. Comme pour Henri IV dit le vert galant, qui comme chacun l’a appris dans les livres d’histoire se faisait un devoir de mettre la poule au pot, et pas seulement le dimanche. Tous les Rois et les Empereurs s’en sont fait une obligation, sauf peut être Louis XVI qui cherchait toujours la clef de la serrure. Il a mal fini. Mais comme le disait avec humour un éditorialiste, les français peuvent être rassurés il y a un coq à l’Elysée, et un coq qui ne chante jamais aussi bien que quand il a les deux pates sur un tas de fumier. Dans ce registre  des métaphores animalières les expressions imagées  ne manquent pas, Giscard, Mitterrand et Chirac étaient des chauds lapins,  l’homme est un loup pour l’homme, les requins de la finance dévorent les petits actionnaires, les électeurs sont des moutons, les français sont des veaux, les éléphants du parti socialiste trompent les électeurs, l’UMP est un panier de crabes et l’Elysée un nid de vipères,  les élus politiques sont tous copains comme cochons. Ce qui ne fait pas tout de même trente million d’amis.

L’homme et le cochon 

A propos de cochon, et sans rapport avec les aventures présidentielles, une récente étude originale, visant à mesurer l’impact de la consommation humaine sur les écosystèmes, nous réserve bien des surprises : dans la chaîne alimentaire, l’homme ne se situe pas au sommet, comme il pourrait le penser, mais au même niveau que… les anchois et les cochons. Pour le cochon cela n’a rien d’étonnant, mais l’anchois ? Quel rapport avec ce petit poisson pélagique que l’on mange le plus souvent mariné et salé, sinon le fait qu’il est comme nous grégaire et se déplace en banc pour le plus grand régal des requins et des thons. Pour en arriver à cette conclusion les scientifiques ont utilisé pour l’homme les données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur la consommation humaine afin de comparer les régimes alimentaires, le  type et la quantité de nourriture ingérés, des habitants des différents pays avec la même échelle de valeur, ainsi que leurs évolutions dans le temps. Au bas de l’échelle, on trouve donc sans surprise les plantes et le gentil plancton, ensuite les herbivores, les omnivores et  les grands carnivores prédateurs qui eux mangent les herbivores qui mangent les plantes.

Singes bonobos

 

Le Burundi a un régime alimentaire composé à presque 97 % de plantes et à l’opposé, l’Islande une alimentation majoritairement carnivore (plus de 50 %), en l’occurrence très riche en poisson. La Chine et l’Inde consomment de plus en plus de poulets, de cochons et de viande rouge, signe de leur évolution ! De quoi nous rassurer, en réduisant les hommes à leur seul statut de consommateur idiot, mimétique et compulsif, nous restons bien les plus grands prédateurs de la planète tout en haut d’une chaine alimentaire où les gros finissent toujours par manger les petits, dans le monde  politique comme dans celui des affaires. On ne doute pas que les prochaines campagnes électorales donneront lieu à plus d’un tour de cochon, aux électeurs de ne pas se comporter comme un banc d’anchois grégaires poursuivis par de grands prédateurs politiques. Une autre étude savante nous apprend par ailleurs que c’est pour évacuer le stress du pouvoir auquel ils sont soumis en permanence que dirigeants d’entreprises et politiques se comportent comme des singes bonobos. Pas sur pourtant que ce remède naturel  les rendent plus efficaces pour autant. Au moins, ils n’agrandissent pas le trou de la Sécu.

Paul Antonietti

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