Edito – Février 2013 – Le Miot qui fâche

A force de crier au loup  les oreilles se  bouchent. Et lorsqu’il arrive sans crier gare c’est la débandade.  La fin de  l’arrêté Miot  s’apparente à une mauvaise fable de La Fontaine.  Elle ressemble aussi à  la  chronique  d’une mort annoncée depuis des décennies. Le couperet est  tombé. Le déplorer ne suffit nullement. Il  convient en corollaire de  pointer les défaillances locales,  inscrites dans la formule de Mac Mahon : Nous sommes pressés allons lentement. Faut-il rappeler  que cette exception française  fut à plusieurs reprises sur la sellette ? Doit-on souligner une mémorable  séance à l’Assemblée Nationale  durant laquelle le pourfendeur  Charles de Courson  manqua de se faire  écharper  par son   ami politique Paul Patriarche ? Est-il opportun d’indiquer  que voilà   près de vingt ans  déjà  une saisine  de  parlementaires  avait été rejetée par le Conseil constitutionnel ?

L’histoire a repassé les plats. Et cette fois la digestion est douloureuse.  Des exégètes  dissertent, à bon droit, sur  la cohérence et l’efficacité de cette exonération.  Tels s’en prennent aux trois députés insulaires de droite, qui en paraphant  la requête  de leur  groupe auraient ouvert la boite de pandore.  Michel Charasse, est aussi montré du doigt. L’inénarrable cortenais de Chamalières, exclu du Parti socialiste voilà cinq ans, fut  aussitôt nommé sage par son ami  Sarko. Tous deux peuvent  désormais allègrement deviser  dans la salle lambrissée de la rue de Montpensier.

L’essentiel est ailleurs.  L’opposition parlementaire  joua un coup politique national. Son objectif  majeur était de piéger  le gouvernement  sur sa mesure symbolique de surtaxe des très hauts revenus. Et exploiter ensuite médiatiquement le gâchis de l’exode fiscal. C’est de bonne guerre. Elle  jouait sur du velours avec les  augures  du Palais Royal, dont on peut dire en boutade  que de Marx ils n’ont retenu que la notion de  capital.  La joyeuse équipe ne se priva pas de jeter un  œil sur l’ensemble de la loi de finances  qui lui était adressée.  Elle en avait non seulement le droit mais aussi l’obligation. Dénichant le vénérable et modeste  dispositif,  voulu par Napoléon, elle le qualifia…d’invalide. Etait-ce son intangible devoir ?  A Maints égards l’île fut   dans cette affaire un dommage collatéral d’une bataille livrée au niveau hexagonal.

Ces personnages, à qui  l’on a offert des habits de juges, confondent le glaive et la balance. En annulant une niche fiscale  au motif qu’elle ne reposait sur aucun motif légitime, Ils substituent leur vision  de l’intérêt général à celle  que vote le Parlement.  Et  la démocratie messeigneurs ?  Ces juristes de circonstance, aux décisions irrévocables, se paient le luxe de ravir aux élus de la nation  le monopole  de ce qui est politiquement juste. Au nom de l’équité ils créent le désordre.  Drôle de drame !

Et pendant  qu’ils font joujou avec leurs  sinécures,   « c’est nous qu’on paie »  aurait dit Coluche.

                                                                                                                           Jean  POLETTI

Les commentaires sont fermés, mais trackbacks Et les pingbacks sont ouverts.