Des maraudes s’organisent à Bastia

Leila, lycéenne de la solidarité

Leila Gheniou, 17 ans, a récemment lancé un appel à la solidarité sur les réseaux sociaux. En l’espace de quelques jours, cette dynamique lycéenne est parvenue à mobiliser des bonnes volontés et à organiser une première maraude, dans les rues de Bastia, auprès des personnes sans-abri. Une démarche qui a valeur d’exemple.

Par Petru Altiani

Leila ( a gauche) et sa sœur

Malgré son jeune âge, Leila Gheniou ne manque pas de sens de l’initiative ni d’opiniâtreté. C’est le moins que l’on puisse dire… « J’ai toujours eu le désir d’aider les autres », confie l’élève de terminale littéraire du lycée Giocante de Casabianca de Bastia. « Très tôt, j’ai pu m’investir dans le milieu associatif aux côtés de mes parents. J’avais tout juste 12 ans lorsque nous étions bénévoles dans le cadre de l’association Opra-A Leccia, à Paese Novu. »

Un constat édifiant

Aujourd’hui, à 17 ans, face à un constat édifiant qui l’a touché au cœur, elle a voulu agir avec sa grande sœur, Anissa Benyahia, 24 ans, et leur maman. « Chaque année, partout en France, malgré les moyens mobilisés, des millions de personnes vivent dans la rue. Malheureusement, beaucoup décèdent aux yeux de tous. Je pense qu’il est important d’être solidaire envers ces personnes sans-abri, en particulier, pendant les périodes les plus difficiles. Chaque geste compte, c’est pourquoi nous avons décidé spontanément d’organiser cette entraide sur le terrain. »

Cette « action citoyenne », ainsi la définit-elle, a pu être mise en place « à partir de Twitter, qui n’est pas forcément un réseau social néfaste comme beaucoup ont tendance à l’imaginer. C’est par ce biais que j’ai souhaité lancer un appel à la solidarité ».

« Personne n’est à l’abri »

Un appel à la solidarité qui a permis de rassembler une dizaine d’âmes charitables, « essentiellement des jeunes dont une mère de famille qui ont été motivés pour soutenir notre démarche », explique Leila Gheniou.

La solidarité est pour la dynamique lycéenne une valeur que sa famille lui a inculquée et qui lui est particulièrement chère.

« Je me dis que personne n’est à l’abri d’une épreuve comme celle-ci », poursuit-elle. J’imagine que c’est une situation très compliquée pour eux, alors pourquoi ne pas nous entraider. Si j’étais dans leur situation, le moindre geste, le moindre mot ou sourire que l’on pourrait m’adresser me ferait plaisir, alors pourquoi ne pas le faire ? »

Des rencontres poignantes

Selon Leila Gheniou, « la précarité gagne du terrain. Malheureusement, elle est toujours plus présente dans notre ville et sur notre île. Il est de plus en plus difficile d’obtenir une stabilité financière et d’appréhender l’avenir avec sérénité ».

La maraude, qui s’est déroulée à midi et le soir, dans les rues de Bastia, a été l’occasion de distribuer « un sachet par personne avec à l’intérieur un plat assez consistant et chaud, accompagné de bouteilles d’eau, de petites collations, de fruits, des serviettes hygiéniques pour les femmes et de la nourriture pour chiens pour ceux qui en avaient, avec également 10 euros par personne, grâce à l’organisation d’un pot commun et à l’aide des personnes qui se sont proposées de nous accompagner ».

« Je tiens notamment à saluer Ghislaine Ferri et son équipe de l’association Bastia Deux mille vingt. »

Et d’ajouter : « Les rencontres avec les personnes qui vivent dans la rue ont été poignantes », indique Leila Gheniou. « Nous avons été très heureux de leur venir en aide même si ce n’était pas grand-chose. »

« Ils étaient très souriants, nous avons eu l’occasion de parler longuement avec trois d’entre eux. Malgré leur situation, ils ne s’empêchent pas de rigoler, de s’amuser, de se taquiner… et cela nous a émus. » Et d’ajouter « Quand on les croise au détour d’un distributeur bancaire ou d’une place, il ne faut pas oublier que ce sont des êtres humains avant d’être SDF. »

Unis face à la précarité

Suite à cette première action, rondement menée, une nouvelle maraude est d’ores et déjà planifiée pour le 9 février.

« Toute personne souhaitant y prendre part est la bienvenue. Nous faisons à nouveau appel aux bonnes volontés », lance Leila Gheniou.

« Ces initiatives doivent, à notre sens, être poursuivies et s’inscrire dans un cadre citoyen », précise la jeune femme qui se destine, après le baccalauréat, à des études de droit.

« La création d’une association ne figure pas dans nos projets. Nous voulons juste donner un coup de pouce à ces personnes de sorte à égayer leur journée avec un geste simple que tout un chacun est capable de faire. »

Pour Leila Gheniou, « l’espoir et le rêve sont deux univers qui s’agrandissent en se partageant ».

« Je me reconnais pleinement dans cette très belle citation de l’écrivain Jacques Salomé. Car l’idée de propager ce que nous avons de meilleur en nous ne peut être que bénéfique pour la société. La solidarité doit se cultiver au quotidien. La Corse est déjà une terre particulièrement fertile en la matière. »

« J’espère que nous serons encore plus soudés face à la précarité et à la pauvreté. Je suis convaincue qu’il est possible de faire évoluer les choses, avec de la patience et de la persévérance. Il ne faut rien lâcher. »

Des propos éclairés qui traduisent un état d’esprit exemplaire et une démarche porteuse d’avenir. Un grand bravo à cette jeunesse qui sait faire vivre les valeurs fondamentales d’entraide et d’humanité…

Contact : https://twitter.com/LGheniou

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