Constantin Rossi : L’amour en héritage 

Constantin a aujourd’hui 34 ans, il porte le prénom de son illustre grand-père Tino Rossi. Il est avec son frère Jean-Baptiste, le gardien du temple, de l’œuvre d’une star incontestée de la chanson française. 1 300 titres, 50 millions de disques vendus, la carrière de Tino Rossi, fils d’un tailleur ajaccien, né en 1907, tient du miracle, celui sans doute de sa voix si singulière, sensuelle qui a su si bien interpréter l’amour.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

J’ai fait mes études à Paris, je suis diplômé d’une école de commerce, et aujourd’hui je suis directeur des opérations d’une société spécialisée dans la promotion immobilière. Je m’occupe en parallèle avec mon frère Jean-Baptiste de la gestion de l’image et des droits de mon grand-père.

Vous portez le prénom et le nom, ceux de votre célèbre grand-père, qui ont traversé le xxe et le xxie siècle, qu’est-ce que cela vous inspire ?

Pour moi aujourd’hui je le vis comme un devoir et un plaisir. Je m’efforce de transmettre cet héritage culturel laissé par mon grand-père à la chanson, et de continuer de faire vivre à la fois son nom, sa mémoire et son œuvre. Porter le même prénom, une coutume en Corse, était souhaité par mes parents. Je ne peux qu’en être plus fier. Mon père avait tendance à dire que cela allait être plus facile pour nous que pour lui, il avait raison. Laurent a toujours été un ardent défenseur de l’œuvre de Tino, nous avons été mon frère et moi élevés dans cet esprit. Pour nous, il était naturel et capital de poursuivre cette démarche.

Est-ce que cet héritage est lourd à porter ?

J’ai la chance d’avoir grandi dans une famille aimante et unie. Très jeune, j’ai pu mesurer l’impact d’avoir un nom célèbre et ce que cela représentait. Passer un flambeau, cela génère parfois quelques critiques, mais les gens sont tellement enthousiastes. Cet hommage rendu par la ville d’Ajaccio pour les 40 ans de sa mort, illustre parfaitement ce devoir de mémoire mais permet de mesurer également la force de l’empreinte Tino Rossi dans le cœur de ces admirateurs certes mais pas seulement. 

À l’instar de votre père Laurent Rossi, vous perpétuez avec votre frère Jean-Baptiste sa mémoire, quels sont vos projets et notamment en Corse ?

Pour les 40 ans de sa disparition, nous accompagnons la ville d’Ajaccio pour rendre hommage à Tino. Des concerts, visites et conférences ont lieu depuis le mois d’août, et une très belle exposition en plein air, en partenariat avec Paris Match, se tient jusqu’à la fin septembre sur la place Foch. Nous avons dans l’idée également de créer à Ajaccio, un musée Tino Rossi, j’aimerais tant qu’il soit situé au cœur de la citadelle, près de la rue Fesch, lieu de naissance de mon grand-père. Il aimait cette ville, la Corse plus que tout, il n’a eu de cesse de la faire rayonner partout dans le monde. Nous avons également beaucoup travaillé avec Warner Music France, pour proposer des « remastering » des chansons. Cela était nécessaire pour pouvoir obtenir des sonorités actuelles sur des textes et des mélodies qui restent intemporels. En 2023, Petit Papa Noël sortira dans une version symphonique totalement réorchestrée et offrira une expérience d’écoute inédite.

Ce sont des projets qui demandent du temps, des fonds. J’ai dans la tête et le cœur, une idée de fiction sur la vie de Tino. Il est arrivé à Marseille, chanteur totalement méconnu et sa postérité a ensuite traversé le monde. Il incarne le latin lover méditerranéen dont toutes les femmes étaient folles. Il n’a jamais voulu gommer son accent comme un signe indélébile de son attachement à son île. Il a souvent été reçu comme un chef d’état. Même les yéyés à l’époque voyaient en lui un père spirituel de la chanson d’amour. 

Aujourd’hui, pensez-vous que Tino Rossi parle à la nouvelle génération ?

On dit que la vie en Corse se passe souvent en chanson et j’ai le plaisir de pouvoir en témoigner. 

Ici, les chanteurs, de toute génération, interprètent les grands classiques de Tino et ses chansons corses. 

Petit Papa Noël est devenu un hymne pour les fêtes, il est dans la mémoire et dans le cœur des gens depuis des années. Les plus jeunes l’associent forcément à la voix du Père Noël ! Aujourd’hui, je pense qu’en ressortant des versions de chansons plus modernisées, nous allons découvrir également une autre palette de son œuvre. L’amour ça ne fane pas. (rire)

Et vous que retenez-vous de la Corse ?

Ô Corse, île d’amour chantait mon grand-père. Elle a permis à cet enfant d’Ajaccio, de se faire un nom et de pouvoir vivre de sa passion. C’est une terre d’histoire et de traditions. C’est un privilège de pouvoir y vivre en famille, au Scudo, que Tino appelait son havre de paix.

De quoi êtes-vous le plus fier ?

Certainement d’avoir respecté le souhait de mon père Laurent, qui a beaucoup œuvré pour défendre l’œuvre de son père, et qui souhaitait que l’on préserve dans la mémoire collective les chansons de Tino. Ces chansons qui nous parlent d’amour, de son île, de sa vie. 

Quelle est votre devise ?

Aucun plaisir n’est superflu.

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