Avantage Napoléon*


Napoléon ce mal aimé? Pas exactement selon notre dernier sondage qui voit l’Empereur s’imposer à 55% face à l’homme des Lumières. Plus particulièrement auprès des partisans de droite à 62% et du Rassemblement national à 80%. Pascal Paoli lui peut
toujours compter sur le vote de gauche à 61% et les nationalistes à 75%. Dans ce cadre, rien de plus normal qu’une majorité d’insulaires (53%) réclament plus de Napoléon. Philippe Perfettini, animateur du Patrimoine pour la Ville d’Ajaccio revient sur cette étude.

Êtes-vous étonné du succès de Napoléon d’autant plus lorsqu’il est comparé, voire opposé à Pascal Paoli ?
Il est toujours un peu difficile mais pourtant essentiel de ne pas regarder des événements qui se sont passés il y a 200, 250 ans avec un œil contemporain. La confrontation avec Paoli n’a pas de sens. Ils n’ont pas évolué à la même époque et l’opposition ne concernait pas vraiment les deux hommes mais plutôt leur clan. À l’époque de Paoli et grâce à lui, la Corse est alors le centre du monde parce qu’il s’est dressé contre des puissances oppressantes tout en mettant en pratique les idéaux des Lumières. Conséquence : cela a mis sur lance-missile un jeune que rien ne prédestinait à arriver là où il est arrivé. Plus proche de nous cette fois, dans les années 70, la lutte nationaliste avait besoin d’un totem et Pascal Paoli était tout désigné. À l’opposé, il fallait également un méchant, un anti-totem et Napoléon a eu le mauvais rôle. Cela a donné une vraie querelle idéologique entre « Napoléon le Français » et « Paoli le Corse ». Pour autant, je ne suis pas vraiment surpris par le résultat de l’enquête. Napoléon ne laisse personne indifférent. On l’apprécie peu ou beaucoup selon les points de vue ou les régions. Et ce qui revient le plus fréquemment dans les critères d’appréciation, c’est d’abord qu’il est né ici, en Corse, à Ajaccio et d’autre part, qu’on le veuille ou non, il reste le plus grand des insulaires.

Un des enseignements du sondage est que l’on en fait jamais trop ou assez autour de Napoléon, de son héritage, de son histoire…
Depuis 2004 quand Philippe Costamagna a sorti le Palais Fesch de son sommeil pour l’ouvrir au monde et plus récemment avec la Municipalité, Ajaccio a amorcé un virage vers le tourisme d’histoire. Nous étions installés dans un tourisme de masse, du style «le ciel, le soleil et la mer » depuis les années 60. Or, avec la révolution des transports, le changement des comportements, les aléas climatiques et la concurrence de plus en plus vive, les critères de sélection ont évolué. La nécessité de transformer le modèle s’impose. Et Ajaccio a tous les atouts pour miser aussi sur le tourisme culturel. C’est pourquoi il est très important de proposer des choses pour tout le monde et toute l’année y compris pour les insulaires qui ne connaissent pas ou peu leur histoire et qui montrent un intérêt grandissant pour celle-ci.

*Sondage Exclusif Paroles de Corse – Opinion of Corsica – C2C Corse Toute reprise totale ou partielle doit impérativement utiliser la mention complète. Étude réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 502 personnes représentatifs de la population française âgées de 18 ans et plus. Pour cette taille d’échantillon, la marge d’incertitude est de 3 à 5 points. 

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