Conflit israélo-palestinien : Une reconnaissance sous tension
Il aura suffi d’un tweet, traduit en anglais et en arabe, pour qu’Emmanuel Macron déclenche une nouvelle tempête diplomatique. Le 24 juillet dernier, c’est donc sur X que le président de la République a annoncé que la France allait reconnaître l’État de Palestine. La déclaration solennelle est prévue lors de l’Assemblée générale des Nations unies qui se tiendra du 9 au 23 septembre à New York. Une session dont le thème sera « Mieux ensemble : plus de 80 ans au service de la paix, du développement et des droits humains ».
Par Caroline Ettori
Au cœur de l’été, alors que la situation à Gaza n’en finit pas de se dégrader, Emmanuel Macron a fait le pari de la reconnaissance. Dans une lettre adressée au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas dont on ne sait plus trop qui ou ce qu’il représente, Emmanuel Macron pose le cadre de cette officialisation, à savoir la Conférence internationale co-présidée par la France et l’Arabie saoudite consacrée au « règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États ». Rappelant le lourd tribut payé par les populations civiles lors des attaques terroristes du 7 octobre perpétrées par le Hamas et de la riposte israélienne sans commune mesure et sans répit pour les Gazaouis, le président Macron insiste par ailleurs sur les priorités aux allures d’urgences pour avancer vers une paix durable : un cessez-le-feu israélien, la libération des otages, le désarmement du Hamas et la consolidation de l’Autorité palestinienne sur l’ensemble des territoires palestiniens.
Une bouteille à la mer
Une missive qui a tout d’une bouteille à la mer en direction de la communauté internationale, Emmanuel Macron n’hésitant pas à s’engager, et c’est peut-être là, le vrai pari du chef de l’État : « La France (…) mobilisera tous ceux de ses partenaires internationaux qui souhaitent prendre part à la paix au Proche-Orient. » Alors qui franchira le pas ? Pour l’heure, 148 pays reconnaissent la Palestine comme État indépendant soit près de 75% des 193 États membres de l’Organisation des Nations unies mais pas un seul appartenant au club très fermé du G7.
Il faudra attendre 5 longs jours après la déclaration française pour que le Premier ministre britannique Keir Starmer emboîte le pas au président Macron. Toutefois, cette reconnaissance est conditionnelle : Israël doit prendre des mesures pour mettre fin à la situation épouvantable à Gaza et doit s’engager à ne pas annexer la Cisjordanie. Autant dire que la reconnaissance britannique est en bonne voie. Dans la foulée, le Canada, le Portugal et Malte ont fait part de leur intention de rejoindre la position désormais majoritaire.
Par cette initiative, Emmanuel Macron attend également qu’Israël soit reconnu pleinement par les pays arabes et musulmans : « L’urgence est de concrétiser la seule solution viable pour faire droit aux aspirations légitimes du peuple palestinien, mettre fin au terrorisme et à la violence sous toutes ses formes, et permettre qu’Israël et l’ensemble des pays de la région vivent en paix et en sécurité. »
Et la diplomatie ? Quelle diplomatie ?
Les réactions d’Israël et de l’allié Donald Trump ne se sont pas fait attendre. Alors que le président américain minimisait l’importance de la déclaration d’Emmanuel Macron, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a dénoncé une « récompense de la terreur ». Et l’ire israélienne ne s’arrête pas là. Le 19 août, dans une lettre adressée cette fois au président français, le Premier ministre l’accuse d’alimenter l’antisémitisme. Quelques jours plus tard, c’est au tour de Charles Kushner, l’ambassadeur américain à Paris et accessoirement beau-père d’Ivanka Trump, la fille de son père, d’en remettre une couche sur le « laxisme » supposé de la France dans la lutte contre l’antisémitisme. Il sera d’ailleurs « convoqué » au Quai d’Orsay pour ses propos jugés inacceptables par le ministère des Affaires étrangères.
Pendant ce temps-là à Gaza, la famine s’est installée, les bombardements continuent et le plan d’occupation des territoires par Israël se met inexorablement en place. Depuis le début du conflit, l’armée israélienne a répertorié 8 900 combattants du Hamas et du Djihad islamique tués entre le 7 octobre 2023 et la fin du mois de mai 2025 sur un total de 53 000 morts recensés dans l’enclave palestinienne. Le bilan civil s’élevait ainsi à 44 100 morts durant cette période. Un bilan qui ne prend pas en compte les attaques de ces trois derniers mois.
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