UNE AGORA POUR LA SANTÉ

« Repérer, protéger accompagner ». À travers la première édition de l’Agora de la Santé, l’ARS de Corse a organisé tout au long du mois d’octobre, sur l’ensemble du territoire, une série d’événements autour d’un thème cruellement d’actualité : les violences et leurs conséquences sur la santé. 

Par Caroline Ettori

Un mois pour ouvrir le dialogue, un espace de réflexion, croiser les regards et pourquoi pas, changer les choses. Violences faites aux femmes, violences conjugales, enfants maltraités, cyber-harcèlement, agressions sexuelles, discriminations, homophobie… Parce que la violence, ou plutôt, les violences touchent toutes les couches de la société, parce qu’elles affectent nos vies, à l’école ou en famille, dans les établissements de santé, au sein des entreprises, dans la rue ou sur les réseaux sociaux ; parce qu’elles s’exercent tant sur des individus isolés que sur des groupes, elles génèrent de multiples dommages physiques et psychologiques, voire des traumatismes. Elles constituent un facteur de risque de maladies, d’addictions, de suicide et une menace pour la cohésion sociale. Phénomène pluriel redéfini par la transformation des normes morales et sociales, pas un jour ne passe sans qu’une forme de violences ne fasse la une des médias gonflant un peu plus le nombre de victimes. En octobre, le site féminicides.fr dénombrait 89 décès. La dernière victime connue, une jeune femme de 23 ans poignardée par son ex-compagnon, à Ajaccio. 

En Corse, même combat

En octobre, le site féminicides.fr dénombrait 89 décès. La dernière victime connue, une jeune femme de 23 ans poignardée par son ex-compagnon, à Ajaccio.

La Corse, comme les autres territoires, n’est pas épargnée. En témoignent les fortes mobilisations sociales et féministes de ces dernières années à l’image des I Was Corsica et Zitelle in Zerga dénonçant les violences sexuelles et sexistes, le nombre des enfants signalés auprès des services spécialisés, l’augmentation sensible du nombre de dépôts de plaintes pour violences conjugales, les violences économiques en lien avec la précarité et la pauvreté. Désormais reconnue comme un enjeu de santé publique, la violence fait l’objet d’une lutte alliant dispositifs institutionnels et initiatives associatives. L’enjeu ? Favoriser les échanges d’analyses et de pratiques pour mieux comprendre ces violences, leur impact sur la santé et agir ensemble pour les prévenir et accompagner les victimes. 

Ainsi, l’ARS de Corse a souhaité réunir un ensemble de partenaires autour de l’impact des violences sur la santé. Conférences, tables rondes, projections de films, rencontres destinées aux acteurs institutionnels, professionnels et bénévoles ont rythmé ce mois d’octobre. Une mobilisation des mondes de la santé, de l’éducation, de la justice, de la sécurité, de la protection de la jeunesse, du médico-social, du social dans l’objectif de réfléchir, débattre et agir contre ces violences.

« Penser ensemble » violences et santé

La santé ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. La société doit s’emparer des questions liées aux violences dans une approche complexe et contextualisée.

Car « penser ensemble » violences et santé, c’est reconnaître l’impact de ces violences sur la santé, telle que définie par l’OMS comme un état complet de bien-être physique, mental et social. En ce sens, la santé ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. La société doit s’emparer des questions liées aux violences dans une approche complexe et contextualisée qui nécessite de confronter découverte théorique et exploration pratique, sur les plans sanitaires, des sciences humaines et sociales et à l’aune des expériences professionnelles. 

Une démarche ambitieuse qui vise à cerner les violences dans leurs multiples expressions afin de repérer, accompagner et proposer des soins aux victimes et aux auteurs de violences. 

Grâce à ces angles d’approche et ces savoirs différents, grâce aussi aux dispositifs issus des institutions comme aux expériences associatives en cours, l’Agora de la Santé a souhaité réunir et fédérer l’ensemble des acteurs pour une coopération active, capable d’orchestrer une prévention efficace et une riposte effective contre les violences. 

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