Michel Mallory – Paroles et musique

De Johnny Hallyday à Claude François en passant par Joe Dassin, Sylvie Vartan, Mort Shuman, Herbert Léonard, Nicoletta, et bien d’autres encore, Michel Mallory a signé plus de deux milles chansons pour les plus grands interprètes de la chanson française de ces 50 dernières années.Auteur à succès, il n’en a pas pour autant renoncé à sa carrière de chanteur qui compte plusieurs albums enregistrés en langue corse.

Par Karine Casalta

En effet, de son vrai nom Jean-Paul Cugurno, Michel Mallory est né à Monticello, en haute Corse en 1941. Il y passe l’essentiel de sa petite enfance avant de déménager quelques années plus tard en banlieue parisienne ou ses parents, fonctionnaires sont mutés. Passionné par les instruments de musique, c’est d’abord à l’harmonica, qu’il va exercer son talent pour la musique, jusqu’à devenir entre 8 et 12 ans un très bon harmoniciste. Et déjà à cette même époque il écrit sa première chanson, une déclaration d’amour à sa mère. Ce n’est qu’à 17 ans qu’il se mettra à la guitare, après que son père accepte enfin de lui prêter la sienne. Une guitare qu’il avait souvent contemplée mais à laquelle il n’avait jusqu’alors, jamais eu le droit de toucher. Cela signera la rencontre avec son instrument de prédilection. La même guitare sur laquelle il composera plusieurs années plus tard toute la musique que j’aime !

Des rencontres déterminantes

Durant cette période, tout en travaillant en usine, il commence à chanter dans différents cabarets parisiens comme Ma Cousine, Le Zèbre à Carreaux, Patachou ou encore le Don Camillo, où il fait la connaissance de musiciens formidables, dont Matteo Ferret, un cousin de Django Reinhardt, «c’est lui qui en grande partie, m’a appris mon métier de chanteur. » Mais totalement autodidacte, ce n’est que durant son service militaire qu’il va se mettre véritablement à étudier le solfège et se tourner vers l’écriture. Là, durant les 3 ans qu’il passe en Algérie, il monte un groupe avec 3 autres guitaristes et se produit régulièrement en concerts dans les camps et les casernes pour divertir les militaires. A son retour, alors qu’il travaille dans une boite de nuit à Pigalle, il rencontre Claude Jaoui, guitariste de Johnny Hallyday, et de nombreux autres musiciens avec lesquels il se lie d’amitié. Ils lui présenteront Paul Mauriat, grand chef d’orchestre de l’époque qui va tout de suite souhaiter le produire et lui fera signer son premier contrat chez Barclay sous le pseudonyme MICHEL MALLORY.

Parolier à succès

A partir de là les choses vont s’enchainer. Gagnant du concours de La Rose d’Or d’Antibes, ses chansons vont connaître un réel succès notamment en Allemagne où durant quelques mois il va mener une « mini carrière ». Il signe aussi plusieurs chansons avec Alice Donna, entre autre pour Gérard Lenorman, Joe Dassin, Claude François, Sylvie Vartan…tout en continuant à chanter. Puis en 1972, une rencontre va bouleverser sa carrière. Un soir, Susy, l’épouse de Lee Halliday – père de cœur de Johnny Hallyday- l’appelle pour lui demander de travailler sur l’adaptation d’une chanson américaine que ce dernier voulait reprendre en français mais sur laquelle jusque là tout Paris se cassait les dents. Une difficulté s’y ajoute: il doit la rendre dès le lendemain matin ! Il y travaillera toute la nuit et viendra lui même présenter sa version à l’artiste. Si Johnny le prend d’abord pour le plombier qu’il attendait pour réparer un robinet, puis émet des doutes sur le nombre de pieds contenus dans le texte, il sera finalement séduit par la version proposée.  Adapté du titre américain Salvation, Sauvez-moi marquera ainsi le début de la collaboration entre Michel Mallory et Johnny Hallyday. Auteur entre autre de J’ai un problème, Noël interdit, La Terre Promise, Toute la musique que j’aime , Le bon vieux temps du Rock and Roll…pour ne citer que ces titres, il demeurera le parolier attitré de Johnny durant plus de 10 ans. Une collaboration qui s’interrompra par la suite, mais qui reprendra il y a quelques années à l’occasion de la sortie de l’album Sang pour sang signé David Hallyday sur lequel Michel a écrit plusieurs chansons. De cette rencontre avec Johnny naîtra surtout une profonde amitié, longue de 47 ans, qui en dépit de quelques aléas restera indéfectible. « Nous étions extrêmement proches. Il était le frère que je n’ai pas eu et le parrain de ma 2e fille. Le seul aussi avec lequel on se quittait sur un « je t’aime mon pote ». Avec ce pote il partagera de grands moments en familles, en Corse notamment. C’est aussi au titre de cette amitié que Johnny lui fera le cadeau, en 2007, de chanter en Corse sur l’album « Sentimenti ».

Retour aux sources  

Car en effet, à la fin des années 80, Michel Mallory, renoue avec sa carrière de chanteur, et sort un album en langue Corse. Un hommage à sa mère décédée en 1986. « Elle ne cessait de me demander d’écrire des chansons en corse, et je ne l’ai jamais fait, tout comme je n’ai jamais chanté le Dio Vi Salvi Regina à l’église pour Noël, malgré ses demandes répétées… Le jour où elle est partie, je me suis senti coupable, et je me suis dit, « je ne vais pas lui écrire une chanson, mais un album entier ». Ainsi est né « Canta ». S’ensuivront 7 autres albums dans sa langue natale, tous largement salués par le public et la critique, tant pour leur mélodie que pour leur la qualité de leurs textes « je suis très attentif à la qualité de la langue employé. Je connais le corse depuis l’enfance. à 10 ans mon grand-père me faisait lire les pages corses du Petit Bastiais, et je n’ai jamais perdu l’usage de la langue, même quand j’ai vécu ailleurs que sur l’île. Mais entre parler le Corse et l’écrire, ce n’est pas la même histoire, et il a fallu que je fasse l’effort de me remettre en question, que je travaille mon Corse des rues pour en faire un Corse plus littéraire. » Un retour aux sources qui l’a conduit à remonter sur scène avec des musiciens tous insulaires. S’il assure aujourd’hui avoir fait le tour de tout ce qu’il pouvait dire dans cette langue, certaines voix féminines qu’il admire, a l’instar de celles de Francine Massiani ou Patrizia Gattaceca, pourraient peut être dit-il, suffisamment le motiver pour reprendre la plume. Quoiqu’il en soit, la relève est d’ores et déjà assurée avec le plus jeune de ses fils, guitariste accompli qui marche aujourd’hui dans ses pas.

 

 

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