Serial Startuper
Entrepreneur précoce, travailleur acharné et geek dans l’âme, Nicolas Alfonsi peut se prévaloir à 35 ans à peine d’une trajectoire professionnelle étonnante. Ce « serial startuper » à la fibre technologique et scientifique dirige depuis Corte, la branche technologique de la société Jellysmack, spécialisée dans la création de contenus vidéos originaux sur les réseaux sociaux. L’entreprise qui a son siège à New York se place aujourd’hui dans le trio de tête des leaders mondiaux du domaine.
Par Karine Casalta
En effet, Jellysmack (anciennement Keli Network France) est à la pointe de l’innovation technologique dans l’univers des réseaux sociaux. L’entreprise qui propose une technologie unique pour optimiser la création et la distribution sociale de vidéos sur différentes plateformes, Instagram, Facebook, Snapchat, TikTok, etc., a connu une ascension fulgurante et ne cesse de grandir. Un succès, qui repose sur la qualité des contenus proposés créés dans les bureaux et studios parisiens de l’entreprise, mais dépend aussi très largement de la technologie opérant en arrière-plan. Une technologie entièrement développée en Corse par Nicolas et son équipe dans les bureaux cortenais de la société.
C’est en 2016 que Nicolas a rejoint la société fraîchement créée par Michael Philippe, Robin Sabban, et Swann Maizil. Fort de l’idée de produire des contenus vidéo pour les réseaux sociaux, il manquait alors aux trois amis quelqu’un capable de développer la technologie pour les rendre viraux. Robin, qui avait eu l’occasion de travailler avec Nicolas quelques années auparavant et connaissait ses compétences va ainsi le contacter pour lui proposer de les rejoindre et prendre en charge cet aspect technique.
Véritable surdoué du clavier
C’est tout jeune que ce dernier s’est familiarisé avec l’outil informatique. Curieux de ce domaine, ses prédispositions vont très vite s’illustrer. Il n’a que 8 ans lorsqu’il s’initie seul, à la programmation, à l’aide d’un simple manuel d’instruction, sur l’ordinateur familial à Propriano où il grandit : « Il y avait un ordinateur Amstrad à la maison, sur lequel j’ai commencé à coder dans mon coin. » L’arrivée d’Internet durant ses années de lycée à Sartène lui permettra de se perfectionner en lui donnant accès à plus de contenus. Et déjà, suscite son ambition de créer un jour sa boîte dans le domaine des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).
Passionné par cet environnement, c’est naturellement qu’après son bac en 2003, il souhaite s’orienter en informatique à l’IUT de Corte. Un projet rapidement contrarié par le refus de son admission, en raison d’un dossier scolaire révélant un esprit rebelle et des appréciations laissant à désirer. Inscrit alors par défaut en sciences économiques, une occasion va cependant très vite se présenter de retrouver le chemin initialement envisagé « J’avais le projet personnel de faire un clip en images de synthèse pour la chanson « Le Chemin des Dames » des Chjami Aghjalesi. Je suis donc allé voir Paul-Félix Nasica, membre du groupe qui est aussi professeur de corse à l’IUT, pour lui présenter mon projet. Il m’a donné son feu vert et s’est étonné que je ne sois pas inscrit à l’IUT. » Après lui avoir expliqué qu’il avait été refusé, ce dernier lui propose alors de montrer ce qu’il faisait à Don-Mathieu Santini, directeur de filière à l’IUT, qui va vite remarquer que le jeune garçon était une pépite. « Lorsqu’il a découvert mon projet, il m’a directement fait intégrer l’IUT dès le lundi qui suivait ! »Entré en cours d’année, il sortira major de sa promo ! Enchaînant sur une licence professionnelle multimédia, il crée dans le même temps sa première entreprise, avant de se lancer dans un master en communication à la fac de lettres qu’il lâche peu après « Je n’allais jamais en cours, j’avais trop de boulot, sans compter aussi la naissance de mon fils à ce moment-là ! »
De New York à Corte
Il est vrai que le jeune homme travaille alors énormément, nourrissant un parcours qui oscille déjà entre l’entrepreneuriat et le management. Après un premier échec entrepreneurial, Il créera encore cinq sociétés avant de rejoindre en 2016 l’aventure Keli Network, structure à l’origine de Jellysmack, pour prendre en charge le développement technologique de l’entreprise. Seul au départ sur cet aspect durant quelques années, la branche a depuis recruté pour accompagner la croissance de l’entreprise. Car la société a bien grandi. Elle emploie aujourd’hui plus de 300 personnes réparties dans ses différents bureaux de New York – où est installé son siège au plus près de son audience – Los Angeles, Paris, Pristina au Kosovo, et Corte où elle compte 25 salariés. Troisième leader international en termes de production de contenus courts sur les réseaux sociaux, Jellysmack c’est aussi 350 millions d’abonnés et 10 milliards de « vidéos vues » par mois sur les réseaux sociaux. « Tout ça grâce à une technologie entièrement créée et développée avec l’assentiment des investisseurs et des associés depuis Corte. C’est ici en Corse que nous avons développé un algorithme d’intelligence artificielle qui décortique les statistiques et commentaires de vidéos, et nous permet de comprendre ce qui plaît ou pas et de produire de meilleurs contenus. » En capacité d’identifier sur YouTube les chaînes qui vont plaire au public dès leur création pour proposer du contenu à leur créateur, l’entreprise a entre autres développé un service qui adapte les vidéos pour les conformer aux codes particuliers propres à chaque réseau social. Ce qui lui a notamment valu de signer un contrat avec PewDiePie, numéro un mondial des « youtubers ». Ainsi la société qui connaît un fulgurent succès s’est incontestablement imposée sur ce marché.
Le rêve d’une Silicon Valley nustrale
Grâce à sa connaissance pointue du secteur, et fort de ce succès, Nicolas aurait pu décider de s’envoler pour l’étranger, mais il n’en a jamais été question « J’ai été souvent approché par des entreprises, j’ai refusé plusieurs postes sur le continent et à l’étranger, mais j’ai toujours préféré développer ici, c’est véritablement l’œuvre de ma vie, c’est mon but ultime. » Et aider les jeunes à entreprendre ici en fait partie. « Ça me fait mal au cœur de voir des jeunes être obligés de partir pour réussir leur vie ! Quand j’en vois qui veulent rester je les aide sans compter. Ma plus grande fierté est de faire bosser vingt-cinq Corses à Corte. »En plus des cours qu’il donne à l’université, il se fait ainsi volontiers mentor pour les accompagner dans leur projet et travaille aussi avec la fondation de l’université qui met beaucoup de choses en place pour soutenir les jeunes entrepreneurs. « C’est un plaisir pour moi et une vraie volonté de développer l’économie locale. »Conscient toutefois qu’il sera pour cela nécessaire de favoriser le développement de l’écosystème numérique, il est heureux de constater qu’une vraie dynamique se met peu à peu en place.
Le meilleur reste encore à venir…
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