Laurent Marcangeli: RÉINVENTER LA POLITIQUE LOCALE


Après mûre réflexion, il rompt avec son parti, Les Républicains, réfute l’argumentaire de Wauquiez et décide de créer un mouvement ajaccien, ouvert, humaniste et sans exclusive. Au service des gens et de leurs préoccupations quotidiennes.

Par Jean Poletti

Laurent Marcangeli est fermement décidé à faire de la politique autrement. Celle qui bannit l’idéologie surannée pour mieux privilégier le dialogue, l’écoute et la proximité. Il affirme ne plus supporter les ukases et directives nationales, et pour tout dire parisiennes, qui s’adonnent à l’outrance au repliement, aux sirènes de la pensée unique. Et autres postures qui réfutent, fut-ce en interne, la confrontation d’idées. Un panel qui désarçonne la saine démocratie. Il fut à l’évidence conforté dans sa décision de quitter le parti lors de sa prise de contrôle par Laurent Wauquiez. La brutalité dont ce dernier fit preuve à l’égard de ses concurrents, notamment Florence Portelli, et un discours de fermeture étaient aux antipodes de sa philosophie politique. Prémonition ? La polémique liée aux propos incendiaires du nouveau «patron» des Républicains à l’endroit de certains responsables de droite et du chef de l’État valident a posteriori le sentiment du maire d’Ajaccio. Pour autant, l’observateur percevait que depuis quelque temps déjà Laurent Marcangeli avait pris ses distances avec la doctrine ambiante imposée par Les Républicains. Il refusa en effet de cautionner la candi- dature à la présidentielle de Fillon, mis en examen. En corollaire, et contrairement à nombre de personnalités de son camp, il se prononça clairement et sans nuances pour Macron, contre Le Pen et ses thèses.
Le credo de la proximité
Sur un plan plus général, le maire d’Ajaccio ne se retrouvait plus dans une formation qui excluait de fait la sensibilité gaulliste et sociale dont il était un partisan. Sans verser dans l’énumération des griefs, Laurent Marcangeli critiqua certains libéraux tirant à boulets rouges et sans nuances sur les déclarations de Macron, lors de son déplacement insulaire. Pour éviter l’amalgame ou le quiproquo Laurent Marcangeli persiste et signe : Non il ne rejoint par En Marche. Même à petits pas, ou par petits bonds discrets ! Pour autant, il juge inconvenable de jeter l’anathème sur un Président, au détriment de l’objectivité. Pour satisfaire à des stra- tégies politiciennes éculées, que la population condamne désormais. Par dignité et sans doute pudeur, Laurent Marcangeli ne livre pas à tout bout de champ ses états d’âme et son ressenti. Aussi, lorsqu’il affirme que sa décision ne fut pas prise à la légère, rien ne peut légitimement infirmer une telle assertion.
Et maintenant ? Libéré d’un poids et d’une contrainte qui le taraudaient, il aspire à redonner une autre dimension à sa vie politique. Comment ? En forgeant une dimension locale et intercommunale de son action. L’idée centrale qui vaut slogan ? Être un élu de proximité. La méthode ? D’abord en créant un mouvement ouvert à tous ceux et celles qui aspirent contribuer au mieux-être de leur cité. Une charte des valeurs leur sera proposée, et par le truchement d’un espace de dialogue sincère seront sériées les réalités du terrain.
Effet boule de neige ?
La finalité ? Contribuer au mieux-être collectif, qui fonde le vivre- ensemble. Terme fréquemment galvaudé, qui pourtant, ici et là, anno- blit l’âme d’une ville ou d’un village. La nouvelle structure sera officialisée au printemps. Elle se voudra le carrefour de diverses tendances. Et accueillera, sans nulle distinction, des citoyens de droite, de gauche voire d’En Marche.
Cette initiative fera-t-elle à l’avenir boule de neige ? En clair et pour schématiser pourrait-elle s’étendre à toute l’île ? Laurent Marcangeli pense qu’il est prématuré de l’envisager. Sans pour autant en exclure l’hypothèse. À ses yeux en effet, les partis de gouvernement, au fonc- tionnement par essence et définition centralisés, ne répondent plus aux attentes. Ils sont comme l’on dit désormais hors-sol, et suscitent au mieux l’indifférence, au pire le courroux des électeurs.
Sans vouloir surfer sur cette vague du dégagisme le maire d’Ajaccio, en conscience, pense que l’action de proximité, qui permet de percevoir les problèmes concrets et d’y remédier, peut et doit redonner ses lettres de noblesse à la notion de politique, en quête d’un second souffle.
Capter de nouveaux talents
En incidence, il croit que cette démarche sera le terreau propice à l’éclosion de nouveaux talents, en accueillant sans restriction idéologique ou militante, une génération qui refuse désormais de pousser la porte des formations classiques.
Laurent Marcangeli réussira-t-il son pari ? Comparaison n’est pas raison. Et toute proportion gardée rappelons que récemment un homme qui bouscula les codes et les parcours fléchés devint jupitérien !

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