L’agence Corse Incentive: Un solide maillon du tourisme d’affaires

 

NATA IND’U 2008 IN BASTIA, L’AGENZA CORSE INCENTIVE CI L’HÀ FATTA À SVILUPPÀ A SO ATTIVITÀ CÙ STINTU È INNUVAZIONE, DIVENTENDU PROPIU UNA REFERENZA IND’U SETTORE DI U TURISIMU D’AFFARI. SPEZIALIZATA IND’È L’URGANIZAZIONE È A GESTIONE DI VIAGHJI È D’EVENIMENTI D’IMPRESE, HÈ CAPITANATA DA DUI ASSUCIATI DI TRINCA SCELTA, FRANÇOIS-XAVIER DIANOUX-STEFANI È JEAN-PHILIPPE BANGHALA, CHÌ CI ANU APERTU E PORTE DI A SO ANDATURA, DA U LUCALE À L’INTERNAZIUNALE.

Propos recueillis par Petru Altiani

15 ans d’activités, avec Corse Incentive, c’est un sacré cap franchi, d’autant que les 3 dernières années ont été marquées par des fortes turbulences ?

FXDS : Effectivement, nous fêterons ce début d’année nos 15 ans d’activités. Nous accueillons, mon associé et moi-même, cet anniversaire en toute humilité, mais non sans une certaine satisfaction d’avoir réussi à mener à bien cette entreprise. Depuis sa création en 2008, nous sommes passés par nombres d’étapes cruciales dans la vie d’une société, les réussites comme les échecs. Enfants de l’Università di Corsica, nous avons continuellement navigué en fixant un cap clair : une forte volonté de développement, un travail acharné, une soif d’innovation et constante et une exigence de qualité inédite. 

JPB : Nous n’avons cessé de nous remettre en question et avons tenu bon, y compris comme vous l’évoquez face à l’importante crise sanitaire récente qui a vu notre secteur s’effondrer. Il a fallu convaincre nos clients et redoubler de combativité. Au-delà des aspects strictement financiers, le travail des équipes à distance a ajouté un paramètre nouveau non négligeable, un défi managérial, même à notre toute petite échelle. Et je dois dire que notre équipe a répondu présent, et relevé le défi haut la main. Donc un sacré cap oui au vu des dernières secousses, et 7 emplois conservés. 

Quels domaines le secteur d’activités de votre agence englobe-t-il ?

JPB : Le secteur du voyage d’affaires groupe est une niche du tourisme. Il regroupe, entre autres et à titre d’exemple, les séminaires, les « incentives »(littéralement « voyages de récompense »), les congrès, les lancements de produits, les soirées de gala. 

Ces déplacements ou événements répondent donc à des besoins spécifiques, à des objectifs définis de management interne, de motivation d’équipes, d’échange, de partage, de création de liens, de fidélisation de clientèle.

FXDS : Son acronyme anglais et international est MICE pour Meetings, Incentives, Conferences and Exhibitions. C’est un secteur exclusivement BtoB qui s’entend hors déplacements individuels professionnels, et exclus de fait les Comités d’Entreprise. C’est un secteur élitaire et exigeant, à la croisée de la communication, de l’événementiel et bien entendu du voyage. Le travail de notre agence consiste à organiser ces déplacements groupes dans les moindres détails, des transports jusqu’en Corse jusqu’à la couleur des nappes des soirées. Nos équipes doivent gérer les centaines de paramètres imaginables pour des groupes de 30 à 700 personnes, en prenant en compte les variables que sont le climat ou les retards.

Les moyens de transports et infrastructures corses sont-ils adaptés pour accueillir de tels événements et un tel public ?

FXDS : La Corse est une destination affaires pertinente, qui offre un équilibre recherché entre infrastructures adaptées, environnement exceptionnel préservé, et une culture et histoire uniques. C’est une destination dépaysante du fait de sa nature îlienne et sa géographie, à moins de 2 heures de vol de nombre de capitales des marchés émetteurs, qui offre toutes les garanties de sécurité d’une île européenne. Elle demeure parmi les plus belles destinations au monde, c’est son atout premier.

JPB : En ce qui concerne les hébergements, des clubs vacances privatisables aux 5 étoiles, la palette est vaste et permet de répondre le plus souvent aux besoins, et à l’exigence de nos clients. Elle ne possède certes pas de méga structures hôtelières comme on pourrait en trouver en Sardaigne proche. Mais elle n’aurait de toute façon aucune vocation, ni intérêt, à se positionner comme une destination usine à MICE. Sa faiblesse fait son atout, car tout son intérêt réside dans son offre authentique, humaine et plus que jamais durable.

FXDS : Pour ce qui est des transports, l’offre ne cesse de s’étoffer et s’améliorer. Nous travaillons particulièrement bien et entretenons de bonnes relations commerciales avec Air Corsica. D’autres opérateurs viennent compléter et offrir des solutions nouvelles appréciées. Nous n’hésitons pas à affréter quand les paramètres du groupe l’exigent et le client y trouve son intérêt.

Quel regard portez-vous sur l’évolution du secteur MICE dans l’île ?

FXDS : Le transport aérien et la capacité d’hébergement sont les deux fondamentaux de notre métier. À ce titre, je qualifierai l’évolution de positive. Depuis 2008, la capacité d’accueil et le nombre de lits ont augmenté, des hôtels avec de belles capacités ont été rénovés, une partie non négligeable des prestataires ont adapté leurs offres au MICE, là où parfois il était ardu de faire comprendre la typologie et les exigences de cette clientèle à des prestataires, à juste titre, dimensionnés et exclusivement tournés vers une clientèle individuelle estivale. 

JPB : Point positif également, mais nous pêchons peut-être par excès d’optimisme, l’accès, la tarification et la fréquence des liaisons aériennes nous paraissent plus adaptées. Bien sûr, de notre point de vue, nous serions ravis de voir quelques points évoluer, comme une ouverture plus tardive des établissements, mais nos seuls flux – et je parle de l’ensemble des acteurs – ne suffiraient peut-être pas à leur garantir une rentabilité suffisante. Éternel débat dont tous les points de vue s’entendent tous. 

Corse Incentive fait partie des 5 entreprises opérant dans ce domaine à l’échelle régionale, quelles sont aujourd’hui les spécificités du marché corse ?

JPB : Le secteur du MICE est particulièrement concurrentiel et la mise en concurrence entre destinations relève plus de la règle que de l’exception. Pour chaque demande d’un client, nous devons nous démarquer et gagner face à des destinations comme l’Espagne, l’Italie, ou le sud de la France. Il faut rajouter à cela une seconde mise en compétition de plusieurs agences au sein même de chaque destination. Et on parle ici de process internes et incontournables de nos clients, qui sont souvent des sociétés internationales au fonctionnement strict, doté d’un service et d’une politique achat rodés. 

FXDS : Par ailleurs, étant donné la nature même de nos agences réceptives, c’est-à-dire des agences mono-destination, la fidélisation est quasi impossible. Ainsi l’offre des agences réceptives corses est cohérente et vitale. Nous formons une petite famille au sein de laquelle, je pense, la volonté partenariale, voire de recherche d’axes de coopération, prend volontiers le pas sur une stricte compétition. C’est un secteur par nature difficile, aux marges réduites et à la compétition féroce. Se serrer les coudes en local ne peut qu’être bénéfique à tous. 

Un marché de niche, non sans difficultés ?

FXDS : Par définition, oui. Plus votre marché est étroit, moins vous possédez de marge de manœuvre. Là où on pourrait imaginer des possibilités de pivot, de redéploiement, sans parler de conquêtes de nouveaux marchés, chez nous les possibilités sont minces. Nous l’avons tous vu avec la crise sanitaire. Le tourisme général a repris bien avant notre secteur, où en l’occurrence la responsabilité des dirigeants pouvait être engagée quant à leurs décisions de déplacement en groupe. Alors que le BtoC travaillait à la reprise, nous ne pouvions que patienter.

Auprès de quels pays et quel type d’entreprises la Corse est-elle la plus attractive en matière de voyages d’affaires ? 

JPB : Notre premier marché émetteur reste la France et plus particulièrement Paris et l’Île-de-France. C’est là que se concentrent les sièges des plus grandes sociétés nationales et internationales qui sont nos clients potentiels. L’offre de transport aérien – notre secteur utilise très peu le maritime pour des raisons évidentes – y est la plus riche. Au-delà, les marchés allemands, belges et plus généralement du nord de l’Europe sont également présents. Il suffit parfois d’une ouverture de ligne aérienne, au minimum bihebdomadaire, pour offrir de réelles possibilités sur le secteur. 

L’aspect environnemental est-il un enjeu de ce secteur ? 

FXDS : Les notions de voyage durable de destination verte sont des enjeux majeurs du secteur MICE pour les années à venir. En plus d’une conscience de la responsabilité sociétale de nos sociétés. Ce qui semblait accessoire il y a 10 ans intègre maintenant les politiques d’achat de nos plus grands clients. Et notre agence a toujours été et est précurseur sur ces enjeux en adoptant cette année même une politique RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale) particulièrement forte. 

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