« L’aiuti à l’ettari, ùn anu nisun sensu »
Una vita tracciata… Quella di pastore…
« Sì nasce pastore, ùn s’ampara micca… » hè cusì chì Jean-François Sammarcelli, picuraghju in a Valle di l’Ostriconi in San Lurenzu in Lama, prisenta u so mistieru. À 63 anni oghje, hà sempre campatu di u pasturalisimu.
Hà un GAEC, un gruppamentu di spluttazione famigliale cù mugliere è fratellu e tache sò spartute cum’ellu si deve, u so fratellu s’occupa di e pecure è a so mugliere face u casgiu è s’accupa di a vendita, Jean-Francois di u brocciu è di sicura aiuta u fratellu.
Par Vannina Angelini-Buresi

Tarra di pastore, un rughjone duve oghje ùn ci n’hè guasgi più
Quand’ellu pesa u capu ver di u celu, Jean-François sà chì a maiò parte di u tempu acqua, ùn ne falarà, « Hè cusì, u me babbu dicia chì u disertu era quì! Ùn piuvia guasgi micca aghjà à l’epica ».
À u locu dettu San Lurenzu, chì ci era quì a prima ghjesgia di San Lurenzu, nantu à a cumuna di Lama, hè quì chì u pastore tene a so banda dapoi più di quarant’anni, oghje hè u solu nantu à a cumuna l’altri sò in Petralba. di sicura sò pecure corse, ch’ellu ùn’ammuntagneghja più.
A muntagnera ùn sì face più, una scelta
Depuis plusieurs années, les bergers de l’Ostriconi ont choisi d’abandonner la transhumance. La montagne n’est plus perçue comme un espace sûr ni comme un territoire vivant comme autrefois. Jean-François a donc décidé de s’adapter à son époque, et cette nouvelle organisation s’avère avantageuse pour son activité : il travaille désormais en décalé. Les mises bas commencent très tôt dans la saison, dès le début du mois de septembre. Ainsi, à Noël, il n’y a déjà plus d’agneaux à proposer. Il peut offrir son brocciu dès le mois d’octobre et commercialisera rapidement ses premiers fromages affinés. La fromagerie L’Ostriconi est également réputée pour ses fromages frais, une spécialité cismuntinca que nous autres pumuntinchi recherchons et jalousons toujours. Prêt bien avant le cœur de la saison, ce fromage frais se déguste en « frittelle » ou, comme c’est la tradition locale, simplement frit avec des œufs. Si Jean-François se consacre principalement à la transformation du brocciu, son épouse, Anne Angeli, est responsable de la fabrication du fromage. Elle assure également la vente de la production et toute la comptabilité.
Dans la vallée de l’Ostriconi, le brocciu se fait un jour sur deux
Pour diverses raisons – économiques, réduction de la main-d’œuvre familiale, gestion du temps, mais aussi pour faire face aux imprévus et aux nombreuses difficultés du métier – notre berger a choisi de vendre une partie de sa production de lait aux laiteries industrielles locales. Ce choix lui assure une véritable sécurité. Le lait est contrôlé et pasteurisé par la laiterie, ce qui permet d’éviter les pertes en cas de contamination, de maladies virales dans le troupeau ou encore de problèmes de santé chez les producteurs. Dans la famille Sammarcelli, lorsque les deux frères se sont installés il y a plus de quarante ans, plus personne ne transformait le lait. C’était une période où la société Roquefort était encore implantée dans la région. Le père de Jean-François travaillait pour elle ; il ne transformait pas le lait et vendait la totalité de sa production. Le pastoralisme avait alors traversé des moments particulièrement difficiles : les bergers vivaient une situation très précaire, les familles étaient moins nombreuses, la fabrication devenait compliquée et la vente locale de plus en plus limitée. Il faut replacer cette époque dans son contexte : les Corses étaient appauvris et possédaient très peu. En offrant une sécurité et un revenu stable, Roquefort a permis à certains éleveurs de s’installer durablement, d’acquérir des terres et de se moderniser.
A morte di a sucetà pasturale, in cerca sempre di rinvivvì
Si la société Roquefort a, un temps, contribué à maintenir le pastoralisme en Corse, elle a aussi, paradoxalement, mis fin à une organisation sociale, à une manière de vivre et de travailler. Elle a apporté une véritable solution économique, bien plus qu’une simple sécurité : un moyen de s’en sortir, de se développer, de s’agrandir, et même de soutenir des familles entières. La société insulaire a alors commencé à changer ; les mentalités ont évolué, les choix de vie également, jusqu’à ce que le Riacquistu ravive l’héritage culturel, ressuscite des traditions et redonne vie à des savoir-faire ancestraux. Il y a près de cinquante ans, de nombreux Corses se sont ainsi reconvertis ou ont choisi de suivre les traces de leurs anciens en retournant à la terre. Aujourd’hui, comme les Sammarcelli, beaucoup vendent une partie – voire la totalité – de leur production à des fromageries nustrale, un choix qui leur offre désormais un certain confort de vie. Si Roquefort, en son temps, a aidé certains agriculteurs à opter pour des moyens technologiques plus adaptés, les aides locales et européennes permettent aujourd’hui aux jeunes et moins jeunes agriculteurs de s’installer convenablement, de s’équiper et de faire face aux risques sanitaires et naturels. Je souhaite également souligner le rôle déterminant joué par le Crédit Mutuel dans l’accompagnement de mon activité. L’accueil et l’expertise des professionnels qui m’ont reçu ont permis d’identifier avec précision mes besoins et d’y apporter des réponses adaptées. Cet accompagnement a constitué un appui essentiel, favorisant l’anticipation de mes investissements et le renforcement de la compétitivité de mon exploitation.
Le Crédit Mutuel s’affirme ainsi comme un acteur incontournable du secteur agricole en Corse, engagé aux côtés des professionnels pour soutenir et structurer le développement de la filière.
Par ailleurs, ma démarche s’inscrit dans une dynamique de vente directe, afin de renforcer la relation avec notre clientèle et de valoriser le savoir-faire issu de l’héritage transmis par nos anciens. Le développement de ce modèle est une priorité, notamment grâce au réseau BAF ( Bienvenue à la Ferme), qui joue un rôle essentiel dans la mise en relation, la promotion et la structuration des circuits courts.

Tuttu ùn si po più fà sopratuttu quand’omu hè solu o guagi… L’Aiuti micca sempre in lu bon sensu
À Jean-François Sammarcelli l’aiuta di dà u so « di più » cum’ellu dice à i lattaghji, chì un omu solu, ùn po micca fà tuttu, di truvassi ancu nantu à a Stadra di i Sensi ghjè un più dinò par ellu è par a ricuniscenza di a so spluttazione. I sfarenti aiuti cum’è quelli di l’ODARC l’anu aiutatu a fà cum’ellu a chjama a so « casgiaghja » in petra, u so casgile, da trasfurmà, tene è invechjà u so fruttu è à esse megliu ecchippatu. Oghje, hà a so mugnitrice, dice chì ùn si ne pudaria micca passà. Sì tuttu à l’épica d’oghje, hè messu in piazza da facilità u so travagliu, è ch’elle ci sò certe tecniche avà, cum’è u centru di e pecure d’Aleria chì alleva una parte di l’agnelle ch’ellu hà sceltu d’allivà, à a so piazza, è ch’ellu ricupereghje solu, quand’elle sò pronte à figlià. Par a stallazione ci sò i mezi, par investisce dinò, ma l’aiuti chì venenu da a pulitica agricula cumuna par l’agricultori ùn sò micca tutti riflesi cù logica è cuerenza, l’aiuti à l’éttare par un dettu, elli fermanu un spripositu, u più maiò manghja è quill’altri ùn manghjanu micca. In Corsica ci vole à sparghje l’inviloppu altrimente, ci vole à sparghje l’aiuti casu par casu par l’allevu. Ci volenu l’aiuti par pruduce megliu.
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