Projet Gongar 2017

Projet Gongar 2017

Gongar 2017

Emmenés par l’association Samsara, porteurs d’espoir et le CFA de la Corse-du-Sud, douze volontaires venus d’horizons très différents mais tous hyper motivés ont relevé le défi de construire, en trois semaines, un dispensaire au Népal. Ou quand un projet humanitaire et éducatif devient l’aventure d’une vie.

Par Caroline Ettori

Ils s’appellent Yohann, Franck, Laurent, Annie, Anaïs, Luis, Christine, Guillaume, Maxime, Anthony, Rachid ou Jean-Toussaint et ils ont déplacé des montagnes. Enfin presque. Disons qu’ils ont plutôt creusé une montagne afin de bâtir un dispensaire d’un peu plus de 40 m² dans le village de Gongar au Népal, sur une ligne de crête flirtant avec les 1 800 mètres d’altitude.

Il aura fallu pas moins de deux ans de préparation pour mener à bien ce projet un peu fou conduit par le CFA de Corse-du-Sud et l’association Samsara. Franck Candelier, le président de l’association, revient sur la genèse de l’aventure : « J’étais en relation avec Yohann Robin, Laurent Santoni et Jean-Luc Juventin du Centre de Formation et nous réfléchissions à une action commune qui permettrait aux jeunes apprentis de s’impliquer ailleurs et de sortir un peu de leur quotidien insulaire. » Habitué et amoureux du Népal, Franck Candelier en connaît aussi les besoins. Très vite, l’idée d’un dispensaire s’impose. « En tant qu’accompagnateur en montagne, j’y emmène des groupes depuis près de 20 ans. Cela m’a permis de lier des amitiés avec les habitants. Après le tremblement de terre de 2015, j’ai voulu créer une association pour les aider un peu plus et officiellement. Concrètement, notre action a ainsi permis de reconstruire une quarantaine de maisons et de reloger deux cents personnes. »

La nature du projet est désormais arrêtée. Reste maintenant à trouver les hommes et les ressources ! Yohann Robin, professeur de maçonnerie et chef d’orchestre de Gongar 2017, n’a rien oublié des préparatifs : « Notre budget de départ était de 0 €. Nous avons dû trouver des partenaires, certains comme Ajaccio Béton ou BigMat nous ont soutenus tout de suite ; organiser pas mal d’événements : soirée-concert, tombola, stage de rugby. Enfin, les dons personnels nous ont permis d’atteindre la somme de 30 000 euros. » Un véritable périple dans l’aventure mené avec une classe de jeunes apprentis prêts à s’impliquer. « Quand j’ai vu cette nouvelle promotion arrivée, je me suis dit que c’était la bonne. En parlant du projet, j’ai volontairement noirci le tableau pour ne pas créer d’attentes trop fortes par rapport aux conditions de vie et de confort sur place et ne garder que les plus motivés. » Au final, six élèves âgés de 16 à 23 ans feront le déplacement. Parmi eux, Guillaume Careddu de Porto-Vecchio, le benjamin du groupe. « J’ai voulu me lancer pour aider des personnes dans le besoin et parce que c’est une expérience unique. La première semaine a été la plus compliquée parce qu’il a fallu s’adapter mais on ne s’est jamais plaint ! D’ailleurs, nous n’avons manqué de rien. Les villageois nous ont tout mis à disposition. Ils ont été super sympas, toujours souriants, chaleureux et bienveillants. » À croire que le partage de tente, l’absence d’électricité et les douches sommaires forment la jeunesse !

La vie de chantier

De la même manière, les apprentis ont dû se caler aux horaires de travail plus en phase avec les éléments : « Les journées de travail sont longues car elles suivent le soleil. Du coup, on travaillait 10 heures par jour contre 7 ici. En trois semaines, nous avons pu réaliser tout le gros œuvre, les Népalais se sont chargés des finitions. » Un rythme plus que soutenu entrecoupé par trois journées de repos et une balade exceptionnelle avec les jeunes du village. L’occasion d’un pique-nique avec vue à 3 000 mètres au-dessus du lieu de vie qui comprenait le campement, un monastère doté d’une prise électrique, un espace de convivialité pour les repas et le chantier.

Mais au-delà de l’objectif premier, quels enseignements Guillaume a-t-il retenu de ce voyage au bout du monde ? « J’ai appris que nous nous plaignons beaucoup ici et pour un rien. Les Népalais n’ont pas grand-chose et font en sorte de tout partager avec les autres. Ils sont simplement heureux et c’est contagieux ! C’est une chose qu’on garde à l’esprit même une fois rentré d’autant plus qu’on a gardé le contact avec eux. Certains ont des téléphones, on s’envoie des messages de temps en temps », souligne le jeune homme qui n’hésiterait pas à repartir si l’opportunité se présentait.

Pour le professeur Yohann Robin, le voyage a été un accélérateur pour le groupe : « Dans le processus d’apprentissage d’un métier, il n’y a pas que le côté professionnel, il y a aussi le côté social, humain. C’est un échange, un enrichissement culturel. Ce qu’on a fait en un mois équivaut à deux ans de travail en atelier. » Malgré tout, l’enseignant fait part aujourd’hui de ses craintes d’alors. « On ne savait pas comment ils allaient réagir mais tous ont joué le jeu. Ils sont partis l’esprit ouvert, sans jamais faire de comparaison pour vivre l’expérience à fond. » Une expérience qui a commencé par un périple entre Paris et Katmandou via Bombay pour se finir par un trajet de 10 heures en bus entre la capitale népalaise et Gongar. « La piste est très raide et escarpée pour arriver au village. On a dû descendre du bus après une crevaison pour qu’il puisse prendre son élan et gravir les derniers kilomètres ! Cela aurait pu signer la fin du voyage dès le premier jour. Pourtant l’esprit d’équipe s’est rapidement installé. »

Dispensaire indispensable 

Essentiel quand le défi consiste à donner un accès aux soins à un bassin de population de 2 000 personnes réparties dans plusieurs villages de la vallée. « Les conditions d’hygiène ne sont pas bonnes dues entre autres au tremblement de terre. Par conséquent, les petits bobos ne guérissent jamais et s’aggravent. Avec ce dispensaire, tout le matériel sera déjà sur place. Le médecin n’aura plus qu’à venir. Il y restera deux à trois jours par mois. Jusqu’à présent, les personnes qui avaient besoin de consulter un médecin devaient prévoir un déplacement d’au moins 10 heures, rester une nuit sur place et repartir le lendemain. C’est extrêmement coûteux et compliqué », commente Franck Candelier. En attendant leur bon docteur, les habitants ont pu apprécier le confort d’une équipe médicale à domicile. L’infirmière Annie Bataillon et la dentiste Christine Poli faisaient également partie de la délégation. Pour rassurer d’une part les parents des jeunes apprentis et participer au projet. Activement. Avec 120 consultations dispensées et 60 dents arrachées. Les habitants, frileux au départ, ont vite compris que les deux professionnelles de santé pouvaient soulager leur douleur. « Et ils sont durs à la douleur », reprend Franck Candelier. « Nous avions besoin d’eux », ajoute Yohann Robin. « Nous n’aurions jamais pu finir tout seuls. La construction a été commune avec les villageois. On ne voulait pas arriver avec nos méthodes, notre technique et dire : voilà, c’est comme ça et on s’en va. On a travaillé sur le pourquoi de l’effondrement, et nous nous sommes adaptés. On a utilisé des sacs remplis de terre qui font office de parpaings, fixés avec du fil barbelé. En cas de tremblement de terre, les sacs suivront les mouvements du terrain et résisteront mieux aux secousses. L’avantage est que le matériel est disponible sur place et la construction peu onéreuse. C’est une méthode qui commence à être utilisée dans tout le Népal. »

Alors que le blues du retour se fait entendre dans la voix des bénévoles, un témoin privilégié a mis en image les moments forts de cette aventure inédite. Le réalisateur Laurent Santoni a en effet passé un mois en immersion avec les équipes du CFA de Corse-du-Sud et de l’association Samsara. Et usait parfois de sa caméra pour remotiver les troupes en leur faisant constater les progrès réalisés. Une expérience bouleversante pour le documentariste à retrouver prochainement sur France 3 Corse ViaStella. Une confirmation pour Franck Candelier qui pense déjà à son prochain départ : « Les gens, les paysages, la vie, le sourire, l’accueil… C’est un pays fascinant, magnétique. » Un pays qui sait comment faire se dépasser les hommes, comment faire de son mieux pour ne rien regretter.

LES ENFANTS DE NIMA 

L’association Samsara, porteurs d’espoir, soutient également l’action de la Sunrise Nima Child Care Foundation qui prend en charge la scolarité, les soins, l’hébergement et l’accompagnement d’enfants de la vallée du Rolwaling, où a été bâti le dispensaire, à Katmandou. Une fondation créée par Nima Sherpini. À 13 ans, Nima est porteuse pour des treks, elle n’a jamais été à l’école, ne sait ni lire, ni écrire. Cela ne l’empêchera pas d’être l’une des quatre premières femmes chef d’entreprise du Népal, elle dirige une agence de voyage spécialisée dans le trekking, et de parler sept langues. Franck Candelier l’a rencontrée à l’occasion d’un de ses voyages au Népal et a été conquis par cette femme courageuse qui aide les enfants de sa région. Aujourd’hui, la fondation est victime du succès de ces jeunes protégés qui réussissent particulièrement bien à l’école. Deux sont en école d’ingénieur, d’autres poursuivent leurs études à l’étranger. Bien sûr, la question du financement reste centrale. « Le but de l’association Samsara est aussi de lui donner un coup de main pour permettre aux enfants d’aller plus loin. C’est pourquoi nos actions en 2018 seront essentiellement tournées vers la fondation. »

Sunrise Nima Child Care Foundation snccf.blogspot.fr/

www.samsara-porteursdespoir.com/

gongar2017.blogspot.fr/

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