Faire entrer le calme à l’école

Stressé, fatigué, déconcentré, anxieux, agressif voire violent… à l’école ou la maison, dur dur d’être un enfant d’aujourd’hui. Comment lui apporter calme et sérénité ? Regards d’une relaxologue et d’une sophrologue.

Propos recueillis par Nathalie Prévost

Un enfant stressé que je reçois en séance décrit très bien ses symptômes: « je suis énervé », « j’ai du mal à m’endormir », « je n’arrive pas à me concentrer pour travailler », « je me dispute avec tout le monde, je crie… j’en ai marre ». Comment cet enfant pourra être réceptif aux apprentissages et apte aux relations humaines ?
C’est tout l’enjeu. S’il n’est pas bien dans son corps, s’il ne sait pas gérer son stress et ses émotions, un élève ne peut pas apprendre. Au collège, je vois tous les jours des ados aller à certains cours avec la boule au ventre. On n’apprend rien dans la peur et la souffrance !

En fait, le stress et les émotions bloquent l’accès au raisonnement cognitif. Pour être concentré et avoir accès à son cerveau pensant, il ne faut pas être submergé par le cerveau émotionnel. En première intention, je propose de respirer en conscience pour s’apaiser, se recentrer, de se reconnecter aux ressentis…
En sophrologie, on utilise aussi la respiration pour se mettre à l’écoute de soi. Souvent, l’enfant entend, mais n’écoute pas ! Cette reconnection lui donne du recul, l’aide à se découvrir, à réfléchir différemment. Trouver les raisons de sa violence par exemple. Relâcher cette émotion qui l’handicape. Ou encore relativiser quand une mauvaise note tombe, pour ne pas sombrer dans l’auto-jugement négatif et la spirale de la peur…

On est à l’encontre de l’idée que prendre son temps signifie être inactif ou paresseux ? Honnêtement, qu’est-ce qui est le plus chronophage? Se mettre en colère, crier pour obtenir le silence dans sa classe ou se poser 5 minutes pour respirer et se recentrer sur les objectifs d’apprentissage?

Et le bénéfice en concentration et mémorisation est immédiat, je suppose?

Oui. La sophrologie apporte de l’ordre dans le discours, pose la réflexion. L’enfant devient conscient, acteur des choses dans lesquelles il est engagé. Il atteint d’autant plus facile- ment son objectif.

J’ai lu que la méditation remplaçait avantageusement les heures de colle dans certains établissements. Le yoga et la relaxation ont déjà fait leur entrée dans l’école en Corse.
À quand la sophrologie?
Bonne question. Les établissements qui la pratiquent déjà savent qu’elle instaure un climat d’équité et de complicité entre enseignant et élève, un nouveau rapport entre deux humains qui s’enrichissent… Sur le plan collectif, ces pratiques favorisent le respect de soi et des autres et réduisent la violence.

On pourrait l’intégrer aux programmes scolaires ?

Pourquoi pas ? En sophrologie, on dit que tout est possible autrement. Après tout, cette conscience du souffle fait partie de notre hygiène de vie, comme se brosser les dents. Alors, osons !

Marie-ange Risticoni, sophrologue caycédienne (master en socio-prophylaxie),professeur de lettres et documentaliste, anime des ateliers philo, des séances individuelles ou de sophro-contes.

 

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