Edito – janv 2017

Dessine-moi une bonne année

Par Jean Poletti

Une année bonne et l’autre non chantait Ferrat. La Corse a  l’aube  de chaque changement de calendrier conjugue craintes et espoirs. Comme si  le temps écoulé s’arrêtait net   pour laisser place à  une nouvelle ère.   Inconnue,  venue du néant et  aux perspectives insondables.

Notre ile rêve depuis des lustres à un destin plus favorable.  Ployant  sous les assauts de la précarité.  Malmenée par une économie exsangue. Soumise  au doute du lendemain. Voilà  les trois réalités  qui jettent  une vaste ombre au tableau  de ceux qui contre vents et marées tentent encore de faire croire  à une vie en rose.

Inévitablement, l’inconscient collectif  s’accroche à l’idée d’un futur meilleur. Sentiment diffus et irrationnel ? Sans doute. Dans une sorte de méthode  Coué,  les gens veulent  malgré tout croire  que le pire ne sera jamais sûr.  Des raisons d’espérer existent.  Il suffit de les mettre en synergie et d’en finir enfin avec ces  forces d’inertie et autres  combats d’arrière-garde qui clouent depuis trop longtemps un peuple au pilori.

Concrétiser les multiples potentialités.  Dire que l’une des régions les plus belles du monde  n’a pas vocation  au calvaire.   En finir avec le défaitisme ou  confondre allègrement le possible du souhaitable. Voilà sans doute  un panel de considérations dictées par l’élémentaire bon sens. Et valant  promesse de succès collectif.

A contrario, persévérer dans les chimères, outrances et  nombrilisme  équivaudra,   demain, comme naguère a  illustrer le fameux  slogan : sous le soleil, la misère.

Durant trop longtemps les bateleurs d’estrade et autres spécialistes autoproclamés   firent croire,  sinon que tout allait bien, du moins que le bout du tunnel était perceptible. Adeptes des formules creuses ou comme l’on dit actuellement d’éléments de langage, ces  diseurs de bonne aventure se paraient des atours de  sauveurs et de guides.  Le peuple n’entend plus ces propos lénifiants.  Dans sa grande sagesse il  a désormais pris l’habitude de chasser par les urnes  ceux  qui trompent, déçoivent  ou confondent mandats électifs et rentes.   La dernière territoriale en fut un exemple probant. Dans le droit fil des  municipales,  ou des idoles  chutèrent de leur piédestal.

Les attentes  sont fortes.  L’exigence affichée. Les habitants n’ont cure  de grands discours ou promesses de Gascons.  Persuadés  que leur région n’a pas vocation à demeurer lanterne rouge  ils ne veulent plus tirer le diable par la queue. Tout simplement.

La Corse, est à la croisée des chemins. Cette formule,  aussi galvaudée soit-elle, doit actuellement être  impérativement employée en regard  du marasme ambiant. Le sursaut ?  Il est promis depuis  longtemps. Mais  demeure au stade de vœu pieu.  Jusqu’à quand ?  La nouvelle équipe au pouvoir  s’évertue  à faire bouger les lignes et les choses. Mais la tâche est ardue. L’héritage s’avère lourd et les obstacles nombreux.

Du retard qualifié d’historique, à  l’épilogue souhaité,  le parcours  ne s’apparentera pas à un long fleuve tranquille.  D’autant que  la plausible alternance Elyséenne permet  en incidence  aux  actuels opposants insulaires  de fourbir leurs armes.

Tout est lié. Les problématiques factuelles se fondent dans un malaise  général  qui brise le lien social et  renvoie aux calendes grecques le concept du vivre-ensemble, il est vrai mis à toutes les sauces.

La Corse a-t-elle  droit au bonheur ? Voilà finalement la seule interrogation qui vaille  d’être posée en cette année naissante. Et si cette fois il ne s’agissait pas d’une chimère, nul doute que le traditionnel Pace e salute  aurait l’accent  du renouveau.

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