#BalanceTaJoie

Humeur

Par Nathalie Coulon

En me baladant sur les bords du canal Herengracht, le long des façades en briques du XVIIe siècle, à Amsterdam, je me faisais cette réflexion-là et si on balançait un peu notre joie…
J’en avais assez de l’hystérie collective en porte-drapeau, de la misère du monde et du harcèlement psychologique, sexuel et physique. Assez des porcs, des nuls et des fachos. De l’individualisme primaire qui veut qu’on balance son fainéant, son pauvre et son « crève la dalle ». Comme s’il n’existait que des victimes et pas de bourreaux. Comme si l’empathie était devenue honteuse.
Marre que l’on balance sa «Une» rock and roll comme si c’était chose normale. Et là, je veux faire référence aux Inrocks qui balancent Cantat et son joli minois buriné et sa renaissance tel le phœnix. Et merde! La rédemption, vas-y, que chacun y va de sa belle plume pour expliquer, verbaliser l’innommable sous prétexte que la peine de mort est abolie au pays des Lumières. La lumière pour dénoncer les femmes battues et la mort en conclusion, ce sera ELLE qui fera la première de couverture avec Marie Trintignant, terriblement belle et vivante. Je vous salue Marie et je vous pleure.
La parenthèse sur Cantat n’est qu’un prétexte pour rebooster sa carrière et vendre leur mag, moi, je refuse de rentrer dans le système. Le sordide, l’intoxique et la complaisance avec la cause des femmes est bien plus importante à mes yeux à combattre.
On aura débuté l’automne avec la télé et le reflet de son écran comme un miroir de la société actuelle : un cercle de bien-pensants vils et méchants (ONPC) et l’invitée dans la fosse aux lions qui péniblement se débat pour prendre la parole. Ce soir-là, c’est l’écrivaine androgyne Christine Angot que l’abject excite et qui dégobille : Sandrine Rousseau lui fait face pour dénoncer le harcèlement sexuel dont elle a été victime et qu’elle dénonce dans son livre comme une thérapie. Angot se déchaîne, elle, la bête blessée, meurtrie par son histoire, lourde comme une croix de pénitent, qui la dépasse pour mieux l’enfoncer.
Je ne suis pas psy pour tout disséquer, juste se dire que l’on peut digérer un samedi soir en paix, à l’absinthe ou à la verveine, juste digérer en paix. Je suis atterrée par la violence. On banalise la folie douce au quotidien et plus personne ne se soigne.
Dans l’Amérique conformiste et pudibonde, c’est le tour de Harvey Weinstein, producteur de cinéma, les victimes sont unanimes pour dénoncer sa perversité, son pouvoir lubrique et le regard torve qu’il posait sur les futures stars hollywoodiennes ou plus encore. Le monde est porno mais le tabou
remonte à la surface. Les femmes de tous horizons brisent la loi du silence et c’est la naissance du hashtag #BalanceTonPorc. Bienfaiteur pour certaines, délateur pour les autres, l’effet boomerang voudrait aussi que tout et n’importe quoi se balance sur la toile ! On balance son dirlo, son chef, son voisin. Tout se balance et sans balance. J’ai envie de beau, de son et de belles balances qui vibrent. Je poursuis ma douce balade, rassurée à l’idée que je veux #BalancerMaJoie, je veux vivre libre
dans mon corps et dans ma tête. Il faut éduquer pour combattre. Il faut perpétuer l’éducation de mères en filles, de sœurs en copine et de femmes à femmes. Vivre libres, c’est vivre heureux. Être libres, c’est être égaux. Abattre l’ego, faire tomber les rois et vivre égaux. Balancer votre joie et le monde tournera plus rond…

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