NUDU IN CRISTU

Billet d’humeur

Par Nathalie Coulon

PDC57 Humeur

Ce matin-là, dans la salle de rédac, on me soufflait dans l’oreillette : « Nat, il fait chaud, ponds-nous un billet sulfureux, c’est l’été, un truc style : Fais-moi mal, Johnny !!! » J’en rougissais déjà rien qu’à l’idée de dévoiler la face cachée de la lune par ces nuits de canicule.
« Mais si j’dis ça, je casse mon image, chante Souchon dans J’veux du cuir, pas du peep show, du vécu. J’veux des gros seins et des gros culs.» Aaaah!
De retour chez moi, dans la pénombre en tailleur devant les étagères de ma bibliothèque, je me remets à feuilleter la délicieuse Anaïs Nin et sa Vénus Erotica. Un autre bouquin, une anthologie de la poésie érotique, un recueil de cinq siècles, la rencontre de deux émois majeurs. Dans son érotisme Georges Bataille affirme lumineusement: Que la poésie mène au même point que chaque forme de l’erotisme… Elle nous mène à l’éternité.
La nudité prend alors une toute autre dimension, je souris, je repense à une prof de fac terrible, en séquence de cinéma italien, elle, tellement vivante et ses cours sur Fellini, Visconti, tout est érotisé, les courbes, les actrices pulpeuses et le sex- appeal des acteurs aussi violent qu’un cri dans la nuit : «Antonio fa caldo ! » Marcello Mastroianni, l’audacieuse Dolce Vita. Le move « Latin Lover » est en marche. Tout est grandiose, la dimension est splendide en rien pornographique : Culo e cinema. E la vità e bella. L’été, c’est sauvage, on fond sous les températures avoisinant les 40°, le corps bout, l’âme surchauffe, les rondeurs à la Botticelli se donnent en spectacle sur les plages et les corps sveltes et affûtés sont torrides et oui, c’est l’été. L’ambiance est cuisante… Adam et Ève n’ont plus qu’à se rhabiller ! La nudité remonte à la nuit des temps, l’homme est un animal et je vous livre son histoire : La nuditas naturalis du «sauvage» est un révélateur des représentations collectives des Européens face à la nudité. Lorsque des voyageurs issus de sociétés très vêtues entrent en contact à partir de la fin du XVe siècle avec des sociétés peu vêtues, ils interprètent en termes d’absence de culture et d’organisation sociale la nudité de ceux qu’ils appellent des «sauvages». La nudité peut opposer le civilisé à celui qui ne le serait pas, resté « en l’état de nature ». Chez nous, la nature est paradisiaque et la nudité est tout sauf sauvage, la nudité a une dimension de grandeur, entre pudeur et religion. Ici en Terre sacrée, nous serons alors Nudi in Cristu, nu comme le Christ, qui d’ailleurs ne l’était pas intégralement. Ici aussi, la nudité c’est viscéralement l’intimité, ici les plus audacieux qui oseront le Nudu in Cristu en public se verront pointer du doigt, mis à l’écart et aux temps bénis des plus réactionnaires, les Nudi in Cristu se faisaient badigeonner les fesses en bleu !!! La nudité insulaire est confinée dans un boudoir. Cette primeur, cette exclusivité divine de ne jamais vraiment se dévoiler, le désir de ne pas se laisser complètement aller, caractérisent notre hérédité méditerranéenne. Nous cultivons la nudité auréolée, le tabou subtil, le clos intime. Notre AOC suprême : Nudu in Cristu – Amore e fantasia… Comme un film de Comencini, je vous souhaite un bel été enivré de bonheur et de légèreté.

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